Avis du vol entre Vannes et Le Palais Bangor en classe Economique avec Finistair

préambule

Bonjour à tous,

Petit retour à mes premiers amours, à savoir les lignes régionales, et en particulier celles opérées en avion à hélices, et si possible ayant des caractéristiques originales, atypiques, voire même uniques !
A titre d'exemple, les cours vols inter-îles en Islander dans l'archipel des Orcades font partie de mes vols préférés.

Et vous allez voir, les 2 vols qui vont suivre font, eux aussi, désormais partie des plus beaux vols de ma vie ;)



En France, il reste une compagnie qui puisse offrir ce genre de vol : Finist'air. Bien connue sur FR car déjà reportée quelques fois, cette compagnie exploite la magnifique ligne Brest-Ouessant en Cessna Grand Caravan, un modèle impossible à prendre en vol commercial en Europe (mais fréquemment utilisé en Afrique, Amériques, Caraïbes). Cette ligne est sur ma to-do-list depuis longtemps mais d'autres priorités plus urgentes m'ont jusqu'alors détourné de cette compagnie jusqu'à l'été 2022.

En effet, cet été là, Finist'air inauguré d'autres liaisons estivales inédites à destination de Belle-Île. La rotation complète journalière de l'avion était la suivante :
Brest > Belle-Île > Vannes > Belle-Île > Rennes > Belle-Île > Brest. Très intéressant au niveau des destinations, mais là où ça devient bigrement intéressant, c'est au niveau des terrains de Vannes et de Belle-Île.

L'aéroport de Vannes-Golfe du Morbihan (anciennement Vannes-Meucon) a en effet connu une assez longue desserte commerciale régulière depuis la construction de son aérogare en 1971. Mais tout s'est arrêté au début des années 2000. L'aérogare n'était donc plus utilisée que pour certains vols d'affaires (et encore).

Concernant le terrain de Belle-Île, c'est encore plus intéressant car celui-ci est classé aérodrome (et non aéroport).
Belle-Île - Bangor/Le Palais est en effet un tout petit terrain, avec une piste en dur longue de 660m et quasi-intégralement dédié à l'aviation légère. Il y eut quelques tentatives de liaisons aériennes régulières mais elles furent rarement pérennes. Mais surtout, il n'y a jamais eu vraiment "d'aérogare" à proprement parler.

Là où je veux en venir, c'est que l'ouverture de la ligne Vannes - Belle-Île permet non seulement d'utiliser les infrastructures de Vannes fermées aux vols commerciaux réguliers depuis une vingtaine d'années, mais en plus de découvrir comment peut-on procéder des vols réguliers depuis Belle-Île sans infrastructure spécifiquement dédiée, ce qui en France métropolitaine est assez unique.
Si on ajoute que le Morbihan est une très belle région à survoler, que le type d'avion est rare, la compagnie atypique, et la piste de Belle-Île très courte, c'est le cocktail absolu pour l'avgeek que je suis ^^

Je choisirai un dimanche fin juillet pour réaliser cette petite escapade. Au niveau des vols, je me prendrai donc deux aller-simples qui se succèdent dans la rotation, à savoir Vannes > Belle-Île > Rennes.

La rotation ayant lieu en milieu d'après-midi, j'ai l'embarras du choix pour le pré-acheminement.
Je décide donc un petit trajet quelque peu ferroviphile avec le fameux Ouigo Classique entre Paris et Nantes et j'enchaînerai avec un TER Nantes > Vannes.
En post-acheminement, il n'y aura pas de vol RNS-CDG le dimanche soir. Je rentrerai donc en TGV.

le routing

de paris à nantes, à l'ancienne !

Tout commence de bon matin à la Gare d'Austerlitz, qui fidèle à une époque bientôt révolue, accueille encore bon nombre de rames corail (train de nuit, Intercités et Ouigo Classique). Le bruit des compresseurs de ces bonnes vieille machines (surnommées "nez cassés") diffusent un bruit assez inimitable dans toute la gare.

