Bonjour à tous,
Nous voici en Bretagne en ce début novembre 2018. La ville de St Malo pavoise à la gloire du départ de la célèbre "Route du Rhum".
A quelques kilomètres de là, la méteo est tout aussi radieuse mais l'ambiance est moins survoltée : nous voici à l'aéroport de Dinard Pleurtuit.
Comme cela a déjà été vu lors des FRs précédents consacrés à cet aéroport, c'est un joli bâtiment, pas de la 1re jeunesse mais qui a eu ses heures de gloire au siècle dernier. L'architecture est très semblable à celle de l'aérogare de Cherbourg.
Je me dirige vers l'enregistrement à 55mn du départ de mon vol…
… à destination de Guernesey, en français dans le texte, c'est à dire avec un E après le N.
AURIGNY assure la ligne depuis plusieurs décennies, du temps où son réseau était exploité exclusivement avec les mythiques Trislander, ce qui faisait qu'elle se limitait aux vols inter-îles anglo-normandes, et à Southampton, Dinard et Cherbourg au delà. Désormais, la ligne DNR-GCI est en correspondance avec le réseau britannique d'AURIGNY : toujours Southampton mais aussi Londres (LGW+STN) ainsi que Bristol et Manchester. Une belle desserte de l'Angleterre depuis la zone de Dinard/St Malo qui perdure en cette fin d'année 2018 malgré les ferries rapides allant à Jersey.
Quelques instants plus tard, je reçois ma carte d'embarquement. Pour le coup, on est encore là aussi au siècle précédent.
L'aéroport s'est lui aussi mis à l'heure de la Route du Rhum, allant jusqu'à habiller ses comptoirs avec des tissus antillais.
Il y a même une grande vitrine pour célébrer l’événement.
Le "régional de l'étape", c'est Gilles Lamiré.
Dans la même zone, le comptoir info aéroport, lui aussi avec son tissu antillais.
Montons maintenant au 1er étage, en empruntant ce superbe escalier, très "vintage".
Nous entrons dans le bar restaurant de l'aéroport, un endroit comme on aimerait qu'il en existe partout ailleurs.
C'est un genre de pub, un peu bordélique et pas forcément hyper nickel, mais peu importe, l'ambiance semble excellente.
Vous avez remarqué ces sièges d'avions ?
Pas de doute, c'est du soviétique pur jus. Les mêmes que ceux que l'on trouve sur Tu-134, Tu-154 ou Il-62.
D'après la personne qui se trouvait au bar ce jour là, son patron les a récupérés à l'aéroport de Châteauroux. Allez donc savoir dans quel drôle de machine…
Et que dire de ces têtières, vintage elles aussi puisque ne comportant qu'une seule étoile !
Allons à présent faire un tour sur la terrasse.
A gauche, la tour de contrôle, de dimensions imposantes elle aussi, à l'instar de l'aérogare.
Vue imprenable sur le tarmac.
Les hangars du fond sont ceux de Sabena Technics, ex-TAT, avec deux épaves de F100 qui rappellent le temps glorieux du transport aérien régional français.
Un café rapidement avalé et il est déjà temps de redescendre au niveau principal par le bel escalier.
L'accès au PIF et à la PAF se fait par le couloir situé à gauche.
Une fois les formalités accomplies, on se retrouve airside dans cette salle d'embarquement commune à tous les vols.
L'autre compagnie qui dessert DNR en vols réguliers, c'est RYANAIR, à destination de STN et EMA.
Le message à destination du trafic "corporate" est clair !
Il y a un petit bar à l'aspect bien désuet, mais il n'est pas staffé aujourd'hui.
La connexion wifi est excellente.
Le détour par les toilettes, visiblement récemment refaites, va révéler un curieux détail…
En effet, les urinoirs sont situés dans la partie commune H/F, donc à la vue des dames… Chacun jugera.
Notre avion est arrivé à l'heure en provenance de Guernesey.
L'embarquement va débuter à plus de 20 minutes du départ. le vol est complet avec 19 passagers.
Plan rapproché de l'architecture de l'aérogare, avec la zone des arrivées adjacente à la porte d'embarquement.
