Je vous avais laissés à la sortie de notre vol Amelia pour Berlin, mais avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit laïus s'impose pour expliquer le "pourquoi du comment", selon l'expression consacrée.
Pourquoi diable se rendre à BER pour attraper un banal A330 TK, alors que la compagnie turque dessert CDG plusieurs fois par jour, dont certains vols en A330 justement ? Eh bien parce qu'à l'origine, l'idée était d'attraper l'A350 initialement destiné à Aeroflot et que TK a opportunément récupéré. Celui-ci était positionné sur BER depuis un bon moment, et j'avais bon espoir d'éviter le swap, d'autant que la réservation n'avait pas été faite trop en avance. Mais comme disait la pub, c'est le jeu ma pauvre Lucette, et l'A350 s'est transformé en A330. La seule consolation aura été d'éviter la version -200, passablement obsolète.
Autre considération prise en compte : la très forte dévaluation programmée des miles chez TK début 2024. Il fallait donc dilapider le stock dont je disposais avant la date fatidique du 14 février dernier pour profiter d'awards à prix corrects. Les vols entre l'Europe de l'Ouest et la Turquie sont à 15.000 miles en business, c'est parfait pour moi. L'ajout d'un vol domestique n'ayant pas d'impact sur le tarif, c'est l'occasion de rajouter un segment et je jette mon dévolu sur Antalya, qui permettra de profiter d'un climat clément pour ce week-end d'avril.
Je ne regrette pas d'avoir éclusé mes miles, car dès le 15 février le tarif est grimpé à 25.000 miles, soit une coquette augmentation de 67%.
Pour pimenter le routing, le retour se fera avec Edelweiss, qui offre un vol direct entre Antalya et Zurich.
Cela donne donc le routing suivant :
Enchainement de vols
- 1
- 2TK - Business - BER > IST - A330-300
- 3TK - Business - IST > AYT - A321
- 4WK - Business - AYT > ZRH - A320
- 5BT - Economique - ZRH > CDG - A220-300
Transit à Berlin
Nous voici donc fraîchement débarqués de notre vol AF (opéré par Amelia). Nous n'avons pas beaucoup de question à nous poser sur la direction à prendre et suivons le flux des passagers.

Nous sommes aux portes A en zone Schengen et devons rejoindre les portes C hors Schengen. Or le salon auquel nous sommes éligibles est le Tempelhof, situé avant les contrôles de sûreté. Ce n'est pas fondamentalement un problème en soi, mais mon comparse a trouvé le moyen de ne pas pouvoir télécharger sa carte d'embarquement TK lors du check-in, ce qui complique l'accès à ce salon multi-compagnie.

Nous abandonnons donc l'idée de passer au salon et partons en quête d'un comptoir qui pourra nous délivrer un BP en bonne et due forme.


On sent que l'aéroport est moderne, comme en témoigne quelques éléments de décoration extérieure.

Nous arrivons après quelques minutes de marche dans un grand hall.

Une aimable agente au comptoir d'information nous expliquera qu'elle ne peut pas nous délivrer de BP (nous nous en doutions bien) et qu'il faudra le demander directement en porte d'embarquement. Peut-on passer la PAF sans BP ? Pas de problème nous assure-t-elle. Soit ! direction donc les contrôles de sûreté, qui se trouvent à l'étage.

Nous y trouvons une foule particulièrement dense qui fait la queue. L'inquiétude sera de courte durée, puisque sur la gauche se trouvent plusieurs sas automatiques réservés aux passeports UE et absolument vides.

Effectivement, nul besoin de BP, nous voici donc en zone non Schengen en quelques minutes seulement. Nous avons débarqué de Paris il y a moins d'un quart d'heure, c'est difficile de faire mieux.
Par contre, la zone en question est particulièrement peu propice à l'attente. Il n'y a aucun salon (cela nous le savions), l'endroit est plutôt bas de plafond et les commerces sont rares. Bref, pas un endroit bien folichon.

Nous nous rendons en porte, mais il est à peine 9h et l'embarquement n'étant pas prévu avant une bonne demi-heure celle-ci est encore déserte.

Comme je le disais, il y a peu de commerces dans cette zone. On trouve bien sûr le classique duty free, mais les tarifs ne sont pas intéressants et ma carte bancaire ne connaîtra aucune tentation.

Il ne nous reste qu'à nous rabattre sur les vues extérieures. Le temps est dégagé, mais il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent avgeekement parlant.

Il faut dire que pour une capitale européenne, le trafic long courrier est pour le moins limité, avec une part significative de vols pour la Turquie. Il faut dire qu'en Allemagne FRA et MUC concentrent tout le trafic. Tiens, il y a le vol Scoot pour SIN (avec escale à ATH).

