Trois jours avant le vol, je recevais ce courriel :
Dear MARATHON FRANCOIS
Your flight has been changed. Your new flight, Wulumuqi (Terminal 3 of Urumqi International Airport) to Kashi, flight CZ6811, departs at 19:25, and arrives at 20:55, May 27. Please arrive 1.5 hours prior to departure for check in.
Départ retardé d'un quart d'heure, et arrivée de cinq minutes seulement. En revanche, se présenter une heure et demi avant le vol, cela me semblait un peu excessif (en général le check-in ferme à H-30' ou H-40' pour les vols intérieurs chinois), mais la suite des événements montra que le conseil était plutôt sage. (Remarquez au passage la transcription chinoise d'Urumqi et Kashgar, qui sont des noms ouigours)
Départ en taxi vers l'aéroport international d'Urumqi, ce qu'indique ce panneau bilingue ouighour ? chinois.
On quitte l'autoroute
Et on s'approche de l'aéroport, avec un 737 CZ au décollage.
URC est un hub de CZ, qui y dispose en exclusivité du Terminal 3. Pour toutes les autres, il y a les terminaux 1 et 2, que voici au loin :
Et voici le Terminal 3, réservé à CZ :
Depuis le trottoir face au T3, un radar sur fond de montagnes.
En contrebas, l'accès VIP du T3. Non, je n'y ai pas accès, mais cette fois-ci, j'aurais bien aimé.
Entrée dans le hall, avec un contrôle de sécurité par sas avec détection d'explosifs avec un tampon de coton, une procédure également appliquée à SHA.
Il y a des bornes d'enregistrement libre-service, mais elle ne savent lire que les cartes d'identité chinoises.
Pas de problème pour s'enregistrer, mais la valise de mon co-PAX est jugée trop grande et doit être déposée au comptoir hors gabarit. OK, elle est grande, mais c'est bien la première fois après un nombre respectable d'aéroports du monde entier au compteur.
Un petit coup d'?il depuis la zone publique : pas très intéressant car à contre-jour et exclusivement CZ.
Les toilettes en zone publique ? propres, en cours de nettoyage et de remplissage de l'engin de nettoyage.
Contrôle d'embarquement, et c'est là que ça se gâte. Mon co-PAX passe sans problème, et mon passeport + carte d'embarquement ne passent pas. Je suis d'ailleurs loin d'être le seul. J'avoue ne pas avoir compris exactement où la policière me disait d'aller, ce qui fait que je perds du temps, jusqu'à ce que je harponne une charmante hôtesse d'accueil du comptoir Elite CZ, à qui j'explique tant bien que mal mon problème, car évidemment, personne ne parle un mot d'anglais. C'est manifestement nouveau pour elle; elle va faire tout le terminal sur ses talons hauts avec moi, s'adressant à trois guichets différents de la police, jusqu'à ce que l'un d'eux scanne passeport et carte d'embarquement et me dise que ça devrait être bon.
Effectivement, ça passe, mais le contrôle de sécurité au Xinjiang, c'est du sérieux, car il y a eu des émeutes meurtrières en juillet 2009, ainsi que d'épisodiques attentats terroristes. Retirer les chaussures, retirer l'ordinateur de sa sacoche, la ceinture. C'est ensuite dans ma banane que les policiers s'obstinent à chercher un briquet qui n'existe que dans l'imagination de leurs rayons X. Et pendant ce temps l'heure tourne, et mon co-PAX qui ne parle pas un mot de chinois et n'a pas de téléphone portable s'inquiète, puis passe en alerte rouge, et est en train de basculer en mode panique quand j'arrive enfin à la porte 33, alors que les derniers PAX embarquent et que l'employée lui demande en anglais de survie : alors, vous embarquez ou non ?.
Dans ces circonstances, on m'excusera de n'avoir qu'un unique cliché de la zone airside, pris en marchant très vite.
Oui, bien sûr, j'aurais pu photographier cet E-190 du bon côté. Si j'avais eu du temps?
Mais l'essentiel est sauf, on ferme la porte de l'appareil derrière nous et nous sommes à bord de cet E-190?
? dont voici la fiche de sécurité, un modèle rare trilingue ouigour ? chinois ? anglais.
La cabine comporte deux rangs de J en 1+2, et le reste est en 2+2.
On repousse, et c'est parti pour une visite touristique intégrale d'URC
..guidés par une voiture Follow me.
