T’Way encore une fois!!
Comme une ex toxique. Je sais que je vais souffrir. Mais c’est familier. C’est presque rassurant.
J’arrive à l’aéroport, déjà fatigué. Pourtant j’ai rien fait. C’est sûrement mon corps qui a compris que cette journée ne servira à rien.
Je suis arrivé en avance. Pas parce que je suis organisé, mais parce que je n’ai rien de mieux à faire de mes matins.

Je passe les portes automatiques. Elles s’ouvrent, contrairement aux opportunités dans ma vie
Tous ces gens autour de moi ont l’air d’aller quelque part. Moi aussi je vais quelque part, mais symboliquement je reste immobile.
La dame au PIF me regarde sans émotion. Elle a raison. Je mérite pas plus.

Passage du PIF …Le portique ne sonne même pas. Même la technologie semble indifférente à ma présence.
par tout hasard, vous ai-je dit que j'ai des problèmes de peau?

Je scanne mon billet. La machine bip. C’est le son le plus enthousiaste que j’entendrai aujourd’hui.
Tout le monde a l’air pressé de monter. Moi je traîne. Ce n’est pas comme si j’avais hâte d’arriver à destination.

Un PAXBUS nous attend pour transporter la marchandise que je suis. Je ne mérite pas mieux que cela

La limousine pour le bétail

Vue sur l'A321 Neo de KE que je me tarde d'essayer

Je marche dans la passerelle comme on marche vers un entretien qu’on sait déjà raté.

Voici le ton de la cabine . Honnetement c'est de trop pour moi et j'aurais preferé qu'on me mette dans la soute avec les marchandises.

Le siège étroit, métaphore parfaite de ma vie qui m’enferme sans jamais me laisser d’espace.

Le pitch désastreux. Je sais que je sortirai de cet avion comme un origami.
Mes genoux sont collés au siège devant moi. C’est un huis clos existentiel.

Je suis côté hublot, histoire de pouvoir regarder dehors et me rappeler que le monde continue sans moi.
Mon siège ne s’incline pas. C’est parfait. J’aime quand les choses sont aussi rigides que mes émotions.

J'ai clairement une relation toxique avec T’Way, cette compagnie que tu continues à prendre comme on retourne vers une ex qui t’a fait du mal pas parce qu’on espère, mais parce qu’on sait qu’on mérite pas mieux…

Le bruit des réacteurs couvre mes pensées. C’est une amélioration.


Je regarde le sol s’éloigner. Je me demande à quel moment moi aussi, j’ai décroché.


Trente minutes de vol. C’est à peu près la durée moyenne de mes relations humaines.

Le ciel est dégagé. Tout le contraire de ma clarté mentale.

Je decide de jouer un peu avec l'IFE afin de passer le temps.
Tway affiche un catalogue assez decevant sur ce type de vols avec des videos de courtes durées en Coréen sans sous-titres.
C'est toujours ça de pris et je ne mérite pas mieux de toute façon. Je n'ai meme pas fait la vaisselle en partant de chez moi par ailleurs.

Je regarde par le hublot, espérant ressentir quelque chose. Spoiler : non.

L’atterrissage est un peu brusque. Comme mes tentatives de reprendre ma vie en main.
Je suis à Séoul. Techniquement. Mais j’ai pas l’impression d’avoir avancé.


Les roues grincent sur le tarmac. Un peu comme mon dos quand j’essaie de me lever le matin.

Je suis à Séoul. Techniquement. Mais j’ai pas l’impression d’avoir avancé.

Je descends de l’avion. Encore un endroit où personne ne m’attend.

Je marche dans le terminal, entouré de gens avec des vies. C’est sympa de visiter un musée de la réussite.
