Goûter au fruit défendu ?
Bien des gens ont un avis tranché sur la question Ryanair. La sulfureuse compagnie avec à sa tête le non moins sulfureux Michael O’Leary fait l’objet de bien des critiques, d’envolées lyriques, d’avis bien tranchés. Moi-même, j’ai beaucoup lu d’articles à son sujet. Ainsi, j’ai dans ma bibliothèque bien des ouvrages ayant attrait au transport aérien, dont le fameux « Ryanair - low cost mais à quel prix ? » du Commandant de bord ayant pris comme nom d’emprunt Christian Fletcher. Les révélations dans ce bouquin font froid au dos - particulièrement en ce qui concerne le management de la sécurité et la pression sur le personnel, y compris navigant.
L’aspect social - réduit à la portion congrue - ne plaide pas non plus pour que la compagnie se voit attribuer un prix de bienveillance vis-à-vis de ses employés… De même, on a tous lu ou entendu des récits, anecdotes ou témoignages de passagers méprisés, laissés parfois sans information ou sans dédommagement. Enfin, la politique commerciale de Ryanair est souvent décriée car mal comprise car sans doute trop opaque.
On pourrait disserter pendant des heures sur les méthodes de la plus grande compagnie européenne en termes de passagers transportés… mais pour se faire une opinion, ne pas avoir une vision tronquée, le mieux est sans doute de tester le produit !
J’avais donc pas mal d’a priori sur Ryanair, de la manière dont elle a bouleversé le transport aérien, en le démocratisant certes, mais en emportant d’autres compagnies dans de violentes turbulences. Mais ce dilemme a été balayé par l’envie de voir de mes propres yeux la prestation de la bouillonnante irlandaise.
Comme pour beaucoup, 2020 a été une année presque blanche, 2021, un peu mieux. En 2022, je veux retrouver un bon niveau d’heures de vol, faire de nouvelles lignes, de nouvelles plateformes aéroportuaires… Alors je franchis le pas.
Un Lyonnais sur un vol Marseille - Lille ?
Mon choix se porte donc sur un vol franco-français. Ryanair ne pose pas ses roues en trafic normal à l’aéroport de LYS, cela m’oblige à regarder ailleurs. Je jette mon dévolu sur la ligne Marseille - Lille. Depuis Lyon, je peux accéder aisément à MRS, une gare étant située aux abords des terminaux. À LIL, les transports urbains permettent de relier l’aéroport aux gares en une quarantaine de minutes. Vu les horaires, je pourrais donc faire le triangle Lyon - Marseille - Lille - Lyon dans la journée.
J’ai le temps, et c’est par le chemin des écoliers et en TER que je rejoins la région Sud-PACA, confortablement installé dans une voiture Corail. Ce matériel quitte peu à peu la scène ferroviaire française, après plus de 40 années de service. Ça peut paraître long, mais les trains ont une durée de vie bien plus longue grâce à des modernisations profondes. En 1975, année de sortie des Corail (et de moi aussi), Boeing produisait des 727. C’est donc un âge canonique pour l’aviation, mais pas trop pour le matériel ferroviaire… et d’autant plus pour moi ! Voici le confort à bord et le défilé de Donzère, entre Drôme et Ardèche, où le Rhône se faufile entre massifs alpin et central. Ce dernier resserrent de la vallée est souvent appelé « Porte du Midi ». En effet, bien souvent, la météo plus clémente au sud de ce lieu.


Après un arrêt touristique en Arles, je poursuis mon chemin avec un autre train vers la gare de Vitrolles-Aéroport-de-Marseille.

Mauvaise, voire très mauvaise préparation de mon cheminement vers l’aéroport. Dans ma tête, on pouvait s’y rendre à pied. Soit je n’ai pas suivi le fléchage, soit il n’existe pas de solution pour les piétons.

Il n’y avait pas de navette à quai non plus. Qu’à cela ne tienne, je vais me débrouiller…

Décidément, on n’aime pas les piétons ici.

Et là, c’est clairement plus le domaine des piétons.

Après une traversée de chaussée un peu périlleuse je dois reconnaître, j’arrive en terrain plus civilisé pour bipèdes,

Me voilà en sûreté !