Ouigo oblige, ces pauvres rames corail sont affublées d'une livrée rose bien flashy.

Mais à l'intérieur, on retrouve le bon vieil aménagement "corail plus" des années 1990 (toutefois sans les rideaux aux fenêtres).

C'est vieux mais confortable ;)

Nous voici filant vers la Bretagne à 160Km/h.

Qui dit Corail dit également petit tour à l'arrière pour profiter de ce point de vue qu'on ne peut retrouver sur les automotrices récentes.

De nantes à vannes

A Nantes, changement avec un TER et le hasard me fera prendre une de ces fameuses Z 21500. Un matériel assez confidentiel et qui pourtant révolutionna le paysage régional à la fin des années 90 puisqu'il s'agit de la première rame TER pouvant rouler à 200Km/h.

Arrivée sans encombre à la gare de Vannes d'où il faut rejoindre l'aéroport en taxi (pas le choix).

Mais en cette saison estivale, les taxis locaux sont tous partis emmener leurs clients et je n'en trouve aucun dispo sur les numéros affichés à la borne de la gare. Après 45min d'attente et d'incertitudes, je réussis à attraper le premier taxi qui se présente. Cela aurait été bête de rater la journée pour une histoire de taxis !

aéroport de vannes - golfe du morbihan

Nous voici donc arrivés à Vannes où règne une certaine activité. En effet, un Q400 bombardier d'eau de la sécurité civile y effectue des tests moteurs. La période était en effet particulière avec un gigantesque incendie ravageant les Monts d'Arrée. Une partie de la sécurité civile avait donc établit leur base à Vannes.

Voici le fameux aérogare de 1971, attenant à la tour de contrôle.

Vu sous ses différentes coutures.

Et donc pour notre vol, c'est ici que ça se passe !

A l'intérieur, on retrouve une petite buvette où est réunie l'équipage du Q400, en pleine pause déjeuner.

De l'autre côté, on retrouve ce qui semble être une salle d'embarquement avec son petit PIF dédié.

La personne au guichet d'accueil s'occupe d'enregistrer les passagers. Pas de doutes, c'est bien ici et il y a bien un vol prévu ! Pour l'instant, je suis le premier et seul pax présent, et j'ignore combien nous serons à bord.

En attendant qu'il soit l'heure, je me prendrai une petite boisson fraîche sur la terrasse en plein air, face aux petits tagazous :)

Pendant ce temps, le Q400 assure l'animation avec plusieurs cycles : remplissage des réservoirs, allumage des moteurs, vidange du réservoir, extinction des moteurs, inspection des mécanos. Je discuterai avec un des membres de l'équipage qui m'informe avoir eu un problème technique sur une trappe et que leurs mécanos essaient tant bien que mal de résoudre le problème.

Autre animation : quelques petits lâchers de parachutistes qui évoluent à la verticale du terrain.

Lesquels auront été lâchés par ce pilatus qui viendra se poser en mode "Banzai" !

Mais il y a autre chose encore : un aéronef quelque peu trapu qui arrive en vrombissant.

Il s'agit bien entendu du Grand Caravan arrivant de Belle-Île et qui nous y emmènera.

J'adore leur logo avec le phare ! Le F-HFTS est un "C208B Grand Caravan EX" mis en service en 2016, sous le numéro de série 208B5265.

La personne de l'accueil viendra me chercher à la buvette pour passer le PIF. Le portique ne fonctionnant pas, le contrôle sera réalisé manuellement par un agent de sécurité. Voici donc la salle d'embarquement, ma foi assez grande par rapport au bâtiment.

Je m'attendais à voir débarquer des passagers… Et en fait, non, le vol était vide ! A bord, le CDB et une agente qui fait office de loadmaster, d'agent d'escale et commercial !

Le CDB ira s'installer dans le salon VIP pour préparer le vol suivant tandis que mon co-pax et moi-même sommes autorisés à patienter dehors (il faisait chaud à l'intérieur). Et oui, nous ne serons que 2 !

