Pour une fois, je suis allé acheter mes billets d'avion pour ce petit voyage découverte de l'archipel Matsu à l'aéroport, ce qui me donnait un prétexte pour m'autoriser une séance de spotting au seuil de piste ensuite. Comme mes lecteurs le savent, c'est à l'enregistrement qu'on achète un billet (ou paye un billet réservé par téléphone)

Cela serait probablement allé plus vite par internet, car présenter une carte de résident et la photocopie d'un passeport étranger, avec des noms barbares qu'il faut bien raccourcir puisqu'ils comportent un peu plus de lettres que les trois (très rarement deux ou quatre) idéogrammes des gens civilisés.

Le jour J, en revanche, aucun problème pour s'enregistrer et obtenir un hublot à gauche. Mais exceptionnellement, c'est un FR couloir, car j'ai laissé le hublot à Madame, en restant à côté d'elle pour commenter.

Quatre vols Uni-Air sur cinq complets dans les prochaines heures.

Autre rareté dans mes FR taïwanais intérieurs, le passage par la case dépose bagage, qui n'a rien de très excitant.

Les Taïwanais sont décidément fâchés avec les transcriptions du chinois en alphabet latin, car je n'ai jamais vu Matsu transcrit d'une manière aussi créative, sur ce minimaliste ticket de bagage, présenté ici recto-verso.

Il y a nettement plus de monde dans les confortables canapés de la zone publique qu'à l'heure des premiers vols du matin.

La luminosité de mon écran est un peu faible en mode autonome, mais le wifi gratuit me permet de caser l'écran corporate.

Ce qui ailleurs seraient les comptoirs de vente ne traitent que les listes d'attente. Les PAX s'inscrivent sur les feuilles au premier plan, une par destination.

La liste d'attente est ensuite affichée à l'écran, destination par destination. De gauche à droite : le numéro d'ordre, le numéro partiellement masqué de la carte d'identité, et le nom complet. Ce jour là, la liste d'attente pour LZN ne comporte que deux noms. Il y a souvent des no-shows, puisque cela ne coûte rien, et je pense que M. Chen Jin-yuan et Mme Xu Jia-peng ont pu prendre l'avion.

Un groupe dépose ses bagages au comptoir Uni-Air.

Passage sans problème du contrôle de sécurité, pour arriver dans la salle d'embarquement qui n'a pas changé depuis deux semaines.


TSA va jusqu'à dérouler le tapis rouge devant moi pour aller faire un peu de spotting à l'étage des embarquements au contact.

Il y a zéro embarquement au contact prévu à courte échéance, et l'étage est désert. Vous vouliez savoir ce que voit le personnel au sol derrière son comptoir d'enregistrement ?

Ce n'est pas très passionnant, autant regarder dehors la zone domestique, car on ne voit de la zone internationale que l'empennage d'un 767 JAL.

A dire vrai, il n'y a pas beaucoup d'appareils sur le tarmac, à part les Gulfstream de Win Air, une compagnie taïwanaise qui fait des vols à la demande.



Un Beech 1900C gouvernemental passe pour rejoindre la piste

L'épave dépouillée de ses réacteurs d'un MD-82 Far Eastern Air Transport.

Retour au niveau inférieur ayant épuisé les maigres possibilités de spotting.

Le vol GE233 (Transasia Airlines ) pour Kinmen est annoncé en retard par une voix synthétique
- en mandarin / japonais / taïwanais
- puis deux fois en mandarin / anglais / taïwanais
- puis deux fois en mandarin / hakka
Avec cela, si on n'a pas compris le message ! (le taïwanais est dérivé du minnan, qui avec le hakka sont deux langues chinoises de la province du Fujian, en face de Taïwan)

En revanche, pas de problème pour le moment chez Uni-Air, enfin, il faut le dire vite?

? car à son tour, notre vol est annoncé en retard en live en mandarin / taïwanais (deux fois).

Mais que les anglophones se rassurent, on passe ensuite en voix synthétique en mandarin / anglais / taïwanais pour préciser? que l'heure du vol sera annoncée plus tard. Et en effet peu après, le vol est annoncé repoussé à 9h40.
D'ailleurs, le tableau est mis à jour par une employée presque aussi souriante que ses collègues de carton.

Il y a un grand ciel bleu à Taipei, mais à cinquante minutes de vol de Dash-8 de là, ce n'est pas très bon, et l'heure de départ sera annoncée ultérieurement

Le vol est encore à l'heure au tableau général

? mais pas pour longtemps

D'ailleurs, le tableau blanc est mis à jour à son tour

On embarque donc avec dix minutes de retard?

? dans ce PAXbus qui a des portes sur toutes les faces, avant et arrière compris.

Le 767 JAL passe, malheureusement masqué par du matériel au premier plan.