Un plan plus large en se retournant. Vraiment sympa comme bâtiment. Mon dernier passage ici remontant à Avril 1988 (en Shorts 360 Jersey European), je n'avais pas forcément de souvenirs très précis des lieux 30 ans après…
Un coup d’œil au tarmac particulièrement bien garni en ce jour propice aux vols VIP en raison de la Route du Rhum.
J'arrive près de l'avion où j'entends qu'on appelle mon nom.
Eh oui, l'embarquement se fait dans l'ordre du seating, de l'avant vers l'arrière, afin de favoriser le centrage et d'éviter la cohue.
C'est donc à mon tour d'y aller.
Direction le siège 3A.
Mon sac à dos n'est pas très épais mais il ne tient pas sous le siège, dont on voit qu'il n'a pas de tablette.
Tous les passagers sont installés dans les instants suivants et la porte arrière est refermée par le copi qui va ensuite faire un rapide briefing sécu, en anglais uniquement. Bien entendu, il n'y a pas de PNC.
Mise en route à 14h55;
… et roulage immédiat vers le point d'attente de la piste 17, donc celle orientée plein sud.
Laquelle attente va durer pas moins de… 12 minutes, comme sur un grand aéroport, sans aucune explication de la part des pilotes.
Nous finissons pas être autorisés à nous aligner à 15h07, quasiment l'heure supposée du départ bloc, cette attente étant sans doute due à l'important trafic d'hélicoptères qui gravite autour des bateaux de la Route du Rhum dont le départ a été donné à 14h.
Et voilà, c'est parti pour quelques minutes de vol.
Après un virage à droite et un rapide survol de l'ouest de la région de Dinard St Malo, ces deux villes étant hélas situées de l'autre côté de l'avion, donc pas photographiables pour moi…
… on atteint la côte à hauteur des plages de Pen Guen et de St Cast.
La plupart des embarcations qui sont sorties assister au départ de la course rentrent déjà au port de St Cast.
Plus au large on peut apercevoir les voiliers engagés dans la course qui font route vers Pointe-à-Pitre. Le vainqueur, François Joyon, 62 ans, arrivera une semaine plus tard en Guadeloupe, devançant de 7 petites minutes son rival François Gabart, 35 ans, qui avait pourtant fait la course en tête jusqu'à deux heures de l'arrivée. Jeunes FRistes qui me lisez, inspirez-vous de ce symbole (je plaisante bien entendu) !
Le départ de la course a non seulement été accompagné par une importante flottille de plaisanciers mais aussi par trois navires de Britanny Ferries : deux gros ferries d'habitude affectés aux traversées trans-Manche et un catamaran assurant en temps normal la ligne St Malo-Jersey.
C'en est fini des parenthèses relatives à la Route du Rhum. Place au vol lui-même et à ce qu'il a de plus singulier dont on a peu parlé jusqu'à présent : l'avion ! C'est un Dornier 228NG, donc "nouvelle génération", comme l'indique la consigne de sécurité.
Eh oui, ce type d'appareil est particulier dans ce sens où sa production, démarrée en 1981, avait cessé en 1998, avant d'être réactivée en 2010 sous l'appellation NG. Elle a été de nouveau interrompue de 2013 à 2015. L'unité à bord de laquelle nous nous trouvons (G-ETAC) est sortie des chaînes d'Oberpfaffenhofen (Allemagne) il y a très peu de temps puisque sa livraison à AURIGNY remonte à moins de deux mois avant ce vol, à savoir le 7 septembre 2018.
Parcourons maintenant le magazine de bord, qui n'est pas la dernière édition en vigueur, et pour cause…
… la page consacrée à la flotte indique en effet un seul Do-228NG, sachant qu'AURIGNY avait déjà reçu un NG en 2015, le G-AOUR.
Les "gros porteurs" d'AURIGNY sont aussi mentionnés sur l'autre page. EMB-190, ATR42, ATR72 et deux variantes de Do-228 pour un total de 8 avions. Bonjour la rationalisation de la flotte. Je soupçonne le patron d'AURIGNY d'être un Avgeek !