Seule curiosité, cet A320 de la compagnie égyptienne Nesma à destination d'Hurghada.

Oh, mais qui voilà donc ?

L'A330 TK qui a remplacé notre A350 arrive à BER vers 9h20, ce qui compromet un embarquement à l'heure.

C'est tout de même une belle bête, et je suis ravi à l'idée de prendre un gros porteur pour un vol de 3 heures.

En porte, ça commence à s'activer. L'absence de file matérialisée promet un joyeux bazar à l'embarquement.

Mathieu parvient à obtenir sans difficulté ses BP auprès des agents du desk (le voilà donc rassuré) et j'en profite pour demander également les miens (que je n'avais que sous format électronique), y compris celui pour Antalya. Pas de liseré noir comme c'est le cas normalement chez TK pour les passagers business, mais tout de même un vrai BP cartonné et coloré comme on les aime.

L'embarquement
L'embarquement démarre vers 10h, avec pré-embarquement des PMR. Comme prévu en l'absence de tenso-guide, une belle pagaille s'installe lorsque les annonces retentissent. Une mamie veut absolument passer devant tout le monde, estimant sans doute être la seule en business. Son mari lui explique que les autres passagers aussi, mais elle insiste…

Les priorités sont respectées et nous voilà dans ce jetbridge vitré, parfait pour les photos.

Enfin, parfait, c'est vite dit, avec tous ces reflets.

Aujourd'hui nous volerons sur TC-JNZ, un A330-300 donc, de 10 ans et configuré en C28 Y261, et baptisé Kartalkaya, du nom d'une station de sport d'hiver turque située près d'Ankara.

Poussettes et fauteuils roulants trônent devant la porte d'embarquement.

Nous voici arrivés en porte, ça bouchonne un peu. Les PNC orientent les passagers selon leur rangée et numéro de siège.

J'en profite pour faire un fuselage shot.

L'accueil est aimable et nous sommes tout de suite accueillis par ce magnifique logo de la compagnie turque.

Le flight report
Nos sièges sont côté droit et nous traversons donc le galley pour rejoindre notre allée.

Je découvre donc pour la première cette cabine TK. Certes elle apparaît de prime abord totalement désuète par rapport aux nouveaux standards (full access, suite privée, porte coulissante, etc.), mais elle fait tout de même son petit effet et donne une belle impression d'espace.

La cloison arrière de la cabine arbore un superbe logo rétroéclairé du plus bel effet.

Voici nos sièges, situés au deuxième rang. Le pitch est juste impressionnant.

Les sièges font ancien, mais sont dans un bon état. Des coussins sont déjà disposés.

Le motif de tulipe est discrètement reproduit sur l'assise du siège.

Je n'ai bien sûr aucun mal à étendre mes jambes.

Les coffres à bagage ne sont pas immenses mais largement suffisants pour les bagages cabine des passagers.

La cabine se remplit tranquillement et sera pleine.

Les PNC, de leur côté, s'activent pour aider les passagers et préparer le service. Il faut bien dire que pendant les 3 heures à venir elles ne vont pas chômer. Je les trouve très élégantes avec leur bibi rouge.

Bon, faisons le tour de notre environnement. A l'image de la cabine, l'IFE ne respire pas la première jeunesse, mais l'écran est de taille correcte. Il est tactile mais étant donné sa distance du siège, c'est avec la télécommande qu'il est plus facile de le commander. L'écran d'accueil fait défiler des sites turcs (ici le monastère de Sumela, près de Trébizonde).

Télécommande qui voici, et qui semble plus moderne que l'IFE.

Les commandes de siège sont également à l'ancienne, avec des boutons MR et M+ qu'on ne voit plus beaucoup.

L'inconvénient majeur de cette cabine est l'absence d'intimité avec son voisin, d'autant que la "paroi" de séparation entre les deux sièges consiste simplement à relever l'accoudoir, ce qui n'est pas bien pratique ni vraiment efficace.


La tablette se situe dans l'accoudoir central.

Celle-ci est de belle taille, le placage en imitation bois donne une touche vintage qui va bien avec l'ambiance de la cabine.

Terminons avec la documentation de bord, sobrement constituée par un vomitobag et les consignes de sécurité. Pas de magazine de bord chez TK.

Le service commence dès l'embarquement, avec une proposition de verre d'accueil. La PNC en charge de notre rangée propose aux passagers une sélection de boissons softs au fur et à mesure de leur installation. A notre demande s'il est possible d'avoir du champagne, la réponse est positive sans une hésitation.

Voici l'occasion venue de lever un verre à ce voyage qui se présente bien et ferait presque oublier le réveil matinal (cf. le premier FR) et que nous aurions dû voler en A350.

