Avis du vol entre Shanghai et Taipei en classe Economique avec China Eastern

C'est le dernier segment d'un A/R en éco vers la mère patrie via la Chine. Si vous avez raté les épisodes précédents, et tout particulièrement si vous avez une insomnie, je vous conseille de lire d'abord ces FR :
TPE ? PEK (Air China, 333)
PEK ? CDG (Air France, 77W)
CDG ? PVG (China Eastern, 332)
PVG ? TPE (China Eastern, 333) VOUS ETES ICI
Je surveille ma montre, et ayant passé une heure avec un ami à son bureau dominant la Place du Peuple, un nom souvent donné à la place centrale des villes chinoises, il est temps de revenir à PVG, ayant bénéficié d'une exemption de visa pour cause de transit (attention, cette facilité n'est pas ouverte à toutes les nationalités). Le réseau de galeries sous la Place du Peuple est à l'image du réseau de métro de Shanghai, à savoir tentaculaire, mais la signalétique est excellente. Passés les portillons, il y a beaucoup d'indications au sol comme celle-ci.

Je fais l'impasse sur le trajet en Transrapid : c'est comme à l'aller et la plage de circulation à très grande vitesse est tellement étroite qu'il est déjà revenu à son allure maximum de 301 km/h. Ce n'est pas encore cette fois-ci que je battrai mon record de vitesse dans un engin terrestre.
Les compagnies Skyteam sont au Terminal 1, ainsi que quelques autres, mais c'est évidemment MU qui se taille la part du lion, car c'est son hub historique.

Le cheminement depuis la station du Transrapid est d'autant plus long qu'on finit par arriver à l'extrémité domestique du terminal 1, qui est un peu encombré. Heureusement que j'avais déjà mon BP délivré à CDG, car je n'ai pas une marge colossale.

Vous commencez à le savoir, les vols vers Taïwan ne sont pas internationaux, mais ils ne sont pas domestiques pour autant.

L'attente à l'immigration est plutôt longue, et le passage au PIF tout aussi long, d'autant plus que six PAX faisant état d'un départ imminent me passent devant avec la bénédiction des employés. A dire vrai, je suis dans la même situation qu'eux, car il est 11h59 quand je prends cette photo enfin airside, pour un embarquement à 11H40. En plus, n'ayant pas de bagage en soute, rien à mon sujet ne retient l'avion.

A la porte 19, c'est en effet le dernier appel pour le vol MU5007 vers Taipei. Le vol CI502 pour Taipei, déplacé de la porte 19 à la porte 17, n'est pas encore parti.

Autant dire que ce n'est pas le moment de se lancer dans une séance de spotting. De toute façon, comme vous le verrez, la visibilité ne s'est pas arrangée depuis mon atterrissage quatre heures et demie plus tôt.
Je ne saurai mettre en cause le germanique sérieux du voyagiste allemand qui m'a vendu mon billet, et m'a annoncé un 346 pour ce dernier segment.

D'ailleurs, une fois arrivé à Taipei, flightaware.com, un site dont je ne mettrai pas en cause le sérieux, m'a confirmé que le vol a été effectué en 346.

Mais en examinant la photo prise à la volée depuis la passerelle, j'ai un léger doute : le pilote chinois, dont je ne saurais mettre en doute le sérieux, n'a pas immobilisé le train avant sur la marque A340-600 (oui il y a des reflets, je n'avais pas le temps de fignoler?)

Pourtant, c'est indiscutablement un 346, faisant appel à mon talent d'identification devenu légendaire sur FR.

J'ai voulu revérifier la carte de sécurité, mais je suis décidément fâché avec les reflets, qui masquent précisément le type de l'avion.

Le diagramme de sièges en J sur seatguru.com ne me permet cependant pas d'autre choix que de référencer ce FR comme ayant été effectué dans un 333. J'ai un léger doute sur le sérieux de seatguru, ayant du mal à localiser mon siège 75L.

Comme on sait, j'ai été quasiment le dernier à embarquer. Le monde du voyage sur MU est décidément mal fait, car cela ne m'aurait pas gêné d'avoir un avion complet sur le court trajet PVG-TPE, alors que j'aurais volontiers aimé avoir le choix de lit lie-flat pour la nuit CDG-PVG.

D'autant que je n'aurais pas été gêné par un enfant situé aux emplacements des berceaux. J'ai compté 41 PAX dans cette deuxième cabine Y, soit à peine 1/3 de la capacité, et cela faisait visuellement beaucoup moins, car ils étaient plutôt rassemblés vers l'avant.

Démonstration de sécurité entièrement sur les IFE

Annonce d'un retard en raison du contrôle aérien : c'est bien un vol chinois. L'avion est toujours au contact, j'observe le personnel au sol terminer le chargement des soutes par des hublots maculés de gouttes de pluie. Les PNC n'interdisent pas de se déplacer, ce qui me permet d'immortaliser cette cabine décidément bien vide, peu avant qu'ils ne se présentent et s'inclinent devant les PAX.