Dans ce magazine, il y également -comme il se doit- une carte du réseau, un peu plus étoffée que celle déjà vue sur le mur derrière les banques d'enregistrement à DNR, puisqu'on y trouve les liaisons saisonnières reliant GCI à LBA, NWI (été) et… GNB (hiver) ! Il est quand même assez invraisemblable de constater que la compagnie ne se pose plus à Jersey, alors qu'elle a assuré pendant plusieurs décennies la navette GCI-JER avec ses fameux…
… Trislanders bien évidemment !!!
Avion mythique s'il en est dans la flotte historique d'AURIGNY, parmi lesquels le cultissime G-JOEY élevé au rang d'icône par tout le peuple des îles anglo-normandes. Pour perpétuer la tradition, on découvre dans cet in-flight magazine, dont j'ai bien de la chance de tomber sur cet exemplaire périmé, qu'un autre Trislander, le G-AVCN, tout premier appareil d'AURIGNY, est en cours de restauration dans le cadre du 50é anniversaire de la compagnie.
Le vol passe très vite dans ces conditions. Les consignes lumineuses sont restées attachées depuis le départ et il n'y bien évidemment aucun service en cabine. On notera aussi que cet appareil est piloté à deux alors que les Trislanders n'avaient parfois qu'un pilote. Je recommande la lecture des deux FRs écrits par Kolia à leur sujet, et de ceux, plus anciens, postés par East African.
Changement de météo par rapport au nord-Bretagne où le temps était très doux en ce premier week-end de Novembre. Comme en témoigne la mer agitée, on est bien au cœur de l'automne dans les îles anglo-normandes alors que la descente commence.
Ca souffle même assez fort, mais le Do-228 est particulièrement adapté au vent de travers.
Nous sommes déjà en approche un gros quart d'heure après le décollage.
Voilà Guernesey par le sud-ouest, avec la charmante bourgade de St Pierre du Bois, en français dans le texte comme la quasi-totalité des localités de l'archipel.
Courte finale au dessus d'un paysage on ne peut plus typique des lieux.
On se pose en 09.
On dégage dans les instants suivants.
Roulage rapide à côté de l'Embraer 195 G-NSEY, navire amiral de la flotte d'AURIGNY.
Le bloc arrivée a lieu à 14h25 locales, 35 minutes après être partis de Dinard. Nous avons 15mn d'avance bien qu'ayant passé près d'un quart d'heure au sol à DNR avant de décoller.
Ici, ce ne sont pas les pilotes qui manipulent la porte mais le personnel au sol. On débarque dans le séquencement inverse de l'embarquement, les derniers (à bord) étant donc les premiers (au sol).
Sans trop retarder les 4 pax qui me suivent (ceux des rangs 1 et 2) j'en profite pour photographier l'arrière de la cabine, ce que je n'avais pas pu faire à Dinard en embarquant.
Evidemment, c'est tout neuf et ça brille, même si on déplorera l'absence de têtières.
Et voilà, je quitte à mon tour l'avion en empruntant l'escabeau intégré.
Les pétroliers sont déjà en place car la machine repart dans la foulée vers… Aurigny, traduisez Alderney, dont elle possède d'ailleurs le sous-titre à l'arrière du fuselage.
Je suis ravi d'avoir pris ce Dornier 228, un avion pas courant de nos jours, quelque 38 années (août 1980) après avoir volé pour la 1re fois sur AURIGNY, en Trislander entre GCI et JER cela va de soi.
Court cheminement à pied vers l'aérogare.
Les bagages sont déjà là !
Me voici lanside quelques instants plus tard.
Le FIDS des arrivées de ce dimanche après-midi. Duopole savamment entretenu entre AURIGNY et sa soi-disant rivale locale, je veux parler de BLUE ISLANDS qui opère sous franchise FLYBE. Les deux compagnies s'évitent soigneusement sur le plan du réseau et ne se livrent donc plus à aucune concurrence frontale. Allo, Bruxelles, vous nous recevez ?
Allons voir ce qui se passe dehors. Pas grand chose à vrai dire. C'est très très calme.
Le monument, déjà mentionné par Kolia, à la mémoire des aviateurs locaux ayant perdu la vie lors de la dernière guerre mondiale.