.. suivi par un ATR-72 Transasia Airlines

Au passage, depuis le PAXbus, un MD-90 Uni-Air aux anciennes couleurs

Un vrombissant ATR-72 Transasia Airlines au départ


Et arrivée devant ce Dash-8 qui n'est pas entièrement prêt, car les portes du PAXbus restent longtemps fermées.

Pas d'incertitude : on va bien à LZN (Nangan) , cf. la pancarte sur l'escalier.

Le petit délai d'attente permet d'immortaliser ce C-130 au passage

Et le décollage du 767 JAL au fond

Le CdB de notre vol

On embarque

Fermeture de la soute à bagages

Un turboprop, c'est très silencieux

Puisque c'est écrit, c'est que c'est vrai


L'une de mes vues préférées des Dash-8

Je n'ai pas vérifié si la roulette était sur la marque, mais elle ne devait pas être bien loin.

En revanche, dès l'arrivée à mon siège, une chose est certaine : le hublot est sale, et même très sale.

La fiche de sécurité, très gondolée a aussi connu des jours meilleurs.

L'avion est plein, même les sièges en vis-à-vis à l'avant droit.

L'hôtesse fait le topo standard aux occupants de ces sièges situés aux issues de sécurité.

La cabine, vers l'arrière

Cette photo mérite une explication : le PAX à droite s'était glissé un débris sous l'ongle et cherchait vainement à l'extraire (cela avait commencé dans la salle d'embarquement). Une PNC lui a apporté un minuscule nécessaire à couture (du genre qu'on trouve dans les chambres d'hôtel) pour en utiliser l'aiguille. Un point de bonus PNC.

Le pitch, avec des chaussures ayant plus vécu au Japon qu'à Taïwan, car achetées juste avant l'A/R précédent à KIX.

Beau ciel bleu au décollage

Une PNC distribue des journaux taïwanais, et va chercher dans un coffre à bagage différent deux exemplaires d'un journal en anglais. C'est un journal taïwanais, car on est en République de Chine.

Début du service

Suite à un malentendu, j'ai droit à un verre de thé (mauvais, très mauvais), et un verre de café (rendu acceptable par le lait et le sucre, déjà inclus dans la cafetière).

Au lieu de se surveiller mutuellement, les garde-côtes chinois et taïwanais feraient mieux de surveiller les navires qui procèdent à des dégazages sauvages en mer de Chine (c'est la traînée au centre de l'écran)

Gros plan sur l'objet du délit, après traitement d'image

L'avion descend sur LZN dans une purée de pois épaisse, le train n'est pas encore sorti, quand soudain le pilote remet les gaz et remonte. L'avion vibre de manière impressionnante (The Quiet One ?). Quelques minutes plus tard, annonce en mandarin du CDB :
La météo est trop mauvaise et le plafond est trop bas à Nangan; nous allons tenter de nous poser à Beigan.
Mme Marathon commence à échafauder les plans B et C :
- Beigan, c'est tout près, la météo sera pareille. Et si on ne peut pas se poser à Beigan, on va où ?
- Le plus proche aéroport, c'est Fuzhou (FOC)
- Mais c'est en Chine, on n'a pas de visa ? [et moi, pas de passeport, juste ma carte de résident taïwanais]
Elle n'est pas la seule à s'inquiéter car les deux PNC s'approchent de moi avec un phrase-book en anglais ouvert. Je leur dis immédiatement en mandarin :
- Je sais, nous allons à Beigan, n'est-ce-pas ?
Soulagement immédiat des deux PNC, qui manifestement redoutaient de devoir expliquer la situation à des étrangers, alors que leur lecture laborieuse du topo standard en anglais avait démontré qu'elles étaient incapables de communiquer dans cette langue.
MFK se trouve certes à quelques kilomètres de LZN, et par coïncidence, les pistes sont quasiment alignées, mais il s'est bien écoulé une dizaine de minutes dans la même purée de pois avant qu'on ne sorte sous les nuages, au moment où le train est descendu.
On aperçoit Beigan : ce n'est plus le hublot qui est rayé, mais la météo qui est vraiment pourrie.



L'énorme différence entre LZN et MFK, c'est que la piste de LZN a été taillée dans une colline à 35 m au dessus de l'eau, alors que celle de MFK est au ras de l'eau, en partie sur une digue. Trente-cinq mètres plus bas, ce qui permettait au Dash-8 de passer tout juste sous le plafond requis pour atterrir.

J'ajouterai que la piste de LZN se termine aux deux extrémités par un à-pic. Comme l'a dit Leadership, cela relève du posé sur un porte-avion. Et rater un appontage, c'est très malsain. Mieux vaut renoncer quand on ne le sent pas.

