Retour de l'autre rive
Le magazine de bord d'Air China n'est pas bien différent dans son concept de celui de n'importe quelle grande compagnie aérienne, à quelques petites différences près. Par exemple, il est intégralement en chinois, illustration de la part minime des vols internationaux dans l'activité de cette compagnie aérienne, malgré ses velléités d'expansion affirmées dans la presse. La carte des vols internationaux est éloquente : zéro liaison vers l'Afrique, une seule vers Dubai pour le Proche et Moyen Orient, un unique Beijing ? Madrid ? Sao Paulo pour l'Amérique du Sud. Cela fait bien mince.
Il y manque quatre liaisons, car il est politiquement impossible à Air China de présenter les vols vers Taiwan comme étant internationaux : la deuxième carte présente (en anglais) les routes aériennes intérieures et régionale de Taiwan, car en chinois ce sont les routes aériennes intérieures et des deux rives. Entendez par là les deux rives du détroit de Taïwan.
Le vol CA417 est un de ces vols des deux rives qui se sont multipliés à la faveur de la détente sino-taiwanaise. Mais quand on multiplie presque rien par trois, on n'obtient pas grand chose. Un seul vol quotidien en milieu de journée entre Chengdu et Taipei: c'est dérisoire entre deux agglomérations de plus de huit et deux millions d'habitants, respectivement, la première étant de plus l'un des hubs de la compagnie.
Mais les citoyens chinois n'ont pas le droit d'emprunter ce vol sans faire partie d'un groupe, ce qui réduit la demande. Dans la queue à l'enregistrement, il y avait une poignée de détenteurs de passeports européens, utilisant au téléphone des langues que j'étais incapable d'identifier, tant l'Union a grandi, mais surtout des groupes de Chinois, porteurs du mince livret mauve clair qui leur tient lieu de passeport pour aller à Taïwan.
Ma voisine dans l'avion est une accompagnatrice, peut-être bien novice : réglementairement porteuse de trois documents de voyage différents (son passeport chinois bordeaux, son document de voyage vers Taïwan mauve clair et son permis d'entrées-sorties multiples taïwanais bleu clair), elle n'a cessé de passer de l'un à l'autre pendant une demi-heure, se demandant manifestement quel numéro de passeport indiquer sur le formulaire d'immigration taïwanais, dont elle a demandé un deuxième exemplaire à l'hôtesse.
Une fois enregistré, il y avait zéro attente aux contrôles des passeports et de sécurité, et le terminal était quasiment désert.
L'A321 avait dû débarquer les passagers du vol précédent en zone domestique, avant d'aller se mettre au contact en zone internationale en porte A10, et décharger une grande quantité de fret. Vraisemblablement basé au hub de Chengdu, il est largement décoré aux couleurs du Sichuan, avec les incontournables pandas et les bambous qui sont leur seule nourriture.
Décollage avec une demi-heure de retard, en raison du contrôle aérien : c'est du banal. Deux avions inhabituels, garés en bout de piste : un Falcon 7X au couleurs d'Air China, sans doute destiné au transport d'officiels
et un 747 cargo de Jade
L'A321, mis en service fin 2008, est à l'état neuf; le taux de remplissage est de l'ordre de 80%. Deux heures cinquante de vol, en suivant une route aérienne qui n'a rien d'une ligne droite, car l'espace aérien chinois est parsemé de zones militaires interdites de survol. Cela laisse le temps d'avoir un intéressant repas.
Air China fait des économies sur le beurre : sa barquette ne fait que 7 grammes, contre 10 grammes pour celle servie sur le vol CZ3024 dont j'ai posté le TR. L'une comme l'autre, du même fournisseur, est importée de Nouvelle Zélande, à 10 000 km de là, mais il n'y a que sur la plus grande des deux qu'il y a la place de l'indiquer sur l'étiquette. Cette lointaine origine a le mérite de garantir l'absence de mélamine dans le produit.
Ca ne se voit pas sur la photo, mais exceptionnellement, on n'a pas le choix, alors qu'à bord de tout vol court-courrier en Chine, on a l'éternel et cruel dilemme entre poulet-riz et b'uf-pâtes pour le plat tiède. Autre particularité : il n'y a pas de couteau en plastique. C'est normal : les Chinois ont appris que toute personne bien élevée mange les spaghettis avec une cuiller et une fourchette. Quand ils sont bien collés ensemble et surmontés de petits morceaux de b'uf en sauce, cela demande d'improviser par rapport aux règles du savoir vivre transalpin, et même cisalpin. Je soupçonne par ailleurs le concepteur de la déconcertante salade de maïs ? carottes ? mangue de s'être plus attaché à l'assortiment des couleurs que des saveurs.
En revanche, ce qui se voit sur la photo, c'est le gobelet de café. Du café NOIR !! Vous rendez-vous compte de la révolution culturelle que cela représente, par rapport au café au lait dilué qui m'a été servi pendant deux ans de vols intérieurs en Chine ? Je ne suis pas allé jusqu'à demander du bon café, car il ne fallait pas être trop exigeant. Il était en fait tout aussi infect que le café en poudre mis à disposition dans ma chambre d'hôtel à Zhengzhou.
L'avion atterrit à 17h30 à Taipei et vient au contact très rapidement. Certes, je n'avais pas de bagage enregistré, mais 28 minutes plus tard, je quittais l'aéroport dans un bus express en direction de la gare centrale de Taipei.
Merci pour ce petit comparatif China Southern/Air China !
Je dis comme Damss974 ! Super ce FR !
Merci pour ce FR, Air China va peut étre dans quelques années ouvrir une ligne Shanghai ou Pékin -> La Réunion