Bonjour à tous,
Ce FR est le deuxième d'une série de trois, consacré à un aviation tour effectué fin mai 2015 au Bélarus, organisé par le voyagiste franco-biélorusse MERLINTOUR. Pour le contexte et les détails, je vous renvoie si vous le voulez bien au premier opus, consacré au vol Genève-Minsk effectué en Tupolev 154 de la compagnnie BELAVIA.
http://flight-report.com/fr/report-12603.html
Nous nous étions quittés dans les effluves de bière et de cracheurs de feu quelques heures après l'arrivée de notre groupe sur le sol biélorusse. Ce ne pouvait être qu'un heureux présage pour le lendemain, car cette journée de samedi 30 mai s'annonce particulièrement riche en évènements. Elle commence par un transfert très matinal vers l’aéroport de Minsk 2, le même que la veille, sous un ciel bleu radieux.
Au loin, le fameux musée à ciel ouvert, mais pas le temps d'y aller, ce sera pour plus tard durant le séjour.
Le tableau des départs de la journée. Vous avez remarqué ? Une seule compagnie n'a pas son logo enregisté sur le FIDS…
Quelques mètres plus tard, nous voilà à l’enregistrement de notre vol du matin, RSB1098, précisément la compagnie sans logo sur le FIDS, vers la destination que vous pouvez voir affichée à l’écran. Oui, c’est bien ça, nous sommes à Minsk et nous partons à Minsk !
Un petit détail : Merlintour a pris soin de faire signer au préalable à chacun de ses clients un formulaire de décharge de responsabilité : si ça foire, ce n’est pas ici qu’il faudra s’adresser pour tenter d’obtenir son « indemnité Sturgeon ».
Après avoir franchi le PIF, nous voici dans la salle de départ réservée aux vols à destination de la fédération russe, dont le Belarus fait partie.
Vue matinale du tarmac…
… avec notamment trois séries différentes de B737 Belavia réunies : 800, 500 et 300.
Notre embarquement est imminent…
…en pax bus customisé par Merlintour…
…afin de nous conduire vers ce fabuleux Antonov 12, exploité par la compagnie Ruby Star, fondée en 1994. Il s'agit du EW-338TI, qui, selon plusieurs sources (je reste toujours prudent avec les avions issus de l'ex-URSS) aurait été construit en 1961, soit 54 ans plus tôt. Encore plus vieux que votre serviteur !
C’est là-dedans que nous allons monter !
Comme tout vol spécialement destiné à des spotters, tout commence par une solide séance photo avant d’embarquer.
Ceux qui auraient des doutes sur l'entretien peuvent être rassurés par l'état étincelant des pneus.
Ce n’est pas une première pour moi à bord de ce type d’appareil : cf. FR sur le B737 Air Orix en août 2013, qui était en fait le « faux nez » d’un FR à bord d’un An-12 d’Ukraine Air Alliance.
http://flight-report.com/fr/report-6197.html
Mais c’est quand même une émotion énorme. A propos de nez, celui-ci est bien vrai, et il a quand même de la gueule, non ?
Surtout que j’avais effectué entre Corlu (Turquie)et Simféropol (Ukraine à l'époque) un vrai vol cargo, soutes pleines. J’avais par conséquent voyagé dans la cabine des load masters, juste derrière le cockpit, avec accès par l'escabeau situé sous le train avant, tandis qu’aujourd’hui, il n’y a aucun autre élément de chargement qu’une trentaine d’AvGeeks qui vivent l’un des moments les plus passionnants de leur « carrière ». L'embarquement a par conséquent lieu par la porte latérale, pas très large cependant, au moyen d'un escabeau des plus désuets.
L’avion a donc été configuré en « mode parachutiste », avec des bancs disposés dos à dos au milieu de la soute…
… et un filet à l’arrière, afin d’éviter de s’approcher de trop près de la gigantesque porte de chargement axial, ce qui s’avèrera utile un peu plus tard…
Nous décollons à 9h pile dans un vacarme assourdissant.
Comme vous pouvez le constater la propreté des rares hublots n'est pas le point fort de cet avion.
On descend déjà.
Nous nous posons après 15mn de vol à Minsk 1, « city airport » de la capitale biélorusse, code MHP, désormais fermé au trafic passager et consacré essentiellement à des activités de maintenance.
