Salut c'est encore moi, votre reporter préféré qui donne son corps à la science (si seulement ce n'etait que pour la science..)
(si seulement la science était une personne)
bref
Retour à Gimpo. Même décor, mêmes couloirs, mais une énergie en moins.
Je marche vers le terminal domestique. Mes pas sont lourds, probablement à cause des choix de vie que je traîne derrière moi.

Direction le check in.
L’agent me demande où je vais. J’aimerais répondre “quelque part où tout a un sens”, mais ce sera juste Busan
Je récupère mon boarding pass. Un bout de papier qui en sait plus sur mon destin que moi-même.
Je vérifie mon siège. Rien d’exceptionnel, mais ça reste mieux que dormir sur un banc de gare, ce qui pourrait arriver un jour au rythme où vont mes finances.

Une chance aujourd'hui Gimpo n'a pas l'air rempli de monde.
Deuxième passage sécurité de la journée. Je commence à me sentir comme un prisonnier en permission surveillée.

Mon sac passe au scanner. Toujours aucune alerte. Même la machine voit que je ne transporte rien d’intéressant, même pas une once de bonheur.
Je lève les bras pour le contrôle corporel. J’ai l’air d’un suspect alors que la seule chose criminelle dans cette scène, c’est mon niveau de fatigue.


Les legendaires gros porteurs de Gimpo, tous à destination de Jeju :
un A330 et 777
si "gros porteurs" ne se résumait seulement qu'à la quantité de choses qu'on transporte, alors moi aussi je suis un gros porteur de problèmes affectifs


Les passagers attendent déjà l’embarquement, les yeux rivés sur leurs écrans. Moi aussi, j’attends, mais c’est plutôt un sens à mon existence que je scrute.
Un enfant court partout en criant. Il a plus d’énergie à 19h que moi après un litre de café.

J’entends une annonce de dernière minute. Mon cœur s’arrête une seconde. Puis je me souviens que je n’ai pas assez d’importance pour être concerné.

L’agent bip mon billet. Un son qui me rappelle que la seule validation que je reçois dans la vie vient des machines.
J’entre dans l’avion avec une démarche de fin de journée. Mon corps voyage, mais mon âme est déjà en position latérale de sécurité.

En montant dans l’avion, j’ai remarqué que tout le monde avait l’air bien préparé… sauf moi, qui avais oublié mes écouteurs et mon sens du timing quelque part entre le terminal et ma dignité
Puis, retrouver mon siège sur T’way Air, c’est un peu comme retourner dans une relation toxique. Je sais que ça va me faire mal, mais j’y vais quand même ❤️

Je m’assois et teste le confort. Verdict : mieux que le sol!
Le succès est sans appel.
de toute façon, entre vous, et moi tout ce que je mérite, c'est de voyager dans la soute comme une vieille marchandise.
je ne me le cache pas et des fois ça fait du bien de se dire les choses.

Le soleil commence à se coucher sur Gimpo. Moi aussi, j’aimerais bien disparaître en douceur à cette heure-là.

Je contemple la ville qui s’éloigne. Peut-être que d’ici, je peux apercevoir ma dignité perdue quelque part entre deux aérogares

Toujours aussi peu d’espace. J’aurais dû acheter une option “j’aimerais marcher normalement après l’atterrissage” mais elle était trop chère pour moi.

Le siège ne s’incline pas. Mon dos va apprécier ce vol autant qu’un employé apprécie un mail envoyé à 18h59.

Petit passage aux WC , c'est tres propre.
de la cuvette jusqu'au miroir

Tiens en parlant de miroir,
Le miroir des toilettes de l’avion est cruel et sans filtre. Je prends une grande respiration et accepte la dure réalité : même en 2025, la chirurgie en vol n’existe pas encore.

Les lumières tamisées créent une ambiance feutrée, presque relaxante… mais mon dos en compote et ma vessie hésitante me rappellent que je suis toujours coincé entre un siège qui se moque de ma taille et un vol qui me rappelle à chaque seconde combien ma vie est mal équilibrée


Les lumières de la piste brillent. Contrairement à mes perspectives de carrière

On quitte le sol. Toujours agréable de voir quelque chose s’élever dans la vie, même si ce n’est pas moi.

On grimpe doucement. Contrairement à mon compte en banque, qui ne fait que descendre.

La ville s’éloigne sous nos pieds. Un bon moment pour faire le point sur mes choix de vie… ou juste m’endormir avant de trop réfléchir.

Les lumières de la cabine sont tamisées. Un bon rappel que tout le monde essaie juste de survivre jusqu’à l’arrivée.

Je suis esseulé au fin fond de la cabine. C'est un peu une allégorie de ma vie. Cependant Flight Report est mon nouvel ami et j'ai décidé d'écrire afin de transmettre mon bien-être et ma passion à mes lecteurs

L’hôtesse propose des snacks payants. À ce prix-là, autant garder ma faim comme un souvenir de cette expérience.

Le pilote annonce qu’on descend vers Busan. Enfin un moment où “descendre” est une bonne nouvelle.

Les lumières de la ville apparaissent sous l’aile. Un paysage magnifique, qui me rappelle que je vais bientôt retrouver mon cher chez-moi… et mon frigo vide.

Magnifique vue de nuit.

Vol stable, rien à signaler. Plus fluide que mes interactions sociales ces derniers temps.
Le pilote a l'air de bien faire son métier mais aussi gros clin d'oeil aux ingénieurs de chez Boeing parce qu'ils ont fait un gros travail sur ce 737-800 qu'on appelle le King du ciel ou encore , plus communément dans le milieu : la jonquille de Seattle .

Touchdown sur la piste de Gimhae. Une arrivée plus maîtrisée que la plupart de mes décisions.
On roule jusqu’à notre porte. Le vol est fini, mais pas mon combat intérieur…

A la fin de ce vol, un des PNC vient me voir et me demande si je suis ingénieur chez Boeing car il m'a vu vétu de vetements de chez Boeing.
Je lui réponds par la positive suivi d'un clin d'oeil.
C'est avec l'égo gonflé à bloc que je sors de cette cabine.

Cependant c'est avec beaucoup de sueurs que je fuis l'aéroport , le sentiment d'avoir menti à ce PNC innocent.
Qui suis-je ? La communauté FR me suit-elle vraiment dans mes aventures? aime t elle les avions autant que moi au point d'avoir des jouets ? Les Lakers vont ils faire sensation en playoffs ?
C'est avec ces questions philosophiques que je vous laisse .
ciao l'artiste.
Musique :
