Cela faisait des années que je n'avais plus mis les pieds à bord d'un Beechcraft 1900. Ma première expérience en la matière, un Orly Cherbourg via Caen, aussi bruyant que turbulent, le genre de vol que je trouve idéal. Il y eut également deux autres camionnettes du ciel de l'autre côté de l'Atlantique au début des années 90. Mais depuis, plus rien. J'aurais certes pu jeter mon dévolu sur cette improbable autant qu'inabordable liaison Marseille - Milan en mode hors pistes mais je l'ai toujours repoussée.
Et puis, la pandémie avec sa déferlante de limitations de déplacements est arrivée… Se pointait alors l'envie de redécouvrir la France en passant par les aéroports de petite taille. Mes deux acolytes préférés ayant déjà pratiqué et documenté la chose, il fallait bien que je saisisse moi aussi l'occasion.
Google Flights fera mon bonheur en me proposant un prix défiant toute concurrence, si tant est qu'il y en ait une.

Comment ça, FREE FARE? En fait, j'ai payé mon droit de retour au bercail 53 euros chez Expedia mais lorsque ma résa est apparue dans le système de ventes Chalair, le prix n'était pas indiqué donc ils ont marqué free. Bon, au pire, j'en serai quitte pour racheter un nouveau billet en cas de couac.

Donc, billet acheté, pré-acheminement organisé il ne manquait plus qu'une annonce gouvernementale de plus pour venir gâcher la fête mais comme j'avais déjà posé deux jours de congés avec une idée bien plus nordique en tête, c'est bien décidé à braver l'interdit une fois de plus que je me couche tôt car demain, c'est en train que l'aller se fera.
confinement, ah bon?
Les Parisiens sont priés de rester chez eux en cette période dite de pandémie ou de ne pas s'éloigner à plus de 30km de leur domicile. C'est typiquement le genre d'invitation que je prends pour une incitation à la débauche récidiviste. Une petite voix dans l'oreillette m'informe le jour J que la voie est libre, ça tombe bien…

Allez, embarquement immédiat!

Le train est à l'heure et se payera même le luxe d'une escale à Rennes. Evidemment, il fallait qu'un énergumène refuse de porter son masque et fasse tout une esclandre. Bilan des courses, la maison Poulaga débarque dans la rame. Je me fais tout petit et passe inaperçu…


Le fauteur de trouble est débarqué et nous pouvons abréger notre séjour. L'arrivée à Quimper se fera avec une poignée de minutes de retard. Pas de contrôles en gare mais au détour d'un chemin…

Puisque je suis dans les parages, autant en profiter pour visiter la ville. La météo n'est pas mauvaise, je dirais même presque agréable bien que le ciel soit couvert. La Bretagne quoi.

Certaines bâtisses sont aussi invitantes que fermées.



Je n'irai pas plus loin.

Dommage, le programme avait pourtant l'air bien alléchant.

Idem pour la cathédrale, une vraie prison cette maison close. Visiblement, la foi est moins efficace qu'un confinement.

Je m'autoproclame dérogataire et continue donc mon bonhomme de chemin.

Ça n'a pas l'air très contagieux tout ça.

Et j'aime bien la version locale du gel hydroalcoolique.

Une pause s'impose.

Dommage que certains ne sachent pas lire. Elle est pourtant sublime cette plaque au sol.

Va pour l'esprit marin!

Un peu plus tard, je n'ai plus qu'à profiter de l'air libre.



Pas en circulation, dommage!

Faudra que je revienne faire un tour dans le coin.


A cette époque, on ne vendait que de la restauration à emporter. Cela me va très bien!



D'ailleurs, à propos d'emporter, #jefaismescouseschezlesbretons ?

le variant breton
Donc, après avoir arpenté les rues de la ville et regretté de ne pas avoir le temps d'aller jusqu'à Concarneau ou Douarnenez, il est grand temps d'aller prendre l'avion. Je m'étais promis de suivre l'exemple d'Akivi et réserver une navette pas chère mais mon travail l'aura emporté sur l'horaire utile pour cela et j'ai oublié d'appeler le numéro magique. Du coup, c'est en taxi que je file vers Pluguffan. Mis à part l'unique bouchon de la ville, le trajet sera d'une fluidité exemplaire, emmené par un chauffeur ultra sympathique, le genre de taximan que l'on souhaiterait trouver dans toutes les villes du monde entier. Et c'est à 17 heures 30 que je me retrouve devant cette tour de contrôle.

L'endroit me plait déjà. Personne à l'horizon.

Je file dans le terminal faire mon enregistrement. Décidément, tout le monde est sympathique ici. L'employée sera d'une bonne humeur contagieuse, bien plus que ce fameux variant breton tant redouté! Je prends congé momentanément histoire d'aller lutter contre le virus, selon les us et coutumes locales.