Nous sommes invités à débarquer pour une durée de ¾ d’heure environ, avec liberté totale de déambuler sur le tarmac avec nos appareils photo.
Ce Tu-134 n’est autre que celui de l’ancienne présidente de l’Ukraine, Mme Tymochenko.
Il a été spécialement ouvert ce matin pour nous, de manière à nous permettre d’admirer de l’intérieur sa configuration VIP.
On peut se balader à loisir au milieu des Tu-134 et Yak-40 présents.
Très peu semblent pouvoir être remis en état de vol.
C’est plus un magasin en plein air de pièces détachées qu’un centre de maintenance actif.
Après une nouvelle photo sous un angle différent des précédents…
… notre An-12 nous attend pour une deuxième étape…
… à destination de Vitebsk, ville située à proximité de la frontière russe, donc vers l’est. Mise en route imminente.
On a même droit à un roulage porte de soute ouverte, l'occasion d'une première vidéo;
C'est reparti. Son et lumière sont conjugués de manière exceptionnelle par les 4 moteurs Ivchenko AI-20 en pleine action…
40mn de vol. Largement le temps de se promener un peu à bord. Tout d’abord, direction la cabine des load masters, pressurisée, comme en témoigne l’aspect « bombé » de la cloison qui la sépare de la soute.
Ca ressemble plus à la cuisine d’une datcha qu’à un compartiment passagers.
C’est assis à cet endroit que j’avais eu la chance d’effectuer mon premier vol en Antonov 12, au dessus de la Mer Noire lors d’une paisible nuit d’été en 2013.
On accède alors au poste, dont la partie la plus insolite est bien entendu la position destinée au navigateur, dans le nez vitré de l’avion.
Le poste de pilotage proprement dit est situé plus haut.
Assez différent d'un avion de ligne conventionnel…
Sans compter les différents coins et recoins dans lesquels il faut se faufiler pour tenter de prendre quelques photos potables.
Autant dire qu’il est préférable d’effectuer ce genre de vol vêtu d’un vieux jean, d’un polo et de baskets, plutôt qu’en costard trois pièces et mocassins. Même si ça ne figurait pas dans la décharge de responsabilité qu’il a fallu signer avant le départ, mieux vaut ne pas avoir à regretter les tâches d’huile ou autres possibles déchirures qui peuvent se produire à tout instant car il faut parfois se faufiler près du sol, tantôt se frotter contre des parois pas forcément nettoyées tous les jours.
Retour dans la soute principale et là, devant nous, grand spectacle et frissons assurés : ouverture en plein vol de la porte cargo !
Trouillards s’abstenir. Nous sommes à 3000 mètres d’altitude à 5 degrés environ. On nous oblige à mettre les parachutes. Eh oui, il va falloir sauter dans le vide ! Qui d'entre nous est prêt à y aller en premier ?
Allez, je plaisante, point de parachutes à bord. Et en plus, il y a le fameux filet de sécurité qui nous tient en respect à trois bons mètres de l’extrémité du plancher.
En vidéo ça donne encore mieux une idée de l'ambiance.
Pour finir de rassurer tout le monde, les deux parois de l’avion sont gardées par des load masters prêts à intervenir au cas où un photographe trop turbulent aurait l’idée de braver l’interdit pour s’approcher tout près du bord.
Tout ça pour signaler que ces tours spéciaux pour fanas d’aviation n’ont rien de dangereux et que chaque aspect de la sécurité semble avoir été pesé à l’avance afin de faire de ces vols passagers en avion cargo des expériences insolites, mais sûres.
Il existe même une consigne de sécurité, hélas trop bien fixée au mur pour éviter qu'un des nombreux aficionados présents à bord puisse la subtiliser discrètement pour enrichir sa collection…
La porte est refermée au cours de la descente.
Nous voici à Vitebsk, après un atterrissage sportif, ponctué d’un joli rebond. Une heure d’arrêt. Tout le monde descend.
Je traîne un peu à bord afin de faire cette photo de la cabine vide, d'autant que la porte cargo a été de nouveau ouverte, ce qui donne une luminosité inédite jusqu'alors.
Dommage, le tarmac est vide lui aussi.
Gros plan sur l'aérogare, que nous n'utiliserons pas. Pour ceux qui ont besoin d'utiliser des toilettes, personne ne nous ayant indiqué leur chemin à bord de l'Antonov, sans doute par pudeur, il faut savoir que cela a déjà été possible au bord de l'herbe à Minsk 1. Eh bien, la procédure est exactement la même à Vitebsk^^.
