Avis du vol entre Pyongyang et Pyongyang en classe Economique avec Air Koryo

Bonjour à tous,
Poursuite du voyage -désormais bien connu sur ce site- en Corée du Nord, et plus spécifiquement de sa journée phare, en l'occurrence le jeudi 20 juin 2013, qui fût l'occasion de voler dans trois appareils différents d'AIR KORYO. En d'autres termes, un véritable festin aéronautique. Après la mise en bouche constituée par un vol de 30mn autour de Pyongyang en Ilyushin 62 (voir FR précédent), voici le plat de résistance : un vol en Ilyushin 76 !

Eh oui, on ne rêve pas, c'est bien à bord de cet avion cargo que nous nous retrouvons quelques minutes après avoir quitté l'Il-62. Il y a même une PNC qui accueille les passagers. Elle n'a pas l'uniforme habituel AIR KORYO de couleur rouge, car celui-ci semble composé uniquement d'une jupe. Or, mieux vaut être en pantalon pour accéder au plancher de cet avion, pas trop prévu à l'origine pour accueillir des passagers, ni des hôtesses de l'air…

Mais… assez parlé de femmes comme disait un de mes ancêtres dans Astérix en Corse. Voilà une première vue de la cabine en direction de l'arrière. Il y a une vingtaine de strapontins de chaque côté, tous en position fermée sauf celui au 1er plan en bas à gauche de la photo. C'est bien du monoclasse, mais le pitch est imbattable :-).

Je m'installe aux côtés de notre guide nord-coréen, à un siège que l'on pourra qualifier de fenêtre puisque situé au plus près d'un des six hublots que compte cet immense fuselage…

…dont voici précisément la vue du hublot côté opposé.

En regardant vers l'avant on peut voir ce curieux poste de travail de ce qui semble être le loadmaster…

… qui ne va pas tarder à s'assoupir quelques instants, alors que les portes sont maintenant fermées.

Ca y est, mise en route, le départ est imminent. Le Monsieur quitte alors son siège et va aller dans le cockpit pour suivre la suite des évènements en empruntant la porte située à droite.

Le roulage a été assez long mais vu la rareté et l'exiguité des hublots, personne n'a pu mettre ce laps de temps à profit pour prendre beaucoup de photos du paysage qui a défilé. Il n'y a pas eu de démos sécurité de la part de la PNC, ni aucun briefing quelconque sur les issues de secours ou je ne sais quelles précautions en cas d'évacuation. Et bien entendu, hélas, il n'y a pas de consignes de sécurité à bord…

Le décollage s'effectue dans un vacarme assourdissant, la cabine n'étant évidemment pas insonorisée. La montée a lieu en pente extrêmement douce. Ce n'est pourtant pas la charge marchande (10 passagers) ni la quantité de fuel (30mn de vol) qui alourdissent la bête…

Ce vol circulaire autour de Pyongyang est effectué en basse altitude, sans pressurisation, comme en témoignent les filets de lumière assez béants que l'on peut voir autour de la porte principale, située à l'arrière pour faciliter le chargement/déchargement axial.

Nous sommes cependant autorisés à déambuler dans cette cabine bien insolite. Le vol est un peu chaotique mais quel plaisir de tituber au milieu de cet immense espace ! Ce n'est pas du Zéro-G mais… sensations fortes assurées quand même !

Chacun essaie tant bien que mal de prendre des photos des moteurs mais ce n'est pas évident. En plus, les hublots sont rayés et pas très propres. Il y a comme un voile qui rend toute photo soit floue, soit surexposée. En cabine, ça sent le kéro et surtout l'huile, un peu comme dans les cales de certains car-ferries.

Tout ceci n'est vraiment pas grave et ne saurait gâcher un instant du plaisir qui est le nôtre, bien au contraire. Nous sommes en Corée du Nord et nous avons le privilège, pour la modique somme de 250€ par personne, de bénéficier d'un vol spécial dans un Il-76. C'est tout simplement incroyable.