Gros plan sur la publicité de l'appuie-tête : le maotai est un alcool très fort, assez cher et très prisé dans les banquets chinois. Je n'ai pas bien saisi la différence avec l'alcool à brûler. Celui-ci est produit dans la province du Guizhou, la plus pauvre des provinces chinoises, surtout connue dans le marché intérieur pour ses employées de maison, comme celle que j'avais à Beijing.

L'attente est interminable ; je continue mon FR du segment précédent comme l'usage des appareils électroniques ne risque pas de mettre en danger l'avion. Les PNC passent distribuer des verres d'eau comme lors du retard au départ de CDG.

Puisqu'on peut se déplacer un peu dans l'avion, je photographie le 744 KLM au contact à côté (la passerelle était vraiment spotter-unfriendly)

On repousse enfin à 13h21, soit avec 51 minutes de retard sur l'horaire

C'est parti pour une visite touristique de PVG, mais la visibilité est exécrable.
A330 Hong Kong Airlines

A321 Air China

738 JAL

A330 Aeroflot

744 cargo Korean Air

763 Shanghai Airlines

744 Eva Air, assurant la liaison court-courrier TPE-PVG

A320 China Southern

L'alignement d'appareil FM et MU stationnés au large, qui se perd dans la brume

On ne voit ici que trois des quatre A320 Juneyao Airlines stationnés côte à côte ; des PAX débarquent du premier.

On décolle enfin vers 13h45, soit 1H15 après l'horaire, après une longue attente (le contrôle aérien, encore) avant le seuil de piste. Le CDB annonce une durée de vol de 1H30.

Le siège 75L est à droite, donc à contre-jour, mais puisque je ne risque pas de déranger d'autres PAX, autant se déplacer pour avoir la vue de l'aile gauche.

Avec ZE winglet

Et cet appendice dont FR m'a appris récemment qu'il s'agit de l'orifice de largage du carburant.

La cabine étant décidément très vide, autant continuer à améliorer la prise de vue en allant à l'avant de la deuxième cabine Y, où le siège à l'issue de secours et au hublot est vide.

Nouveau winglet-shot

Et gros plan sur le réacteur pour les amateurs de Rolls

Pour ce qui est du paysage, vous avez vu qu'il n'y a rien à espérer, d'autant que la route aérienne est au dessus de l'océan. De toute façon, c'est l'heure de déjeuner, et il commence d'ailleurs à faire un peu faim, car j'ai pris mon petit déjeuner à 5heures du matin dans l'avion précédent.
C'est du standard chinois court courrier, sans choix de plat chaud, avec une salade de légumes (à Taïwan, le tofu de soja est considéré comme un légume dans le langage courant), un riz-poulet très correct, du pain et un gâteau génoise+garniture au marron qui est nourrissant donc bienvenu.

Tout ceci n'est pas de la haute gastronomie, mais c'est bon, et c'est dans le haut de la fourchette de ce qu'on peut avoir dans le monde en éco à bord d'un vol de 1h30 à l'horaire et 1h15 en réel. Je l'ai préféré au repas à bord du vol TPE-PEK de l'aller, qui durait une heure de plus
Le tout est servi très rapidement puisque le vol est très peu rempli, et un PNC passe me proposer spontanément un deuxième gobelet de café (de qualité moyenne).

Je suis du mauvais côté pour voir Taïwan à l'arrivée, et j'ai eu la flemme de me déplacer, mais la météo étant ce qu'elle est, les vues ne devaient pas être exceptionnelles.

Finale sur TPE piste 23R, une orientation assez inhabituelle.

Dommage que l'air soit si brumeux, j'aurai bien aimé avoir une meilleure photo de cet appareil FAT (Far Eastern Air Transport) décoré d'une publicité sur fond rouge.

Oui, bon, j'ai tellement l'habitude des MD-82/83 de FAT que j'ai indiqué ce type machinalement avant de corriger. Il y a un 757 sur la page d'accueil du site internet de FAT, mais c'était la première fois en deux ans que je voyais un (et même deux) 757 FAT en vrai ;)
Arrivée au contact au Terminal 2 à 15h06, soit 66? de retard sur l'horaire.

Le cheminement est rapide, ici, c'est la bifurcation arrivée / correspondances.

On domine l'extrémité rarement utilisée des comptoirs de la douane avant de descendre d'un étage.