La volonté d’un groupe d’une dizaine de courageux marcheurs, dont je fais partie, de s’approcher de ces Antonov 2 que l’on voit au fond, sera vite dissuadée par un « niet » ferme et définitif des hommes en uniforme qui surveillent tout ça d’un œil discret mais efficace. Nos collègues ayant effectué le même tour en Antonov 12 au cours de l’après-midi auront plus de chance : c’est un paxbus de l’aéroport de Vitebsk qui les y conduira. Alors, Merlintour, deux poids, deux mesures ? ^^
Nos quatre PNT sont pour leur part totalement coopératifs et posent même avec le sourire.
Troisième et dernier départ de la matinée pour l’Antonov 12 et sa cargaison improbable.
On roule porte de soute ouverte. C'est parti pour une nouvelle vidéo.
Elle sera refermée au seuil de la piste, juste avant le décollage.
Environ ¾ d’heure de vol pour rejoindre Minsk 2. Séquence Produit vol à présent. Afin que nous nous restaurions un peu, l’organisateur a pris soin d’embarquer dans un grand carton des bouteilles d’eau et des sandwiches (rosbeef ou saumon au choix) confectionnés la nuit précédente à l'hôtel où nous avions passé la nuit à Minsk. Désolé, pas de photos de ce catering de fortune, sur lequel se sont précipités comme des morts de faim certains participants au voyage. Sceptique quant à la qualité du produit, et pas vraiment enclin à me bagarrer pour si peu, j'ai préféré passer mon tour…
Il y aura de nouveau le spectacle captivant de l’ouverture de la porte cargo en plein vol, de manière à ce que nous en prenions une dernière fois plein les yeux et plein les narines, car le souffle du vent glacial à cette altitude n'est pas neutre, déjà que la température portes fermées dans cette partie de l'avion n'excède pas 15 degrés.
Ceci dit, quelque soit la température, les narines n’ont pas besoin de ça, Rien que l’odeur d’huile de moteur qui se diffuse à bord mérite le voyage. Elle me rappelle étrangement celle des vieux rafiots de la « Transat » que je prenais gamin entre la Corse et le Continent pendant des traversées interminables parfois sous les éléments déchainés. Inutile de faire un dessin de ma préférence pour l’avion dès que j’ai été amené à en faire l’expérience… Pour en témoigner rien ne vaut une petite vidéo.
Atterrissage en douceur à Minsk 2. Il est 12h40. Exactement l’horaire qui figure au programme. Roulage court vers le même point de stationnement que nous avons quitté 3h et 40mn plus tôt.
Bravo messieurs les PNT. Belle balade, non ?
Après avoir débarqué, une dernière photo full profile de notre An-12 sous le soleil.
Nous quittons cet appareil d’un autre monde à bord d’un pax bus qui nous ramène… où ça, à l’aérogare ? Pas si sûr, mais pour cela, encore un peu de suspense… Rendez-vous à dans un futur FR.
J'espère que ce récit vous aura plu autant que j'ai eu de plaisir à le rédiger quelque six mois après cette expérience inoubliable. A très vite pour la suite…
Rien d'autre à dire que wahouuu !! Quelle expérience fantastique !! Merci pour ce partage. Le FR sur le TU154 me rappelle un Moscou Nice de 2007 où j'avais eu la chance d'avoir un changement d'appareil et voler sur du vieux russe au lieu d'un 319. Un beau voyage dans le temps, que tu nous offre, je suis fan !!
Merci du commentaire. Eh oui, pouvoir voler en Tupolev, Ilyushin ou Antonov devient de plus en plus rare, alors il ne faut rater aucune occasion car c'est bien connu, ensuite il sera trop tard...
Un Antonov 12.........
C'est sublime....
Qu'avions nous sur terre des HY Citroen ?
Nous voilà transportés (le mot est faible).
Je trouve curieux, la notice de sécurité en anglais et le nom AN 12 écrit en lettres latines.
Bravo et on attends la suite.
Bonne fin d'année.
vincent
Merci beaucoup, et meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Il y a en effet souvent des paradoxes sur ces avions, comme vous le soulignez à propos de la langue utilisée. Soit il s'agit de pièces récupérées ailleurs, soit de traces ineffacées de locations temporaires sous d'autres cieux, soit les deux...
