Bonjour à tous, c'est jeudi, donc me revoilà pour un nouveau report d'archives, celui-ci datant de juin 2005 : un Paris -Taipei avec EVA Air à bord leur vaisseau amiral de l'époque : l'illustre, le magnifique Boeing 747-400, et sa cabine d'origine au doux parfum des années 90.
Le vol a lieu fin juin, peu avant la période de pointe pour le traditionnel départ en vacances vers l'Asie, date donc stratégiquement choisie afin d'éviter les tarifs exorbitants de la compagnie taïwanaise, qui (en tous cas à l'époque) avait la fâcheuse tendance de profiter de leur quasi-monopole sur la ligne directe CDG-TPE pour gonfler les prix de manière exagérée. Aujourd'hui encore les vols directs en saison haute peuvent atteindre 1200EUR en Y basic. Quant au choix d'EVA, il s'explique par son bilan de sécurité impeccable, son service plutôt haut de gamme y compris en classe éco, et bien évidemment pour son trajet direct, ce qui nous évite de passer par Hong Kong avec Cathay ou par Amsterdam avec KLM.
Le billet papier (qui a bien vécu depuis), réservé via une agence de voyage classique

Arrivée en TGV à la gare CDG 2

Prendre la route pour rejoindre le T1 ? Ça ne se fait quasiment plus depuis la mise en place du CDGVAL en 2007. En 2005 cependant, c'est autobus pour tout le monde !

Arrivée aux comptoirs de la 長榮航空 (Chǎngróng hángkōng) au terminal 1, enregistrement rapide

Vous pouvez entrapercevoir sur l'écran de gauche le logo de la classe économique on ne peut plus kitsch. Il me semble que la devise de la compagnie à l'époque était Your Home in the Skies, tout un programme !

Le joyeux méli-mélo interstellaire des années 60

Direction les satellites


Cette silhouette m'est familière !…

Quelques contrôles de sureté, on est pas si loin du 11 septembre et ça se ressent dans les procédures

Devant la baie vitrée, un 747 de la Malaysia Airlines à destination de KUL.

Puis notre zinc, B-16412, un 747-400 full pax (BR volait aussi sur combi) de 7 ans d'âge, qui a déployé ses ailes pour la première fois en 1998. Un jumbo motorisé par GE qui est somme toute assez récent, étant donné qu'une grande partie des 744 sont de production plus ancienne. Le grand quadriréacteur de Boeing était, au milieu des années 2000, encore assez courant surtout sur les long-courriers à destination de l'Asie, cependant l'âge d'or du Jumbo ne tardera pas à disparaître avec l'arrivée du très économe et utilitariste 777-300ER (EVA Air recevra son premier exemplaire en 2005 d'ailleurs…), qui prendra le flambeau en tant qu'avion le plus utilisé sur les longs vols à grande capacité.

Pas de doute, the Queen of the Skies porte bien son nom. Cet avion a le don de toujours éveiller la curiosité des passagers. Parmi les jets commerciaux, seul le défunt Concorde, ou à la limite l'A380 peuvent se targuer de susciter un tel "wow effect". Avec sa bosse emblématique, c'est aussi un des seuls aéronefs que la personne "lambda" est capable de reconnaître du premier coup d'œil.

Embarquement accompagné du sifflement strident caractéristique des 747, provenant du système pneumatique chargé de l'alimentation de la bête au sol. L'intérieur est d'origine, moquette, sièges au confort correct. Plutôt rustique en 2017, encore tout à fait acceptable au tout début du 21ème siècle. EVA est aussi une des compagnies aériennes pionnières dans l'intégration d'une classe Premium Economy à leur produit au début des années 90, la Deluxe Class, sur laquelle j'ai volé deux ans plus tôt sur le même trajet. Très bonne vision stratégique et marketing, étant donné que la plupart des legacy airlines (même AF, c'est dire !) suivront le mouvement plus ou moins tardivement.

Safety card

… vous cherchiez l'IFE ? Le voilà. Composé d'écrans à tubes cathodiques dernier cri disposés toutes les 2-3 rangées, EVA Air vous promet un voyage riche en émotions cinématographiques ! Ces dispositifs sont sans doute assez lourds : les écrans et les plafonniers auxquels ils sont fixés oscilleront fortement lors du roulage.

Décollage puis début de croisière, à 31.000ft. La météo est relativement claire sur la mer du nord en cet après-midi de début d'été.

Le vol étant parti aux alentours de 11 heures, le service du déjeuner ne se fera pas attendre. Choix entre deux plats dont je n'ai plus de souvenir précis, et dont les photos sont tombées aux oubliettes (à moins qu'elles n'aient tout simplement pas existé). Rien d'immangeable, rien d'inoubliable, sinon je m'en serais sans doute souvenu.
Ambiance générale de la cabine alors que l'on traverse l'Europe.