DéCouverte de l’aéroport de marseille-ProvEnCe
C’est donc une première pour moi. Après être passé tant de fois non loin (sur les rails), je peux découvrir les installations de la cité phocéenne.
Le terminal 1 pour commencer avec le FIDS de l’instant.



Mais c’est depuis le terminal 2 que Ryanair officie. Retour dehors.


En espérant que l’intérieur du terminal ne soit pas dans le même état que cette banderole…


J’ai ma carte d’embarquement dûment imprimée préalablement, je ne traîne pas pour passer air side.

Il y a pas mal de monde mais je mettrai précisément 16 minutes pour passer les contrôles. Ça reste correct et assez fluide surtout vu les départs en préparation.
Attente en attendant L’embarqement

Il n’a bien sûr pas grand chose à faire dans ce terminal, antichambre low cost. Pour les spotters, c’est pas le paradis, les vitres sont crades mais on est pas loin de la mer ce qui explique peut-être cette saleté.

Je m’occupe donc à la rédaction de ce report ainsi qu’à surfer sur notre site préféré.

C'est lui qui me permettra de rejoindre le sud de la France à celui de la Belgique !


Puis se pointe un 737-800 irlandais qui veut bien se montrer sous toutes ses coutures. Et c’est celui qui est prévu sur mon vol. On peut noter qu’il porte une inscription défraîchie vantant les mérites de Vitoria, au Pays basque espagnol.



Puis c’est l’annonce pour Lille.

Les priorités sont respectées et l’attente dans le sas sera de courte durée.
Personne pour m’interdire quoique ce soit, je refais quelques photos de l’appareil.



L’instant porte et le fuselage shoot.


À bord
L’accueil à bord est moyen mais les conditions de travail de PNC et l’enchaînement des rotations, la fatigue, la faible considération peut expliquer cette lassitude. Ce n’est que mon premier vol avec Ryanair, je ne vais écrire de généralités et surtout de certitudes.
Le commandant de bord nous annonce un départ à l’heure, un vol d’une heure vingt et des orages à l’arrivée qui devraient s’arrêter pour notre venue.
Je dirais que notre vol est rempli à plus de 90%.
En ce qui concerne l’assise, c’est pas terrible mais c’est pas une surprise. Le pas est juste pour mon mètre-quatre-vingt-cinq. J’en ai pour mes sous.


Le traditionnel instant F-OITN.

Pas de repoussage, nous sommes déjà orientés dans le bon sens.
On prend le taxiway pour rejoindre le seuil de la 13 left. On peut observer un 762 Star-Air et un 757 de DHL. Sur l’Étang de Berre, les Canadairs s’entraînent.



Et c’est parti ! Vue sur Marignane puis virage serré vers le ch’Nord.

La météo n’est pas extraordinaire, mais nous sommes en février. On devine au loin quelques sommets alpins.

Merci de laisser la carte de sécurité à bord. Ce sera fait !

À ce sujet, quelqu'un connait la signification de ce symbole ? Même pour un usager assez régulier du transport aérien et intéressé par celui-ci, je ne vois pas ce que ça signifie, ni même le bidule à côté de la paire de lunettes. Bref, c'est tout sauf clair cette "safety card" ce qui est un comble. Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne.

Je ne sais pas comment le dire ou l’écrire, mais au bout de trente minutes de vol, j’ai mal au c##, la méchante impression d’être assis sur un livre.
La vente à bord n’a pas rencontré un succès fou. Il faut scanner un QR code pour accéder à l'offre, ce qui est discriminatoire vu que tout le monde n'est pas sensé être en possession d'un smartphone ou d'une tablette. Le paiement se fait uniquement en CB. Un canette de soda vendue 2 euros me tentait bien mais quand j'ai vu qu'elle ne faisait que 15 cl, je me suis dit que ça faisait un peu publicité mensongère. Je n'ai donc rien pris.
Des cartes de loterie à gratter sont proposées aux passagers mais ne rencontreront pas de succès.
J’avais lu que les annonces commerciales avaient un niveau sonore élevé et était fréquentes. Ça se confirme. La vente de produits cosmétiques viendra compléter ce tableau de quasi « supermarché ».