Vannes est également la base estivale pour un des "Dragons" de la Sécu Civile.

Notre loadmaster du bord viendra peser et récupérer nos bagages et sac à dos. Je lui touche alors un petit mot sur le motif de ma venue et que je repars direct sur Rennes après. Histoire d'anticiper le check-in. Sans paraître étonnée, elle était même enchantée de voir un passager passionné sur leur réseau. Elle me confirme qu'il n'y aura aucun problèmes, c'est elle qui se charge de tout là-bas aussi.
Nous discutons un peu. Je m'inquiète du faible remplissage apparent alors que cette ligne possède de nombreux avantages (les bateaux Quiberon-Belle Île sont surfréquentés l'été et assez chers, et le temps de se rendre à Auray puis Quiberon en train est assez conséquent. L'avion apporte un gain de temps considérable, tout en étant peu chers car sous DSP). Elle m'informe que la situation est un peu tendue parce que les acteurs du tourisme locaux n'ont fait aucune pub. En effet, promouvoir une ligne aérienne de nos jours est soumis illico à une pluie de critiques.
Pourtant, l'utilisation de cet avion sur une distance aussi courte ne consomme que peu de pétrole, même avec peu de pax. Par comparaison, la baie de Quiberon grouille de bateaux de plaisance à moteurs et la circulation routière y est parfois dantesque. Enfin, les ferries et caboteurs desservant Belle Île ne fonctionnent pas non plus à l'eau de rose. Ce ne sont pas 3 petits vols par semaine qui vont avoir un fort impact carbone.

Puis elle me propose : "voulez-vous vous asseoir à ma place à côté du commandant ? Je peux aller le lui demander"
Incroyable proposition… "Écoutez, je ne dis pas non, mais seulement si ça ne le dérange pas !"

Le CDB approuvera sans hésiter la requête d'un pouce levé en l'air. Je suis aux anges avec un grand sourire. Il en faut peu pour rendre un avgeek heureux ^^


Avant l'embarquement, nous sommes invités à repasser dans la partie buvette où l'unique écran va diffuser les consignes de sécurité.

embarquement

Puis nous retournons en salle d'embarquement. Notre loadmaster embarque tous nos bagages, même légers. L'équilibrage sur ce genre d'avion est une chose très importante.

Puis c'est à notre tour d'embarquer. Quelle belle machine !

Notez le petit pied amovible évitant à l'avion de basculer vers l'arrière lors du chargement.

L'embarquement s'effectue à l'arrière côté droit. Notre loadmaster nous offre au passage une bouteille d'eau.

La cabine intérieure est plutôt spacieuse (même si bas de plafond) avec ces sièges disposés en carré face à face.

Mais ayant l'autorisation du chef, c'est en place droite que je vais avoir l'honneur de m'installer. Le bonheur, l'excitation… Enfin bref, c'est tellement génial que je croirais rêver !

Pas de winglets sur cette aile haute, mais un gros bulbe (est-ce un réservoir ?).

Je suis rejoins par le CDB qui nous annonce "comme on est prêts, on va partir en avance, ça nous fera plus de temps à Belle Île !"
Mon co-pax lui demande alors s'il est possible de faire le tour de Belle-Île par le sud. Il aimerait pouvoir photographier sa maison.
"Si le trafic n'est pas trop dense autour de l'île, j'essaierai de faire ça !" lui répondra le CDB. Si en plus on gagne un tour de l'île, ça va être génial !

Mise en route de l'avionique.

Puis mise en route du moteur, sous la surveillance de l'agent de piste.

Puis on emprunte le taxiway aux côté du Q400 qui entame un énième essai de largage au sol.

Puis on remonte la 04/22.

Puis demi-tour en bout de piste 22, prêts au départ !

Kenavo Gwened !

Le village de Meucon, qui aura donné son nom à l'aéroport.