Un peu plus loin, l'arrêt du bus. Le réseau local est très dense et bon marché.
Tout ça semble très accueillant malgré la grisaille, à l'image de toute l'île.
Je vous quitte sous cette note bucolique en espérant que vous avez apprécié ce FR et qu'il vous donnera envie à votre tour de faire une petite balade aux îles anglo-normandes au départ de Dinard tant que cela est possible.
Une ligne qui fait partie du patrimoine historique des relations aériennes franco-britanniques, dont le Dornier 228NG assure la longévité après tant d'années d'opérations réussies en Trislander, dont l'ombre planera encore longtemps sur la desserte des îles anglo-normandes, AURIGNY s'étant chargée de perpétuer sa mémoire après déjà 50 ans d'existence.
Bref, un "classique" à faire absolument au moins une fois dans sa vie... le plus vite possible !
28 Commentaires
Encore une jolie prise que ce Do 228 NG. J’avais pris sa version pas NG il y a super longtemps entre Pointe à Pitre et Marie Galante opéré par Air Guadeloupe. La seule fois de ma vie où j’ai eu peur en avion, à tel point que j’avais failli changer mon retour pour un ferry !!
Merci pour cette belle découverte !
A bientôt !
"The Board of Aurigny has taken the decision to end the route, at the beginning of January, based on a number of key factors. These include:
• A lack of demand on the Dinard route in 2018, with under 1,500 bookings, representing a load factor of less than 50%.
• An 80% decline in passenger numbers over the last 10 years.
• A need to focus the Dornier resources on the Alderney operation and service levels required by the Public Service Obligation, should Aurigny be successful."
Quel dommage, et j'imagine que vouss devez être heureux d'avoir pu effectuer ce vol une dernière fois ! L'aéroport de Dinard est extrêmement charmant en tous cas.
À bientôt !
Merci pour ce FR aux accents vintage. Tout est charmant jusqu'au macareux sur la dérive comme l'a souligné Akivi.
A bientôt
Dorothée
Oui, le charme des îles anglophones en automne, que ce soit les Channel Islands ou Chypre :-).
A bientôt.
Un "zinc" genre pub irlandais avec des sièges d'AVgeeks, parfait!
Vol unique et rare qui te permet de continuer à nous régaler avec de tels vols!
Bon weekend à toi et à bientôt!
Je suis presque déçu que l'auteur n'ait pas identifié d'emblée le type et sous-type de l'appareil ayant légué ses sièges au bar-restaurant de DNR ;)
Ah, le Do-228, ses minuscules turboprops, ses trois sièges au fond de la cabine, son fuselage à parois verticales... un appareil comme on en voit peu !
Merci pour le partage !
Comme quoi, il ne faut pas forcément se rendre à l'autre bout du monde pour réaliser un vol atypique et très avgeek.
J'adore le bar de l'aéroport. Les passionnés de DNR doivent certainement souvent s'y retrouver.
A bord, très beau sénic flight couplé au départ de la route du rhum.
A bientôt
Ces sympa ces petites décorations pour la route du rhum.
L’embarquement se fait par nom? Comme en école primaire :D
Il est intéressant ce petit vol vers Dinard.
Merci pour ce Fr!
J'aime également bien l'aérogare de Dinart qui mériterait d'être un peu rafraîchie sans toucher un seul poil de son architecture. Le bar et sa terrasse méritent le détour surtout un jour ou la Bretagne se met à la météo Antillaise.
Voila un appareil et une compagnie sympas très pratique pour aller planquer sa fortune dans une des nombreuses banques locales ! Amusant mais logique l'embarquement par ordre des places bord.
A bientôt
Marrant ce bar, je me demande comment ils arrivent à vivre avec une fréquentation aussi faible.
« Chacun jugera. » c’est le cas de le dire !
Un vol sympa pour une destination pittoresque. Une bonne idée de virée pour un été breton !
Dommage en effet que la ligne s'arrête mais au vu de l'appareil utilisé, les billets ne doivent pas non plus être très abordables.
Que de beaux clichés, bravo !
A+
Bon je suis hors sujet là. Chouette vol !
Connectez-vous pour poster un commentaire.