Parfois, les trous dans les nuages laissent apercevoir quelques villes comme ici Le Péage-de-Roussillon puis Vienne, toutes deux en Isère.


J’ai pu deviner Lyon à travers le voile nuageux mais pas moyen de faire une photo potable.
Le Morvan se montrera un peu moins pudique.

L’arrivée dans la capitale des flandres
La descente s’amorce déjà après une croisière à 37 000 pieds.
Nous amorçons un large virage au dessus du département du Nord avec un survol de la Belgique dont notamment la belle ville de Tournai et ses impressionnantes carrières situées à ses abords, l'ancien poste frontière sur l'A27 puis un partie du triangle ferroviaire de Fretin.




Touché viril et freinage musclé. La tempête Eunice nous a laissé quelques restes.

Le débarquement est rondement mené. Cela dit, c’est une spécificité de cette compagnie dont une part de la réussite commerciale passe justement par des escales les plus courtes possibles. Et ça m’arrange plutôt vu que mon voyage ne s’arrête pas là.
Pas de "no photo" ici non plus.


L’aérogare de Lille-Lesquin ne figure pas au Guiness Book pour sa grandeur. On est bien vite sorti.




Ne pas se méprendre, le FIDS balaye trois jours.

Ce n'est pas une publicité mensongère !


Direction le centre-ville de Lille avec le bus 68 et la ligne 1 du métro VAL, le métro automatique. La liaison prend une quarantaine de minutes… enfin sur le papier. Après quelques arrêts, la rame reste à quai. Et ça dure. Il faudra évacuer et le trafic reste à l’arrêt pendant plusieurs longues dizaines de minutes.
Quand le service reprendra, les quais et les rames sont saturés, impossible de monter à bord. Je laisse passer une douzaine de métros, la situation ne s’arrange pas. Plan B, je sors et je finirai pas marcher jusqu’à la gare de Pont-de-Bois (Villeneuve-d’Ascq) où je trouverais un train pour Lille vingt minutes plus tard.

Tant pis pour la balade dans le Vieux-Lille. Je ne vous ferrais donc pas de bonus touristique.
J’ai juste le temps de m’enfiler une ambrée aux Trois Brasseurs et il déjà temps d’embarquer dans le OUIGO pour Lyon.


Excellent Comte rendu en mode expert qui résume bien le produit Ryanair. On dira que quand on n’a pas de bagages, que ça part et ça arrive à l’heure et que l’on n’a pas d’attentes particulières en termes de confort et de service vu le temps de vol réduit eh bien tout est parfait !
Je reviens sur l’absence de navette entre la gare de l’aéroport de Marseille et le terminal: c’est surprenant car pour avoir pratiqué cet acheminement à plusieurs reprises ces derniers mois je l’ai toujours trouvé ponctuel et efficace. Comme quoi tout peut changer d’une situation à une autre le trajet à pied étant effectivement périlleux car pas prévu comme tel à l’origine.
Merci pour le partage.
Merci pour la réponse et le compliment.
C’est exactement céans cette configuration que je voyageais. Je me vois mal avec femme et enfants pour aller dans les Canaries par exemple avec FR.
Je n’ai même pas chercher à voir s’il y avait une navette qui allait passer bientôt. Deux trains venaient de s’arrêter, il n’y avait rien, je n’ai pas chercher plus longtemps. Et puis j’avais le temps mais surtout la conviction qu’on pouvait le faire à pied. Quand on s’enferme dans ses certitudes…
Merci Greg pour le partage !
Tu confirmes ce que je dis toujours : RYR non, même pas les pieds devant ^^
Plus sérieusement c'est hyper complet et ça résume tout à fait ce qu'est Ryanair.
Je rejoins LL sur le cheminement de la gare de l'aéroport au terminal, pour l'avoir emprunté plusieurs fois, aucun soucis de navette pour moi, mais c'était en plein été et hors covid.
A bientôt !
Merci Esteban pour le commentaire.
Eh oui, Ryanair est vraiment une compagnie en marge, avec ses particularités que beaucoup détestent.
Pour les navettes de la gare à l’aéroport, je viens de trouver les horaires. Si j’avais mieux préparé ma « mission », j’aurais emprunté ces bus-là.