Arrivée à MFK du vol B7305 TSA-LZN. La PNC annonne en anglais We hope that you have enjoyed your flight and hope to see you again. Uni-Air ne prend pas de risques à espérer revoir ses PAX, vu qu'elle a le monopole sur la desserte de l'archipel, et oui, j'ai beaucoup aimé ce vol beaucoup plus intéressant que les précédents.


Dans la minuscule salle de livraison des bagages, la carte résume la situation : nous sommes arrivés à MFK, à l'extrémité nord-est de l'île de Beigan, dont le port se trouve à l'extrémité sud-ouest, à cinq-six kilomètres de là.

Le tableau des arrivées du jour est incomplet

Le pick-up qui apporte les bagages

A la sortie du terminal, pas question d'hésiter : un Dash-8 complet de PAX à destination de LZN vient d'arriver à MFK, où il y a cinq taxis. Je vais immédiatement à l'un d'eux pour aller au port. La chauffeuse me dit avec civisme qu'elle va prendre un PAX de plus, et par civisme j'accepte qu'ils soient deux.

Donc direction le port de Baisha

? où le taxi ne s'attarde pas : il y a d'autres clients qui attendent

Achats de deux billets pour le ferry inter-îles, et on embarque. Tous les employés des ports taïwanais portent le même uniforme haute visibilité orange.

Et c'est parti, il ne fallait pas tarder, car il n'y a qu'un ferry par heure.


Une justaposition inhabituelle : l'étiquette de bagage enregistré vers LZN et la bouée de sauvetage.

Mais que serait un FR Marathon sans Hello Kitty ?

Au loin, c'est Nangan, où la météo est vraiment pourrie

Au fait, la cabine : du 3+3 à l'arrière de l'appareil

En descendant un escalier, on découvre un salon sous le rouf en classe avant (en fait, c'est classe unique à bord).

Pour ce qui est des IFE et du service à bord, c'est néant.
On s'approche de Fu'ao, le principal port de l'archipel, situé à Nangan. Au fond à droite, c'est le célèbre panneau géant affichant le slogan Dormir sur des épées en attendant l'aube, souvenir de l'époque où l'archipel de Matsu était sur la ligne du front entre la Chine et Taïwan. Au premier plan, une vedette des garde-côtes taïwanais part en patrouille.


Arrivée à Fu'ao

Il ne reste plus qu'une petite course en taxi pour rejoindre Jieshou, le très modeste chef-lieu de l'île. Le gîte où Leadership m'avait vu réserver une chambre sans la visiter ne payait pas de mine, mais la chambre était à la hauteur de mes attentes. Dans quels hôtels 4* avez-vous deux ordinateurs connectés à internet par chambre ?

En face, ce slogan nationaliste, où le phare de Taïwan éclaire la Chine, avec le slogan Unification de la Chine selon les Trois Principes : souvent résumés en Gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ce sont les trois principes démocratiques posés par Sun Yat-sen lors de l'établissement de la République en Chine en 1911.

Ce FR s'achève à l'aéroport désert de LZN

? et au point de vue sur sa piste et son tarmac tout aussi déserts

Etant enfin arrivés à LZN, c'est la fin de ce FR, avec ce duo de cartes d'embarquement aérienne et maritime

En bonus, voici à quoi ressemble le spotting à LZN, quand la météo permet d'y atterrir. C'était lors de mon daytrip avec Leadership deux semaines plus tôt.
A droite, l'extrémité de la piste; les Taïwanais ont construit la raquette de retournement sur poteaux de béton. En contrebas, c'est le scooter qui nous a transporté pendant la journée

Le Dash 8-300 approche : c'est le même B-15237 qui nous a convoyé le matin et le soir

Le voici posé devant le terminal avec la tour de contrôle au fond.

Depuis un autre point de spotting proche de la tour de contrôle

L'avion remonte la piste

Fait demi-tour sur la raquette

S'élance sur la piste

Et décolle, parallèlement à son ombre sur la piste

Au fond, c'est Beigan, et juste au-dessus de la deuxième branche de l'arbre, c'est la piste de MFK.

En bonus du bonus, voici la base navale de Beihai, creusée avec des moyens rudimentaires, qui permit de rendre la flotte des vedettes et chalands de débarquement invulnérables aux bombardements chinois. A marée basse, elle est encore plus jamesbondienne, car on peut la parcourir entièrement.