Quelques turbulences légères, le plafonnier :

La magie du transport aérien ! En prime l'ailette de Whitcomb et sa forme caractéristique.


Pour ce qui est du divertissement en vol, à peu près 5 films divers et variés seront projetés sur les écrans centraux, du drama taïwanais au blockbuster américain. Pour les mélomanes avertis, une dizaine de chaînes radio en playback continu sont disponibles via la très rustique console de l'accoudoir. La qualité des fichiers audio ne doit pas dépasser les 96kbps. Voilà, vous avez fait le tour. Ah si pardon, il y a un service de nouilles instantanées à volonté sur simple demande, pour ceux qui, comme moi, mangent quand ils s'ennuient (comment ça c'est malsain ?). Vous pouvez également remarquer sur les différentes photos que la lecture est un passe-temps très prisé par les voyageurs.

Jeux de cartes distribués par l'équipage. Verso d'une de ces cartes:

… c'est un neuf de pique, vous l'aurez probablement deviné
On survole ici la fédération russe, non loin des monts Oural, à plus de 1000km/h (grâce aux vents favorables)

La nuit tombe et le red-eye commence


Les avis divergeront évidemment, mais j'apprécie particulièrement les vols long-courriers nocturnes. Filer à travers la nuit vers des horizons lointains, il n'y a, à mes yeux, rien de plus romantique.
La plupart des passagers se sont assoupis, seuls 2-3 suivent encore la projection. Le personnel est efficace et très serviable. Rondes de snacks, de cup noodles, de boissons fraîches, you name it. Le vol est plutôt calme, ponctué de quelques épisodes de turbulences.

Cabine au réveil difficile, après un somme de 3-4 heures. Un petit déjeuner copieux suivra.

… alors que l'on approche de Formose à toute allure. À noter la trajectoire plutôt intéressante en fin de vol, qui nous fait contourner la Chine et la Corée. Nous atteindrons les 41.000 pieds vers la fin du vol (un 747 ça vole haut et vite).

Les "triple-slotted flaps" Krueger du 747, particularité qui disparaîtra sur la nouvelle génération du Jumbo.

Arrivée sur le sol taïwanais, avec, si mes souvenirs sont bons, une avance de 30min environ.

Petit clin d'œil au passé avec ce 747-200 de la Japan Air Lines.

Et ce 747-400 EVA en version combi (avec sa grande porte cargo à l'arrière de la cabine), toujours aux anciennes couleurs :

Nous voici en porte avec ce charmant voisin, un MD-90 (BR toujours).

Les passagers attendront sagement l'extinction de la consigne lumineuse avant de se lever et de s'emparer de leurs effets personnels. Après tout, on vole sur une compagnie taïwanaise !

À bientôt, B-16412 ! Au moment où j'écris, ce bon vieux coucou de presque 20 ans vole toujours et fait partie du tout dernier bastion de 747 encore en service chez EVA Air (avec B-16411 et B-16410) sur les destinations qui sont principalement Shanghai, Sapporo, Seattle et Vancouver (avec, bien sûr, des cabines plus récentes). Après Cathay Pacific et Air France, EVA Air prévoit à son tour de mettre le Jumbo version PAX à la retraite de manière définitive en août 2017, avec l'arrivée du tout dernier lot de sa commande de triple sept. Le vol BR88 au départ de Paris est d'ailleurs opéré en 77W depuis une dizaine d'années maintenant, avec une brève interruption de la ligne aux alentours de 2008-2009 (années où j'ai du par conséquent me tourner vers CX pour mes vols à destination de Taiwan).

L'état actuel de la flotte des 747 EVA (source : airfleets.net) : les 3 PAX restants + les cargos, qui sont pour la plupart des combis reconvertis full freighter.

Débarquement au terminal 2, encore considéré comme neuf à l'époque. Très propre et parfaitement balisé, à l'image du métro taïwanais.



Je clôture ce récit avec le cliché d'un édifice que vous connaissez sans doute si vous suivez les aventures de Marathon, dont je salue l'œuvre conséquente et la contribution au site, au passage.
À la date à laquelle la photo a été prise, Taipei 101 n'a que 6 mois et fait la fierté du peuple de Formose avec son titre de plus haute tour du monde (509m). Ce chef d'œuvre d'architecture et d'art contemporain est encore aujourd'hui l'icône de l'ingéniosité taïwanaise.