Aux Bretons et à tous les autres gens bizarres, aux natifs du 25 mars (parait qu'il y en a), aux amateurs de pommes et de discorde (y'en aura toujours, surtout pour la deuxième catégorie), bref… Santé!

Me voici donc en train de trinquer, tout seul, au beau milieu de nulle part quand soudain… un être humain apparaît. C'est un passionné, fréquentant ce même site: FL300, merci pour ces quelques minutes enrichissantes, pur fait d'un improbable hasard. Le temps passe vite et cette discussion sympathique est avortée par l'employée du check-in qui vient m'informer que le vol embarque! Retour dans l'aérogare, déserte à souhait.

Les contrôles de sécurité seront passés en un éclair. J'ai l'impression qu'ils attendaient mon départ pour fermer le bâtiment^^

Jolie salle d'embarquement anachronique.

Pause pipi et remplissage de gourde rapide, l'avion n'étant pas équipé de toilettes et direction le tarmac.

Au détour d'un regard…

Mais pour aujourd'hui, ce sera ça.

La camionnette de Monsieur est avancée.


Objectif du jour atteint, y'a plus qu'à!


Accueil chaleureux à bord, trois passagers ce soir. Nous serons en mode jet privé ce qui n'est pas pour me déplaire.

l'envol
Embarquement terminé, porte fermée. Instant hublot de rigueur.

A droite, la vue est invitante.

Pendant ce temps, en cabine…

Mon siège, très confortable.

L'instant collector



Le boucan des moteurs va faire vibrer la cabine pendant un bon moment ?
Nous prenons la direction de la piste pour notre envol.



Noëllie est là?

Demi-tour sur la raquette ou en bout de piste.


C'est tellement rare de nos jours que pouvoir admirer les pilotes en plein travail. Le monsieur du premier rang n'en perdra pas une miette.

C'est parti, direction Paris.

Avanti!


Décollage réussi!


Nous virons rapidement vers l'est…

et passons la couche nuageuse.

Les docs de voyage avec mon siège initialement choisi puis changé à l'enregistrement pour des raisons de centrage.

Beau temps breton…

Un aéroport que je visiterai le lendemain, récidivisme oblige.

Je ne me lasse pas de cette vue!


Ambiance détendue à bord. C'est tout simplement exceptionnel de pouvoir admirer le cockpit sans porte blindée.

Le service à bord sera inexistant pour cause de Covid-19 et je doute qu'en autres périodes, il fusse meilleur.

Pas grave, tant qu'on peut profiter de la vue!

Je tenterai un positionnement un peu plus stratégique mais c'est raté, le pax au premier rang a installé son bagage cabine sur le premier siège à côté de lui.

Retour à fond de cale pour profiter du lie-flat. On est bien là, non?


Trêve de plaisanteries, regardons ce que contient cette aumônière…

Outre la safety card collector déjà présentée plus haut, je tombe sur un vomito bag déjà utilisé. Rassurant mais il prêche à un convaincu. Non, ce n'est pas ma calligraphie (et je n'aurais pas commis ces horribles fautes d'orthographe).

Bref, passons sur ces légères considérations et en dépit de l'absence de salon à UIP, voici l'instant shopping qui fera quelques heureux.

Du beurre et un peu de sucre et de farine autour.



Début de descente annoncé plus par la variation du régime moteur que par les annonces du cockpit.

Un vol sans turbulence ? mais très agréable. Le soleil se prépare pour son couvre-feu.

Demi-tour vers Orly


Approche sur la 25



Posé délicat sur la piste 25

Roulage vers le point de parking puis arrêt des moteurs.

Dernier regard sur cet avion atypique. Content d'avoir fait le déplacement pour l'ajouter à mon log.

Direction le terminal en bus.

Contrôles, pas contrôles?



C'était vide de chez vide. La belle époque! Les casse-pieds restaient chez eux et en prime, aucune distribution de morale bien pensante.

contrôle des attestations?
La voilà mon attestation!

Et puis, si on me l'avait demandée, j'aurais répondu que j'étais parti acheter quelque chose d'essentiel. Le genre de chose qui n'a pas de prix mais est inestimable et pas cher : du temps libre. Chacun ses valeurs.
Il ne me reste plus qu'à récupérer une autre chose essentielle et rentrer chez moi. Ce fut une bien belle journée.

