Bonjour et bienvenue sur votre FR favoris entre Busan et Seoul.
Aujourd'hui est une occasion speciale car il me semble que c'est mon premier vol en 737-900.
L’instant où je me tiens face à l’aéroport de Gimhae est toujours particulier. Pas par son architecture, ni par une quelconque symbolique émotionnelle… mais parce que c’est là que je réalise que je suis sur le point de me livrer à une série d’épreuves dignes d’un jeu télévisé : courir après un vol, affronter les files d’attente, et surtout, feindre un minimum de contrôle sur ma propre vie.
Cela dit, il ne devrait pas y avoir beaucoup de passagers aujourd'hui.
Je pose le pied dans l’aéroport et, instantanément, je me transforme en personnage secondaire d’un film catastrophe. Vous savez, celui qui est là pour donner de la crédibilité à la scène, mais qui n’a aucune chance de survivre à l’intrigue

Je scrute les écrans d’affichage avec l’intensité d’un agent secret en mission. Pourtant, je connais déjà ma porte d’embarquement. Je fais ça juste pour me donner une contenance. Échec total!
Les voyageurs autour de moi avancent d’un pas décidé, comme s’ils maîtrisaient la vie. Moi, je traîne ma carcasse en essayant d’avoir l’air important, mais on dirait juste un type qui cherche désespérément un sens à sa présence ici.
Etant donné que ma carte d'identité contient, plusieurs noms, je dois aller au comptoir KE afin qu'ils editent mon billet.

Je me présente au comptoir Korean Air avec l’assurance d’un habitué… et la maladresse d’un enfant qui découvre son corps. Mon billet électronique en main, je fais mine d’être un voyageur aguerri, mais mon regard trahit mon manque total d’assurance.
La gentille dame s'interesse à moi car je suis français et apres plusieurs minutes de conversation, elle me demande également si j'ai une compagne dans ma vie.
Je lui réponds par la positive en lui disant avec un anglais approximatif que je vis avec ma solitude…
Suite à cet échange nous sommes tous les deux confus et je decide de partir en courant afin de m'extirper de ce malaise.

Le PIF est vraiment vide , on dirait que j'ai bien choisi mon jour.
Je le passe sans soucis,
Un agent me fouille avec application. Je me dis qu’au moins, quelqu’un me touche enfin dans cette vie..

Finalement, je trouve une chaise en métal d’une ergonomie aussi agréable qu’un lit de fakir. Mon postérieur proteste immédiatement, mais comme toujours, il n’a aucun droit de veto

Petit détour par les toilettes pour une inspection digne d’un expert en hygiène… Verdict ? Plus propre que ma vie personnelle, ce qui, en soi, n’est pas un exploit.
Les WC sont vraiment impec et d'une propreté irréprochable. À ce stade, je me demande si c’est bien un avion ou une salle d’opération. Dommage qu’aucun chirurgien ne puisse réparer mon état mental pendant que je suis

Je tends mon billet à l’agent d’embarquement. Elle le scanne. Pendant une seconde, j’ai peur qu’il affiche "Accès refusé Imposteur détecté" ahaha.

Dans la passerelle, l’excitation monte. On s’approche de l’avion, du voyage, de l’inconnu… et moi, j’espère juste avoir un siège où mon genou ne sera pas en conflit direct avec le passager de devant

L’entrée dans l’avion est un moment toujours humiliant : je regarde les sièges en business class comme un enfant regarde une vitrine de jouets hors de prix. Un jour, peut-être… mais sûrement jamais.
Cependant sachez le mes amis: impossible n'est pas français.

C'est la premiere fois que je vois ces sièges sur KE.
C'est tres joli et c'est bien mieux de ce que j'ai pu voir jusqu'ici en 737 ou 320.


Je m’installe enfin, attache ma ceinture et réalise que je suis officiellement prisonnier ici pour les prochaines heures. Tout est prêt. Tout sauf mon mental, qui lui, est déjà en train d’implorer sa libération conditionnelle

Installé à ma place, je réalise rapidement que mes genoux et le siège devant moi sont en train de fusionner. D’ici la fin du vol, soit je mute en une nouvelle espèce adaptée aux espaces exigus, soit je ressors avec des rotules en origami

Le hublot est impeccable, sans la moindre trace. Contrairement à mon reflet dedans, qui me rappelle que je suis en mode économie depuis trop longtemps

La cabine est pleine

On roule tranquillement

Les moteurs commencent à gronder et là, je sais que c’est le moment de serrer les fesses. Si un boulon doit se détacher, c’est maintenant.
La vitesse monte et mon corps est plaqué en arrière avec une violence qu’aucun de mes ex n’a jamais égalée. Un vrai shot d’adrénaline gratuite

On passe dans une couche de nuages et, pendant une seconde, j’oublie que je suis un désastre ambulant.
C’est joli. Bon, c’est du brouillard à haute altitude, mais faisons semblant d’être poétique

On nous sert un snack en vol. Bonne surprise, d'habitude c'est moi qui me fais grignoter par la vie!
Alors j'opte pour un peu de flotte.

Treve de bavarderies et apprecions maintenant le paysage.
RIDEAU :






Le pilote annonce une légère descente vers notre destination. Moi aussi, je suis en descente, mais elle a commencé il y a des années et je ne vois toujours pas la piste d’atterrissage

Encore ce fameux stade qu'on surnomme le theatre des reves en Angleterre


On nous rappelle de vérifier nos ceintures. Dommage qu’il n’existe pas de harnais de sécurité pour les mauvaises décisions sentimentales

L’atterrissage est imminent, l’avion touche le sol avec douceur. Ça me change, d’habitude quand je touche le fond, c’est brutal et sans préavis

Au loin un helicopter

Le commandant annonce que nous sommes arrivés à destination. Moi, je me demande si j’arriverai un jour à la mienne, ou si je suis juste un vol sans escale vers le néant


Merci pour ce FR.
Alors comme ça on ajoute de la fantaisie à la rédaction pour pallier à la répétitivité des vols ? ;)
Il est prévu quand votre prochain ICN-CDG ? ^^
À bientôt.
Merci pour ce FR... emprunt d'un enthousiasme assez exceptionnel dans sa rédaction.