A l'immigration, ma PAFette compense son visage ingrat par un sourire de PAFette taïwanaise, aussi large et naturel qu'il possible d'imaginer, en me rendant mon passeport et ma carte de séjour. Je la remercie :

C'est à cet instant que je suis rentré psychologiquement à Taïwan. Cette expression (littéralement : « il n'y a pas lieu [de remercier] ») est typiquement taïwanaise ; la réponse est différente en Chine. Bien sûr, quiconque vit à Taïwan utilise cette expression quasiment par réflexe, moi compris, mais cette formule de politesse de la part d'une fonctionnaire de l'immigration fait partie des petits plaisirs de la vie à Taïwan, et depuis quelque secondes, je suis techniquement à Taiwan.
Pas de bagage en soute ; je vais directement vers la douane.

Et vers ce panneau de bienvenue qui affiche une confortable (sic) température de 23°C, alors qu'il gelait à Paris, avec une photo géante des orgues basaltiques de l?île de Huching, dans l'archipel de Penghu.

Evidemment, il faut y aller au soleil couchant pour avoir un si bel éclairage, or les bateaux des excursionnistes partent tôt le matin de Magong (MKG).

Personne ne m'attend landside, au fond à droite, c'est le couloir d'accès aux bus vers le centre-ville.

L'archipel de Penghu est à nouveau à l'honneur avec cette autre publicité. Ce piège à poissons, submergé à marée haute, a été construit au siècle dernier par les frères Yen Chong et Yen Yuji.

Il se trouve sur la petite île de Qimei. Pour les amateurs de day trip exotique, je signale que Daily Air assure une liaison KHH-CMJ-MKG et retour en Dornier 228.

Nous n'en sommes pas là, mais à l'arrêt du bus 1819, qui comme tous mes lecteurs et visiteurs le savent, est le semi-direct vers la gare centrale de Taipei, pour la modique somme de 125 TWD.

FR est bloqué par la censure en Chine, et je n'avais de toute façon pas du tout le temps de surfer à PVG, mais ici, je suis à Taïwan, et ma clé 3G me permet de caser in extremis l?écran corporate de rigueur.

Avant d'arriver à la façade est de la gare centrale de Taipei, vingt-cinq heures dont une de sommeil après avoir quitté mon domicile parisien.

Heureusement que le surlendemain, le jeudi 28 février, est un jour férié à Taïwan, ce qui me permet une reprise en douceur. Le fait que le 28 février (« 228 », comme le disent les Taïwanais) soit férié illustre s'il en était besoin le fait que Taïwan a fait son devoir de mémoire des pages noires de son histoire.
Je n'ai pas assisté à nouveau aux commémorations, dont vous pouvez trouver un résumé dans le bonus touristique de ce FR.
Dans ce parc 228, à côté de la pierre marquant l'entrée du Musée du souvenir 228, se trouve l'un des quelques cent mille poteaux de la paix dispersés dans le monde, à l'initiative du Japonais Masahisa Goi (1916-1980). Ils portent toujours la prière « Puisse la paix régner dans le monde », en plusieurs langues. Remarquez que la traduction n'est pas la même en chinois simplifié au centre et en chinois traditionnel à droite, alors que c'est la même langue.

Je n'en ai jamais vu en Chine, sans doute parce qu'il est d'origine japonaise, et pourtant cette prière a tout son sens dans ce triangle Chine ? Japon ? Taïwan.
Regardez ces trois tampons dans mon passeport : ce sont deux vols dans ce triangle, avec KIX-TPE le 8 novembre 2012 et PVG-TPE le 26 février 2013. Le tampon chinois rouge est similaire à celui apposé à PEK, mais je n'ai pas eu l'encombrant tampon indiquant une date limite de départ, car ce transit était à l'intérieur de la même journée.
Entre les deux vols, le tampon d'entrée à Taipei a changé : le sobre acronyme « ROC » (Republic Of China) a été remplacé par « ROC (Taiwan) ». Le nom de Taïwan surmonté du mot « République » en chinois doit faire grincer des dents en Chine, et ce n'est sûrement ni un hasard ni une maladresse.

C'est une réplique évidente à l?émission en novembre dernier d'un nouveau modèle de passeport par la Chine populaire, qui comporte une carte incluant toutes les revendications territoriales chinoises, y compris notamment Taïwan. Les pays riverains ont protesté, l'Indonésie (je crois) apposant sur les passeports en question un tampon correctif.

© Reuters/Wall Street Journal
Et pour enfoncer le clou vis-à-vis de Taïwan, une autre page de ce nouveau passeport chinois comporte en image de fond la petite île Lalu à Sun Moon Lake, un site taïwanais mythique pour ses habitants (et très surfait à mon humble avis).

L?île Lalu, à Sun Moon Lake
La formule japonaise des poteaux de la paix signifie littéralement « Que les peuples du monde soient en paix ».

Je partage cette prière avec tous les grands voyageurs qui dialoguant avec les peuples du monde entier ?uvrent pour cette paix.