Voilà, c'est tout pour le moment. La suite au prochain numéro.
Comme d'habitude, merci de m'avoir lu. N'hésitez pas à commenter voir critiquer (mais pas trop non plus, faut pas exagérer). Si vous avez aimé, mettez un Like en dessous sinon vous en mettrez deux!
À bientôt pour de nouveaux envols.
✈
Merci pour ce FR.
Du kouign-amann bien sûr. ^^
Sarrasin si possible, étonnamment goûtu!
Merci Clément pour la lecture et le com'
A bientôt au-dessus des Alpes.
Merci Guillaume pour ce FR qui m'intéresse tout particulièrement, ayant publié un récit similaire vers Limoges :)
Un vol similaire en tout point: c'est vide... Certes nous étions pendant le Covid, mais la ligne ne semble pas performer particulièrement... D'ailleurs, plus d'ATR sur la ligne, uniquement des Beech. Elle est loin l'époque des trois vols quotidiens opérés par Hop! en ATR...
Je prends le parie que le contrat ne sera pas renouvelé lors du prochain appel d'offre... Tu as bien fait de profiter d'une si belle offre tarifaire :)
A +
Hello Nicolas, j'ai bien fait de publier cette archive très contemporaine qui vient étayer celle de Plane_Orly. Bien qu'évidemment avgeek, je ne souhaite pas voir ce genre de liaisons transversales ou secondaires disparaître mais ce genre de remplissage n'est autre que le fruit d'une inadéquation entre offre et demande. L'aéroport survolé n'est autre que celui de Lorient qui ferma ses portes le lendemain. Billets trop chers, flotte totalement inadaptée au transport de masse, concurrence entre aéroports régionaux et avec le train, bref, rien ne justifie plus ces vols. Et comme la France est un pays jacobin, les hubs de feu CFE et LYS sont vite passés à la trappe pour laisser la place aux LCC.
Pari gagné d'avance j'imagine. Du coup, je verrais bien Ryanair ou Malta Air investir la zone histoire de faire grimper aux rideaux les opposants de MOL^^
A 53 euros, l'évasion était trop belle pour ne pas la tenter.
Merci pour ton commentaire!
Merci Guillaume pour ce FR en mode spécialités bretonnes.
Ahh ce temps particulier des restrictions Covid, chaque déplacement avait une saveur d’interdit et on en savourait chaque instant ( en tout cas pour moi ).
Et c’est justement le bon moment pour faire ce genre de ligne finalement bien exotique et juste à côté de chez soi.
Une chouette expérience et en effet on penserait que Noellie est à bord !! ?.
A bientôt
Hello Valérie!
Cette époque me manque, je n'ai jamais voyagé aussi tranquille et à moins d'une nouvelle pandémie que personne ne souhaite, elle est bel et bien révolue.
L'exotisme en bas de chez soi ou à une heure de vol est une luxe que beaucoup n'ont pas su apprécier à sa juste valeur. Dommage de ne pas voir plus de vols France sur le site.
Au final, un bon vol avgeek que je te conseille si tu n'as jamais fait l'expérience du Beech 1900. A bientôt pour un Bretzel au pays des crêpes?^^
Merci pour le com'
Promener un Okapi n’était pas une raison valable pour sortir de chez soi?
C’est sympa Quimper, j’aime bien. La ville a gardé ses anciens bâtiments, elle n’a pas été bombardé comme Brest pendant la guerre. Concarneau c’est joli aussi, Douarnenez c’est de là que vient le Kouign-amann mais c’est un peu mort hors saison.
Lorient? Un nouvelle promenade de l’Okapi en Bretagne?
La recette du bonheur haha
Merci pour ce FR
Hello Moritz!
Pendant le premier confinement, j'ai caressé l'idée d'acheter une laisse pour promener mon chien aussi virtuel qu'invisible. Pas sûr que cela aurait pu passer alors un okapi...^^
Je confirme que Quimper est une superbe destination, comme toute la Bretagne du reste. Authentique et sauvage!
La récidive est une de mes spécialités!
Avec du beurre, tout est meilleur, forcément même si je ne rechigne jamais devant une bonne huile d'olive. Éternel combat que tu dois bien connaitre!
Merci pour la lecture et le commentaire.
Au plaisir de t'avoir croisé !!
Peu après je suis parti faire de l'ATR et du Let410 chez Air Guyane et Air Antilles. Et aujourd'hui je pars en qualification 737 pour être basé à CDG, dans une compagnie qui ne permettra pas de t'accueillir pour y faire un FR malheureusement...
En tout cas bons vols, et au plaisir de te croiser à CDG ou ailleurs !
J'ai mis du temps à le publier ce FR mais le souvenir de notre rencontre sur ce parking est ancré dans ma mémoire. Beau parcours! Et pour le 737, j'imagine qu'il va falloir que je m'auto-expédie en mode cargo?^^
Je ne manquerai pas de regarder passer ton avion le soir tard au-dessus de Paris.
A notre prochaine rencontre et tous mes vœux pour la suite!