Uniquement du CZ au Terminal 3, comme vous l'avez compris
Le terminal 3 est en U; voici le fond airside du U
Au fond, un 737 de China United Airlines, une compagnie dont j'ai un souvenir aussi lointain qu'inoubliable. Les nouveaux sur le site pourront se reporter à mon FR CTU-NAY.
Un certain nombre d'E-190 CZ sont parqués ici.
Plusieurs petits appareils de Tianjin Airlines, avec deux décorations différentes de l'empennage (je ne me mouille pas pour ce qui est de l'identification des modèles :)
Un appareil de Sprint Airlines, une low cost de Shanghai.
Un A320 MU égaré
Le hangar de maintenance de CZ, à l'extrémité de l'aéroport
Et pour finir, un appareil dont je confie l'identification aux pros.
C'est la maquette d'entraînement des pompiers (c'est écrit sur la carlingue). Je suppose qu'il faut pouvoir s'entraîner à l'extinction de la dérive d'un 388, vue la taille de celle-ci.
Décollage : la plaine côté nord n'a rien de passionnant
Mais assez vite, on va survoler les hautes montagnes qui bordent le nord du désert du Taklamakan.
Les montagnes enneigées, c'est très vendeur sur FR
Passage des PNC pour un service de boissons (toujours le même choix), mon co-PAX en demande et en reçoit deux. Voici la pub sur le flanc du trolley (il y avait la même sur le vol PEK-URC).
Puis passage pour distribuer ce sandwich contenant une demi-saucisse (fendue en deux dans le sens de la longueur) plutôt sucrée ? je suppose que ce n'est pas du porc, mais je n'ai rien vu à ce sujet.
Puis nouveau passage de boisson. Le café est au lait et trop dilué, mais pas fondamentalement mauvais.
C'est ensuite le nord-ouest du Taklamakan que l'on survole, l'un des déserts les plus inhospitaliers de la Chine, grand comme les deux tiers de la France. La piste que l'on aperçoit ci-dessous est la seule trace humaine vue en une heure de vol : le Xinjiang n'a que deux millions d'habitants sur une surface triple de celle de la France, en grande partie désertique.
Contrairement à certaine compagnie ibérique, CZ ne fait pas d'économies de winglets, et il y en a un aussi à gauche.
La PNC passe informer les deux seuls étrangers à bord que la température à KHG est de 28°C, et que l'atterrissage est prévu à 21h05. Cette attention envers ces deux PAX Elite FB est d'autant plus inattendue que très peu de temps après, elle fait l'annonce du début de descente, en mandarin et en anglais, en reprenant ces deux informations.
Passage dans les nuages au cours de la descente.
Le Taklamakan est entièrement entouré de hautes montagnes, ce qui explique la présence de végétation sur son pourtour, et même de lacs de barrage destinés à l'irrigation, comme celui-ci.
Mais les montagnes elles-mêmes sont arides : l'eau dégringole vers le bas à chaque orage en ravinant les pentes.
Atterrissage à l'heure à Kashgar
Les vitres du cheminement étaient maculées de sable, voici la photo d'un autre E-190 prise au seul endroit où c'était possible.
Cette fois-ci, il n'y a qu'un tapis de livraison, et peu de bagages à livrer, au vu du nombre de PAX qui les attendent. KHG a beau être officiellement un aéroport international, il n'y a actuellement que des vols vers URC.
Sortie sur le parvis
Nous sommes arrivés à Kashgar, l'aéroport chinois le plus à l'ouest, le plus éloigné de Beijing qui est à 3400 km, le plus éloigné de Taipei qui est à 4500 km. Pour mon co-PAX, un hypothétique vol direct CDG-KHG aurait été deux fois plus court que son CDG-PEK-URC-KHG. Kashgar, ce n'est plus vraiment la Chine : les visages ont quasiment tous un type d'Asie Centrale et l'on entend peu parler mandarin, même si tout le monde est capable de l'utiliser. Cette photo prise au centre de Kashgar évoque-t-elle la Chine pour vous ?
Le Kirghizistan et le Tadjikistan sont à 100 km, le Pakistan à 300 km et le doigt du Pamir, cette longue bande de territoire afghan destinée à couper la route de la Russie à l'époque du Grand Jeu, est à 200 km.