J'ai plusieurs fois eu la chance de prendre des avions cargo, mais c'était à bord de vrais vols avec du fret à bord (Shorts SC.5 Belfast Heavylift, Canadair CL-44 Aer Turas et Aeron International, N2501 Noratlas Transvalair, C-160 Transall Air France, Antonov-12 Ukraine Air Alliance, etc…) ou de mises en place à vide (L.100-30 Hercules SFAIR), toujours en cockpit ou juste derrière celui-ci mais jamais comme passager d'un vol organisé comme tel dans un avion cargo, et par conséquent dans la soute principale.

Revenons à présent à tribord alors que la descente vers Pyongyang a déjà commencé.

Encore quelques minutes de vol.

Atterrissage en douceur, retour au parking d'origine. Ouverture de la porte pax, de laquelle on peut mesurer la hauteur qui sépare le plancher du sol.

Personne ne se hâte pour débarquer. Allons-y pour un nouveau tour en cabine. La majeure partie de la tuyauterie qui est accrochée au plafond et aux parois n'est pas propre à l'Ilyushin 76. C'est comme ça dans tous les avions, il y a des fils et des tubes de partout, mais ils sont simplement cachés de la vue des passagers. On notera juste la dominante de gros tuyaux noirs, dont il reste à établir l'utilité. En tous cas, pas aujourd'hui !

Un dernier coup d'oeil à ce que fût notre univers pendant un peu plus d'1/2 heure. Pas aussi confortable qu'une Résidence sur un A380 d'Etihad, mais tellement plus spacieux :-).

La tradition est respectée, nous pouvons à présent accéder au cockpit en commençant par le pont inférieur, dans le fameux nez-verrière…

… puis bien sûr au pont supérieur, dans le poste de pilotage proprement dit.

Cette image est sans doute l'une des plus parlantes de tout ce voyage. Elle témoigne à elle seule de la liberté dont disposait notre groupe pendant sa présence dans les avions et les aéroports nord-coréens : un collègue était descendu sur le tarmac avec les appareils de ceux qui étaient restés à bord, et l'on pouvait ainsi se photographier à tour de rôle depuis une des fenêtres du cockpit. Que dire alors que, parfois, dans notre belle République libertaire, égalitaire et fraternelle, on vous jette lorsque vous prenez à la hâte depuis le paxbus une misérable photo de l'avion dans lequel vous allez monter…

Il a bien fallu que tout le monde descende à un moment. Quelle gueule cet avion !

Liberté encore et toujours. Notamment celle de prendre tout le recul nécessaire pour une photo plein profil de notre Il-76. On finit par être perfectionniste et par pester contre les grues du chantier de la future aérogare qui pourrissent l'arrière-plan. Toujours à l'écoute, nos hôtes nord-coréens auraient peut-être accepter de les démonter si on avait osé leur dire que ça nous gênait :-).

Sous l'oeil débonaire de deux fonctionnaires en uniforme (au moins je suis sûr de ne pas me tromper), le tractage de l'Il-76 va bientôt avoir lieu. Direction une aire de stationnement plus éloignée.

Voilà l'Il-76 maintenant arrivé à son point de stationnement final. Une dernière photo avant de retourner à l'oeuvre vers d'autres sujets.

Effectivement, il suffit de regarder derrière soi pour voir cet alignement, désormais classique depuis cinq jours que nous sommes arrivés dans le pays : un Tu-154, deux Il-62 et un Tu-134.

Plus loin, en regardant cette fois-ci de l'autre côté, c'est le temps des hélices avec deux An-24 et le fameux Il-14, objets du cinquième FR de cette série de huit…

… qui s'achèvera avec l'Il-18 d'AIR KORYO, déjà en préparation pour notre prochain départ, prévu dans quelques minutes !

Il n'est pas encore midi, nous avons déjà volé sur deux Ilyushin différents, alors qu'un troisième se profile… Tout le reste se passe de commentaires… mais les vôtres, chers amis FRistes, seront bien sûrs les bienvenus !