Puis le menu est distribué, nous y reviendrons.

Mon voisin m'a gentiment laissé le hublot et je peux profiter de la vue, ici un A320 d'Aer Lingus dans sa nouvelle livrée, et juste derrière un OS.

L'ottoman (pouvait-il en être autrement sur un appareil turc ? ^^) est bien pratique. Je note qu'il est différent de celui que j'aurai sur un autre vol en A330 quelques semaines plus tard, qui se présentait sous forme de coffre.

Notre PNC est particulièrement impliquée, comme en témoigne ce geste sympathique peu avant le décollage : elle vient offrir à ce pax en herbe des bonbons de sa réserve personnelle.

Les consignes de sécurité sont lancées, il est temps de partir.

Nous repoussons avec seulement quelques minutes de retard. Derrière OS on devine un E190 de German Airways, qui opère un vol à destination d'AMS pour le compte de KL.

Nous voici en bout de piste, ce qui me permet d'avoir une vue d'ensemble sur BER.

C'est parti !


Le ciel se couvre un peu et les vues en début de vol ne seront guère intéressantes.

Notre jeune passager prend ses aises et il a bien raison. On n'est pas bien, là ? ^^

Je manque un peu de recul pour embrasser d'un seul coup les presque 3 hublots et demi de mon siège.

Le service ne lambine pas et débute par un oshibori brûlant.

Malgré les nuages, je profite du spectacle.

J'aime bien le concept du comptoir situé à l'avant de la cabine servant à la préparation du service et qui permet aux PNC de faire face à la cabine. Côté gauche de l'appareil, deux passagers turcs sont venus rejoindre leurs amis au premier rang. Bien qu'il soit théoriquement interdit de s'asseoir sur les ottomans, les PNC les laisseront tranquilles et les quatre amis passeront le vol à discuter gaiement, comme s'ils étaient au café.

Regardons le menu que nous a concocté TK. Sur ce vol partant à 10h45, c'est une offre de petit-déjeuner qui nous est proposée.

Le choix des boissons reste large, y compris avec de l'alcool.

Les plateaux nous sont amenés à la place, sans un trolley en vue. On y retrouve les entrées (fresh fruit salad, smoked turkey and beef with white cheese and marinated olives, homemade red chili pepper jam from Alaçab countryside butter from Trabzon, acuka Anatolian style spicy tomato pepper spread) et le dessert (mango coconut bowl). Le tout est joliment présenté et parfaitement relevé grâce aux condiments.

Le tout est complété par une offre de pains et viennoiseries proposée à la corbeille.

Chaud bien entendu.

Je me laisse à nouveau tenter par le champagne.

Mais je n'oublie pas de m'hydrater ^^

Dehors, le ciel se dégage et je vois les cimes enneigées des Carpathes.

Pour le plat, TK propose trois choix de plats chauds (on n'est pas vraiment habitués avec nos compagnies européennes…). J'ai opté pour le plat turc, le menemen, une préparation à base d'oeufs brouillés, de tomates et de poivrons, le tout assez relevé. Notez le papier placé entre l'assiette et le plat afin d'éviter que celui-ci glisse. Bien vu !

Le vol passe bien vite et nous sommes déjà au-dessus des plaines roumaines.

Le repas se termine avec un second oshibori chaud.

Notre PNC ne chôme pas et n'arrête pas les aller retour dans la cabine, s'adaptant aux demandes et au rythme de chacun. Comme elle nous ramène un nouveau verre à chaque commande de boisson, la tablette commence à devenir encombrée !

L'abnégation de nos PNC va jusqu'à abreuver certains passagers sans retenue : à l'instar de notre voisin du troisième rang, qui enchaîne avec stoïcisme les rasades de whisky pendant tout le vol. Assez impressionnant…

Pour ma part, je resterai plus sage et me contenterai d'un café turc, une bonne entrée en matière avant d'arriver en Turquie. Comme il se doit, celui-ci est servi avec un loukoum.

A l'issue de ces agapes un petit tour aux lieux d'aisance s'impose. On y trouve quelques produits spécifiques à la business.

La vue de la mer Noire nous signale que l'arrivée est proche.

Mon compagnon de voyage demande à notre PNC un gin tonic et la solidarité m'empêchant de le laisser seul je me résous à l'accompagner. La PNC nous indique que la descente ayant débuté elle ne peut plus nous donner de verre en verre et nous propose des gobelets en carton. Soit !

L'approche sur IST sera particulièrement scenic. Nous abordons IST par le nord, avec une boucle autour de la ville d'Istanbul avant d'atterrir à IST par le sud. Une carte valant mieux qu'un long discours, voilà à quoi cela ressemble. Vous l'aurez compris, étant situé au hublot de droite, j'aurai une vue imprenable sur Istanbul et le Bosphore.