Ce n'est pas la proximité de ces pays à la stabilité douteuse, mais la stabilité de la population locale qui est la cause d'une surveillance renforcée. Sans atteindre les extrêmes du Tibet qui subit un régime d'occupation militaire que les étrangers n'imaginent pas, il est difficile de passer plus d'une heure ou deux au centre de Kashgar sans croiser une de ces patrouilles lourdement équipées. Ca met tout de suite dans l'ambiance de tomber sur une demi-douzaine de ces hommes munis de fusils d'assaut dans le lobby de son hôtel ou au petit déjeuner.
A l'exception des militaires, les visages sont d'Asie Centrale, mais le voile est omniprésent pour les femmes. Plutôt un grand foulard pour l'uniforme des employées de ce petit supermarché :
Mais un nombre non négligeable de visages féminins sont invisibles, car voilés parfois aussi rigoureusement (bien que différemment) que dans l'Afghanistan tout proche.
En revanche, à Tashkorgan, la dernière petite ville chinoise sur la Karakoram Highway, la population est presque exclusivement tadjike, et les vêtements n'ont rien à voir avec ceux des Ouigours.
Les femmes portent une élégante coiffe brodée, parfois recouverte d'un voile ultra-léger, et hommes et femmes se saluent en se faisant un baise-main côté paume. J'ai choisi de ne pas masquer ce visage.
Le but de cette étape, c'est justement la Karakoram Highway, ce tronçon mythique de la Route de la Soie reliant la Chine au Pakistan.
A 1838 km d'Urumqi, ? et 44 km du Pakistan
C'est du côté pakistanais qu'elle est vertigineuse, mais du côté chinois, les paysages du Pamir sont somptueux.
Le col de Khunjerab, le plus haut poste frontière routier du monde à presque 4700 mètres d'altitude, est situé à deux kilomètres au centre de cette photo, prise depuis l'ultime point que l'on peut atteindre aujourd'hui depuis la Chine sans visa pakistanais.
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Verdict
China Southern
8.3/10
Cabin9.0
Cabin crew9.5
Meal/catering6.5
Conclusion
J\'ai retiré un point symbolique de ponctualité pour le léger changement d\'horaire. Que la compagnie aérienne soit chinoise ou taïwanaise, le confort du 2+2 de l\'E-190 surpasse largement celui des monocouloirs plus gros. Bonus pour le personnel au sol, qui a fait de son mieux pour me sortir d\'une situation qui a frôlé la catastrophe à l\'embarquement, et pour l\'annonce personnalisée à bord. En revanche, le repas était très inférieur à la moyenne chinoise, à temps de vol égal.
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@saraoutou : la taille relative des indications témoigne plutôt d\'une volonté d\'imposer l\'usage du chinois, tout en maintenant un bilinguisme de façade. C\'est pareil au Tibet et en Mongolie Intérieure, les deux autres grands territoires dont la langue locale n\'est pas chinoise. @KL651 : Je défends mon choix d\'aller en Chine, et tout particulièrement ici, en sachant qu\'une bonne part de mes dépenses revient à des intérêts Han, mais en témoignant ensuite de ce que j\'ai su voir ou entendre, notamment parce que j\'y vais en indépendant, et parce que je peux communiquer en chinois. Mais je ne dénigre nullement votre position. @guillaumet : c\'était un voyage exclusivement touristique
Merci pour ce FR :) Pourquoi y-a-t-il deux parties détachables sur le boarding pass ? Spotting très garni avec une compagnie où un FR a été merveilleusement raté coté ponctualité mais bon, je laisse deviner lequel :) Eencore merci pour tous ces FRs inédits sans lesquels Flight Report de survivrai pas.
@TomWambas : parce qu\'il y a un double contrôle en cas de PAXbus : à la porte d\'embarquement et au pied de l\'avion, pour détecter une erreur du conducteur du PAXbus (je suis sûr que ça a dû arriver un jour quelque part).
Merci pour ce superbe FR. Quelle angoisse que cet embarquement mais imaginez que vous ne parliez pas chinois ! Très belles vues du Pamir. Même si je condamne l\'attitude du gouvernement chinois je ne pense pas que ne pas y aller soit une réponse adaptée et je suis d\'accord avec vous sur l\'importance qu\'un témoignage de visu peut avoir.