Le village de Plescop.

Puis nous franchissons la N165.

Pendant ce temps, nous grimpons doucement à 6000 pieds.

Nous nous rapprochons du littoral. La presqu'ile de Quiberon est visible sur la gauche.

Puis nous abordons le Golfe du Morbihan.

Quelques plans rapprocher sur cette magnifique lagune.

Nous atteignons maintenant l'océan.

Focus sur l'isthme de Penthièvre.

Quiberon au loin, et Belle-Île derrière.

6000 pieds, notre altitude de croisière pour ce court vol.

En direction de Belle-Île. A gauche de l'hélice, l'Ile d'Houat

Sur notre droite, nous passons plein travers de Quiberon.

Quiberon et son port…

…et son aérodrome !

La Pointe du Conguel.

L'Ile d'Houat.

Puis nous commençons par aborder Belle Île par l'ouest.

C'est juste magnifique :)

Les Grands Sables.

Por Huelen

La Pointe de Kerdonis.

Port Andro. On se croirait presque dans un lagon polynésien !

La Pointe de Kerzo.

Quelques écueils à Port Maria.

Les plages du Dotchot et d'Herlin.

La plage de Kérel.

Le terrain est en vue !

Le majestueux Grand-Phare, ou Goulfar :)

Le Goulfar a été construit par Augustin Fresnel (inventeur de la lentille du même nom) et mis en service en 1835. Il est l'un des tout derniers phares encore gardienné !

Saviez-vous que les gardiens rangeaient les phares dans 3 catégories : Le Paradis (phare sur la terre ferme, comme ici) ; Le Purgatoire (phare en mer, mais facilement accessible depuis la côte ; et enfin L'Enfer (phare en pleine mer et pouvant être isolé de longues semaines en cas de tempête).

Port de Donnant.

Nous contournons le terrain par l'ouest, puis nous irons nous positionner en vent arrière main droite.

C'est vrai que la piste est courte !

En vent arrière, on sort tous les volets.

Et nous voici en courte finale piste 24.

On aurait presque l'impression d'être un gros porteur, vu les dimension de la piste ^^

Freinage fort et full reverses !

Il ne restait pas beaucoup de marge au bout ^^

Demi-tour pour rejoindre la bretelle.
Le terrain de Belle-Île se limite à un unique bâtiment (avec tour de contrôle) et 2 hangars.

On dégage par ici.

Les petits tagazous locaux :)

Nous sommes attendus par l'agent local.

Le demi-tour doit se faire au raz du bâtiment afin de laisser le maximum de place libre au niveau du taxiway. Une manoeuvre très délicate pour notre CDB, aidé de l'agent au sol qui contrôle le gabarit de notre avion par rapport à la cloture et au bâtiments.
Une fois la manœuvre terminée, on peut enfin rendre la piste et le taxiway disponible pour les autres appareils.

Pour revivre toute l'approche, l'atterrissage et l'arrivée au parking :

En attendant que notre loadmaster sécurise l'avion, je vais me positionner sur l'un des sièges passagers afin de tester l'ensemble.

Ma foi, on est plutôt bien installés et pas trop serrés.

Des petites loupiotes sont disponibles au plafond.

Quand à mon instant favori, il est bien présent mais réduit à sa plus simple expression ^^

Une fois l'avion sécurisé, nous pouvons débarquer.

La béquille de queue.

Bienvenue à Belle-Île !

Voyez comment nous nous sommes positionnés le plus en retrait possible pour empiéter le moins possible sur le taxiway.

A l'intérieur du bâtiment, on retrouve une petite salle d'attente qui se transforme en aérogare le temps de l'escale.

Le pèse bagage et l'écran pour les consignes de sécurité sont positionnés dans un recoin.

Et le petit Aérobar qui permettra d'agrémenter l'escale d'une délicieuse boisson fraîche ! En attentant la suite ! ;)

La suite au prochain opus !

Merci pour votre lecture :)