Le Bosphore justement, dont voici l'entrée, marquée par le pont Yavuz Sultan Selim, inauguré en 2016. C'est le dernier des trois ponts construits sur le Bosphore et reliant l'Asie à l'Europe.

C'est fascinant de pouvoir embrasser pratiquement d'un seul regard l'entièreté du Bosphore, jusqu'à la mer de Marmara.


Voici maintenant le deuxième pont, nommé Fatih Sultan Mehmet, d'après le sultan ayant conquis Constantinople en 1453.

Le centre d'Istanbul apparaît maintenant plus clairement, avec son incessant ballet de bateaux.

Ici le centre historique, Constantinople, avec sa forme si caractéristique.

Sur la droite, on devine bien la zone de Sainte-Sophie et du palais de Topkapi.

Nous voici maintenant au sud de la ville. Il est frappant de constater que l'urbanisme actuel a conservé les traces du passé : ainsi on voit bien la démarcation que constituent les anciennes murailles de la ville : celle de Constantin (photo ci-dessus) et celle de Théodose (ci-dessous à gauche) construite il y a plus de 1.600 ans.

Le spectacle est superbe, je suis scotché au hublot.

Nous passons au-dessus de l'ancien aéroport d'Istabul, qui sert désormais à l'aviation privée.

La banlieue d'Istanbul semble sans fin, avec d'immenses quartiers résidentiels, des tours, des stades… Ainsi le stade olympique Ataturk ci-dessous, construit pour la candidature de la ville aux JO de 2008. Istanbul n'ayant pas été retenu, le stade est inachevé bien qu'opérationnel (pour mémoire, il a été conçu par les mêmes architectes que ceux du Stade de France).

Dans certains quartiers, les immeubles, tous identiques, poussent comme des champignons. Une certaine idée de l'urbanisme moderne…

Il reste malgré tout quelques zones naturelles miraculeusement préservées.

Le survol de l'autoroute annonce l'approche finale sur IST.


Et nous voici arrivés à IST.

L'immense tour de contrôle est reconnaissable à sa silhouette. Il paraît que celle-ci a une forme de tulipe, mais j'avoue que ça ne me saute pas aux yeux…

Comme bien souvent à IST, le roulage sera particulièrement long. La faune n'est guère diversifiée, le patron des lieux étant très largement surprésenté.


Nous venons nous garer après un gros quart d'heure de roulage à côté d'un 773 en livrée spéciale.

Il est temps de prendre congé de notre équipage, dommage que celui-ci ne soit passé saluer les passagers.

La cabine affaires dispose de sa propre passerelle à l'avant de l'appareil. Devant des passagers semblent disposer d'un transfert spécial. Sans doute des VIP ?

Un dernier regard à notre vaillant A330, qui aura mis 2h45 pour nous amener à IST (au lieu des 3 heures annoncées), ce qui ma foi est bien trop court ^^

Direction les transferts domestiques. A noter un cheminement spécifique pour correspondances internationales courtes.

Bienvenue à IST, avec comme il se doit une bonne marche qui nous attend !

Ainsi s'achève ce flight report, merci de m'avoir lu et à bientôt pour la suite !
Turkish est adepte des swaps de dernière minute. Dommage d’avoir raté l’A350.
C’est vrai que ce n’est pas idéal d’être sans carte d’embarquement. Le Lounge Tempelhof est assez agréable et a en plus un passage de la PAF dédié aux passagers du salon.
La cabine est peut-être un peu désuète mais pour un vol de 2-3h en Europe c’est exceptionnel.
Très belle vue d’Istanbul!
Merci pour ce Fr
Merci Moritz pour le commentaire.
Je ne savais pas que TK était coutumière des swaps, l'A350 était bien positionné sur BER depuis plusieurs mois et je ne m'inquiétais pas trop.
Dommage pour le Tempelhof, ce sera pour une prochaine fois. C'est assez classe d'avoir une PAF dédiée pour les passagers du salon.
L'approche était superbe, et j'en ai bien profité.
A bientôt !
Merci Stéphane pour ce FR
Pas de chance pour ce swap, le A359 sera pour une autre fois et un autre vol
Même si la cabine a fait son temps elle reste agréable. Le service TK est au TOP et vous avez bénéficié d'une PNC au petit soin avec les PAX
Et pour finir une belle arrivée sur IST très photogénique
A bientôt
Philippe
Merci Philippe pour ce commentaire.
Effectivement le 359 sera pour un autre vol, qui ne saurait tarder 😉
J'ai eu de la chance sur l'arrivée à IST, étant du bon côté avec un temps bien dégagée et une route idéale !
A bientôt.