Et cette petite redoute protégeant le port de Jinshan, ornée des slogans suivants :
- Sang de fer
- Vaincre les communistes
- Résister aux Russes
- Tuer Zhu De (le plus haut gradé chinois)
- Ecarter Mao Zedong

Pour revenir au sujet, ce fut un bien beau vol vers LZN/MFK.
Same player, shoot again : le retour vers TSA fut également épique, et je vous laisse en supputer les péripéties avant d'en lire le FR ici.
J'aime bien la raquette en bout de piste : on a le choix du demi-tour à gauche ou à droite !
Bravo pour ce FR... Tellement bien réussi que l'on s'y croirait plus dans le FR de Marathon que sur place ;)
Merci pour ce FR.
Avec ce 5e TSA/LZN théorique de novembre, la ligne est aussi populaire que CDG-GVA en juillet ou que CDG-FRA le sera en décembre!
Concernant le changement de destination, y a-t-il une quelconque compensation de la part de la compagnie car les deux aéroports sont sur des îles différentes tout de même.
Quant aux PNC qui ne redoutaient de devoir vous parler en anglais, cela marche aussi au Japon. Et c'est pas facile de se comprendre. Heureusement que vous avez un point commun avec James en plus de connaître ses cachettes à bateaux, sa maîtrise des langues orientales!
Super FR, complet et agréable à lire ;)
Pour moi Le \Fokker 50 Gourvernemental\ ressemblerait plus à un Beech 1900C mais à confirmer :)
@Olrik : je n'ai pas cherché à savoir s'il y avait possibilité de compensation. Je n'ai pas non plus cherché à attendre un éventuel bus affrété (peut-être) par Uni-Air pour atteindre le port, car je connaissais l'horaire des ferries entre les îles. Le trajet complémentaire m'a coûté 200 TWD / 2 (taxi 1) + 120 TWD x 2 (ferry) + 100 TWD (taxi 2) = 440 TWD, soit 12 EUR pour deux... de la petite monnaie.
@pilote76400 : c'était l'erreur d'identification signature de mes FR ;)
Autant pour moi :D
Merci pour cet excellent FR très intéressant et plein de péripéties !!
Vivement la suite !!
Merci pour ce FR sur une ligne très connue sur le site mais qui réserve des péripéties :)
Belles photos et merci pour les instants maritimes et bonus.
Merci pour ce FR ... marathonien
Le retour devrait être aussi très intéressant ;)
Merci pour le FR
Ben dit donc, mes FR sont a l'honneur sur tes photos corporate marathon :D
Avant de découvrir le commentaire d'Olrik, j'avais déjà préparé le mien, qui du coup semble réchauffé mais que je servirai quand même :)
Si Flight Report avait été un site Taiwainais, voilà à quoi ressemblerait un sempiternel FR sur une navette AF :) Mais comme le site n'est pas taiwanais, ce FR reste encore une très plaisante page de paysement. Merci !
Quelques péripéties sur ce vol et je vois que je ne serais pas le premier à poster un boat report sur FR. Le bateau aux Marquises est bien moins calme que dans les eaux taiwanaises. Mais il va falloir attendre, j'ai une dizaine de FR en retard...
Effectivement faut pas se louper à LZN, sanction immédiate en cas d'atterrisage raté !
Un FR à rallonge \all inclusive\. Pour l'intrigante suite, je me lance avec un RTO...
merci pour ce moment d'évasion
Merci pour ce FR !
Salut François,
Tout d'abord ne te fâche je n'ai commenté quasiment aucun FR dernièrement, même les miens je n'ai pas répondu aux questions ^^
J'ai mis du temps à comprendre pourquoi sur les écrans tu allais à LZN et non pas à MFK, ton FR me pose problème car la destination d'origine c'est LZN et donc il devrait logiquement etre référencé en LZN, MAIS comme le vol s'est terminé à MFK et sans prise en charge par la compagnie (réclamation par la suite?), je comprends le fait d'avoir choisi MFK.
En tout cas ta femme n'a pas eu autant de chance que moi pour le temps, c'est sur que dans ses conditions c'est beaucoup moins drole, l'avion me semble aussi plus agés que le notre, les sièges et habillage cabine sont différent.
Merci pour ce FR et ce bonus touristique qui me semble si familier et qui me rappel d'excellents souvenirs.
A bientot.
@Leadership : j'ai hésité sur le référencement : LZN ou MFK ? j'ai fait le même raisonnement que pour un partage de code : même si on a acheté un billet AFxxx, on référence KLxxx si c'était un appareil KL. Ici, c'était un billet TSA-LZN, mais il a atterri à MFK, et effectivement, je n'ai pas voulu perdre de temps à attendre un bus. Je crois qu'il n'y avait aucune jurisprudence (lol) sur le site, mais je n'ai aucun problème à changer le référencement si tu préfères.
PS : les admins ne sont pas tenus de commenter tous les FR, même quand ils connaissent très bien les lieux ;);)
Merci pour ce FR!
En relisant ce FR, j'ai fini par me ranger à l'avis de Flavien, et j'ai changé la destination en LZN au lieu de MFK qui était l'aéroport de déroutement.