Je suis frappé par le faible nombre de compagnies aériennes étrangères apparaissant sur le FIDS. MSQ n'attire guère, apparemment.
Un jet privé de la République pour la première dame du pays. On n'a jamais osé cela à l'Ouest !
La vue des deux moteurs en vol est superbe !
Pas de Cooper vane sur cet appareil ?!
Vraiment dommage pour les An-2 !
Merci d'avoir revécu pour nous ces vols exceptionnels:)
Cet ancien jet officiel n'a rien de scandaleux, puisque c'est bien Ioulia Tymochenko elle-même qui a été premier ministre du pays de 2007 à 2010. Par ailleurs, comme elle et son mari sont parmi les plus importants oligarques du pays, je pense qu'ils sont en mesure de se payer bien plus récent et confortable que ce Tupolev 134 ;)
Honte sur moi d'avoir lu en diagonale cette légende alors que je connaissais le nom et la fonction passée de Ioulia Timochenko ! :(
C'est moi qui vous remercie de votre intérêt pour ce genre de FRs, toujours avantageusement complétés par des commentaires. Eh oui, B2 est ultra-dominant à MSQ. A part la diaspora locale, les pax en transits et les AvGeeks en mal d'émotions fortes à bord d'avions hérités de l'ère soviétique, pas trop de raisons de passer par là effectivement. Ce n'est pas la destination city break idéale comme le sont PRG, VCE, BCN ou LON^^...
Cet avion m'évoque davantage les B-17 du siècle dernier que l'an 2016 qui arrive bientôt ^^ Toutes ces aiguilles dans le cockpit, rares sont les PNT d'Airbus/Boeing aujourd'hui qui seraient capable d'y comprendre quoique ce soit !
Confort minimal à bord, mais l'ouverture de la porte arrière a du être un moment intense.
Superbe expérience, merci de l'avoir partagé !
A bientôt
Merci du commentaire et à très bientôt !
Merci pour ce magnifique FR ! L'avgeek-omètre s'affolle devant tant d'aiguilles physiques et d'huile de moteur :)
Effectivement, 52 ans, il faut en profiter, d'autant que l'actualité géopolitique doit faire voler ces avions cargo bien plus que ceux d'Air Koryo, entamant d'autant leur potentiel.
Les AN-2 avaient-ils qqch de spécial ?
Attendant très impatiemment la suite :)
À bientôt
Merci à vous. La suite (et fin...) est maintenant disponible (Il-76). Les An-2 rouges qui stationnaient au loin à VTB me semblent être équipés pour de l'épandage agricole, et donc à priori peu sujets à espionnage de la part du monde occidental^^ ! Je pense que la réaction des autorités qui a été de nous empêcher de continuer notre longue marche en leur direction est liée à de vieux réflexes de pays totalitaires où -par nature- tout ce qui n'est pas expressément autorisé est interdit. Le sujet a dû être clarifié assez rapidement puisque comme on a pu le voir, le groupe de l'après-midi a été autorisé à approcher ces An-2 et à les photographier. A bientôt.
Merci pour ce FR Kamarade.
Décidemment, les vieux coucous de derrière les fagots existent encore. Il faut juste les chercher.
Que fait donc cette compagnie quand elle ne balade pas les avgeeks en Biélorussie ?
Merci. Ruby Star fait du cargo ad-hoc aux quatre coins du monde : matériel en tout genre vers des chantiers majeurs, expéditions plus ou moins officielles vers les pays en conflit, grosses pièces détachées -notamment d'avions- en cas d'AOG, etc...
Merci pour ce FR !
Toujours impressionnant de voir cette vielle mécanique !
Les seuls fois où la porte d'un avion s'ouvre devant moi, je descends sans l'avion ^^
A bientôt pour la suite
Il y a effectivement quelques histoires plus ou moins cocasses d'ouverture de portes d'avions en plein vol qui ont été moins maîtrisées qu'ici^^... Merci et à une prochaine.
Merci pour ce partage passionnant, comme à l'accoutumée.
Quelle expérience que cette trape ouverte en vol!
Superbe photo des moteurs comme déjà souligné par Marathon
Merci à vous. Une chance d'avoir pu faire cette photo des moteurs car les rares hublots de l'avion étaient assez pourris...