Merci beaucoup de nous faire découvrir cette partie méconnue de la Chine. Il semble clair qu\'il est très difficile de se déplacer dans ces contrées reculées si on ne maîtrise pas le mandarin
@Denzee & Bargi62 : on peut voyager dans ces régions reculées sans parler chinois, mais on perd énormément de temps à comprendre et se faire comprendre. Je sais de quoi je parle : j\'ai été affecté en Chine sans connaître un mot de la langue (mais ma connaissance du japonais me permettait de lire ou reconnaître la signalétique de base). J\'ai pris des marges de temps dans ce voyage : elles nous ont permis de nous reposer à chaque étape quand d\'autres auraient été en train de galérer et stresser en cas de situation délicate. Mon co-PAX en sait quelque chose, mais de mon côté, j\'étais confiant dans mon aptitude à gérer la situation.
Après Urumqi, Kashgar: j\'adore ces noms qui évoquent tant de choses et sont à la fois si peu connus...Merci pour ces bonus phototouristiqes et vous avez surtout bien fait de ne pas flouter le visage de cette ravissante tadjike.
Mile merci pour ce magnifique FR, digne d\'un encart de Géo. On oublie la partie vol pour se concentrer sur les photos de la région et leurs commentaires. Je me joins à ceux qui vous savent gré de ne pas avoir caviardé le visage de cette jeune femme.
Il me semble que le poste frontière Chungara-Tambo Quemado entre le Chili et la Bolivie est à quasi 4700 mètres également. A vérifier! Une très belle région que j\'aimerai découvrir. Mais prendre toutes ces compagnies chinoises... Brrrr.
@Ninouille : vous avez tort de craindre (apparemment) de monter dans un avion chinois : le taux d\'accident aérien en Chine est très faible. Le crash du vol VD8387 en 2010 est intervenu après 6 ans sans accident mortel. C\'est circuler à pied ou en voiture qui est parfois terrifiant - j\'utilise cet adjectif au premier degré. En 2010, la police chinoise annonçait 104 000 victimes de la circulation par an.
@Ninouille (bis) : Wikipedia (en espagnol) met le col de Tambo Quemado à 4680 mètres, et (en anglais) le col de Khunjerab à 4693 mètres (4694m dans la version chinoise). Je ne connaissais pas l\'existence du premier, merci !
Paso de Agua Negra Chili Argentine: 4780 m Paso San Francisco Chili Argentine: 4748 m Le Paso Tambo Quemado est la route qui relie Arica à La Paz: route sournoise au possible avec un départ d\'Arica au bord de la mer, on atteint les presque 5000 m en quelques heures à peine !!! La descente est terrible !
@mynameismud : le géographe a encore frappé ! Bel exemple de nationalisme local \c\'est nous les plus hauts\ (en prétendant souvent que le Khunjerab est à 4800 mètres d\'altitude, de surcroît). Merci pour ces informations :)
Merci pour cette suite. \Contrairement à certaine compagnie ibérique, CZ ne fait pas d\'économies de winglets, et il y en a un aussi à gauche.\ Tiens ça me rappelle des souvenirs :) A+
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32 Comments
Les paysages sont magnifiques, mais le \contexte chinois\ ne me donne pas envie d\'y aller.
@KL651 : Je défends mon choix d\'aller en Chine, et tout particulièrement ici, en sachant qu\'une bonne part de mes dépenses revient à des intérêts Han, mais en témoignant ensuite de ce que j\'ai su voir ou entendre, notamment parce que j\'y vais en indépendant, et parce que je peux communiquer en chinois. Mais je ne dénigre nullement votre position.
@guillaumet : c\'était un voyage exclusivement touristique
Pourquoi y-a-t-il deux parties détachables sur le boarding pass ?
Spotting très garni avec une compagnie où un FR a été merveilleusement raté coté ponctualité mais bon, je laisse deviner lequel :)
Eencore merci pour tous ces FRs inédits sans lesquels Flight Report de survivrai pas.
Très belles vues du Pamir. Même si je condamne l\'attitude du gouvernement chinois je ne pense pas que ne pas y aller soit une réponse adaptée et je suis d\'accord avec vous sur l\'importance qu\'un témoignage de visu peut avoir.
Une très belle région que j\'aimerai découvrir. Mais prendre toutes ces compagnies chinoises... Brrrr.
Paso San Francisco Chili Argentine: 4748 m
Le Paso Tambo Quemado est la route qui relie Arica à La Paz: route sournoise au possible avec un départ d\'Arica au bord de la mer, on atteint les presque 5000 m en quelques heures à peine !!! La descente est terrible !
\Contrairement à certaine compagnie ibérique, CZ ne fait pas d\'économies de winglets, et il y en a un aussi à gauche.\ Tiens ça me rappelle des souvenirs :)
A+
Merci beaucoup pour les magnifiques photos APRES vol également.
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