Bonus modélisme : le 747-400 d'EVA Air au 1:200 (modèle en métal signé Inflight200)

Et pour vous remercier d'avoir pris le temps de me lire jusqu'au bout, veuillez accepter ces quelques 蘭花 (orchidées) en gage de ma reconnaissance (culture en serres, près de Chiayi, avec exportation de par le monde).

À bientôt sur d'autres lignes, des récits plus récents et donc plus complets sont à paraître très prochainement.
Merci pour ce FR.
J'aurais quand même cru que BR avait des IFE en 2005 à l'instar de SQ ou EK, compagnies pionnières dans ce domaine.
Dommage de pas avoir de photos des repas, je me demande s'ils étaient bien plus étoffé à l'époque, histoire de faire passer le temps.
Bonjour KL651,
En effet l'absence d'écran personnels en classe éco commençait à se faire ressentir au milieu des années 2000. EVA Air a d'ailleurs mis le paquet par la suite en rénovant ses 747 avec les dernières cabines à partir de 2005, qui présentent un produit similaire à leurs 777 flambant neufs de l'époque (je dois encore avoir les brochures promotionnelles quelque part). Quant aux plateaux repas je suis hélas certain de ne rien avoir photographié.
Merci de m'avoir lu !
Merci pour ce FR exceptionnel qui nous replonge dans une époque déjà lointaine sur le plan du type d'avion (le B744 régnait en maître...) et sur celui de l'IFE, plutôt désuet alors que 12 années "seulement" ont passé. C'est génial et quasiment visionnaire d'avoir pris autant de photos en mode flight-report.com (hormis le catering) en 2005 et de nous en faire profiter à posteriori.
Bonjour Lucky Luke, et merci pour le compliment. Il est clair qu'il y a une certaine nostalgie du 747 trônant en tant que "flagship" des grandes compagnies aériennes et que bien des choses ont changé depuis. Il y a 10 ans encore je n'aurais jamais imaginé partager ou publier ces photos/souvenirs, je suis donc bien content d'en avoir l'opportunité ici. Merci encore et à bientôt !
Merci pour ce très bon FR, et je rejoins Lucky Luke concernant les nombreuses photos prises à l'époque où Flight-Report n'était peut-être qu'une vague idée dans la tête des fondateurs du site... :)
Bonsoir Akivi, merci pour votre commentaire ! Toujours un plaisir de partager avec des passionnés !
Bonjour et merci pour ce passionnant FR d'archives.
aah les écrans à tubes cathodiques des 747....
Quel est le temps de vol total en empruntant cette route ? Au final Paris est si mes souvenirs sont bons la seule desserte européenne d'EVA à être desservie en non stop, le reste s'arrête à BKK je crois.
Bonjour flyingjapans,
Le temps de vol annoncé sur le billet était de 13h30min, si mes souvenirs sont bons nous étions arrivés avec un peu d'avance sur l'horaire initial. Aujourd'hui le temps de vol de BR88 est réduit, avec un peu moins de 13 heures en règle générale, et ce malgré un 777 plus lent, donc sans doute grâce à une plus grande flexibilité dans les plans de vol (?).
Bien vu pour les trajets EVA non-stop vers l'Europe, il me semble qu'encore aujourd'hui les vols à destination de AMS ou LHR font escale à BKK.
Merci pour votre lecture !
Merci pour ce FR ^^
Vous aviez prédis l'apparition de Flight-report apparemment ^^
Excellent produit en tenant compte que c’était il y a 12 ans.
Cela m'a rappelé mes premiers vols quand je partais voir ma famille au Japon avec JL et ces 747.
Depuis la ligne ZRH-NRT avec JL n'existe plus...
J’espère qu'un jour je reprendrais un 747 avant qu'il y en ai plus en service.
A la prohaine ^^/
prochaine*
Bonjour Yukun,
Content de faire revivre certains souvenirs, c'est aussi le but de mon FR ! LH, BA et VS seront sans doute parmi les derniers opérateurs réguliers du -400, et sachant qu'ils comptent garder le modèle jusqu'au moins 2020, il est encore grand temps de profiter du mythique Jumbo Jet (sans oublier LH et ses -8i encore neufs qui voleront sans doute jusque 2030).
Merci de votre lecture et à bientôt !
Merci pour ce FR nostalgique!
Très belle avion, la cabine donne presque envie mais l absence d IFE casse un peu cette envie...
Les écrans sont aujourd hui de mauvaise qualite, ce serait horrible aujourd'hui! Mais pour un vol de 2005 c'est plutôt pas mal...
Encore merci et à bientôt!
En effet les standards ont bien changé en un peu plus de dix ans !
Merci pour votre commentaire et à bientôt !