Ce FR est la suite de celui publié précédemment sur un vol Ibiza-Parme effectué en 2021 à bord d'un Dash-8Q-400 de la toute nouvelle (à cette époque) compagnie Sky Alps : https://flight-report.com/fr/report/66577/skyalps-bq1962-ibiza-ibz-parme-pmf/
Lors de ce long week-end du 14 juillet, je poursuis mes pérégrinations intra-européennes, faute de pouvoir voyager sur d'autres continents. Nous sommes encore "dans le dur" en ce qui concerne la pandémie et seuls les voyages à l'intérieur de l'Europe ont été autorisés pour l'été, pour les personnes vaccinées ou présentant des tests négatifs récents. C'est l'époque des QR-codes dans tous les sens dont on garde un souvenir plutôt amer, même si sur le moment c'était déjà un bonheur de pouvoir de nouveau se déplacer, quitte à en passer par là.
Nous nous étions donc quittés la veille sur le quai de la gare de Parme, où j'avais pu attraper le dernier train du jour à destination de Forlì, à l'autre bout de l'Emilie-Romagne.
Après avoir passé la nuit dans un hôtel du centre de Forlì, je fais une rapide visite de la ville à pied malgré la pluie qui s'est invitée au beau milieu de l'été. Comme dirait le Guide Michelin, c'est "à voir éventuellement" mais en aucun cas "vaut le voyage" ou même "mérite un détour".
Pas de débat en revanche sur le but de mon passage par ici. Je me rends sans plus attendre à l'aéroport, situé à 5km du centre, où la zone d'enregistrement est assez animée, même s'il n'y a que 6 départs ce jour-là.
Deux comptoirs sont ouverts pour le vol EGO AIRWAYS à destination d'Olbia, programmé (en v.o. : "schedulato", quelle horreur, il n'y a pas que la langue française qui doit lutter contre les anglicismes… ) à 10h05.
Dès mon enregistrement effectué, je passe le PIF pour aller en salle d'embarquement.
Un E195 d'Air Dolomiti partira peu de temps avant nous, à destination de Munich, ou de Monaco si vous préférez la v.o.
Il y a un salon dans cet aéroport…
… mais il est vide ce matin, ce qui me permet de demander l'autorisation d'y jeter un coup d'oeil.
Sur ce, l'E-190 d'EGO AIRWAYS arrive de Catane où il est basé.
Il pleut encore et la présence de ces escabeaux va m'empêcher de lui tirer le portrait correctement. C'est pourtant une pièce rare, puisqu'il est et restera à jamais le seul avion de cette compagnie, qui n'aura vécu que quelques mois. Au départ, ce sont 4 Embraer 190 qui étaient prévus dans le business plan, dont celui-ci, immatriculé I-EGOA, loué coque nue auprès de German Airways (Ego possédant son propre CTA). Une machine assez récente (2008) qui avait débuté chez Copa Airlines.
Très peu de passagers ont débarqué et c'est donc sans tarder que la trentaine de clients à destination d'Olbia peut embarquer. On notera le nom de baptême de l'avion, Martina. J'hésite entre l'épouse et la fille du principal actionnaire.
Il pleut toujours sur Forlì mais je ne boude pas mon plaisir d'ajouter cet oiseau rare à mon tableau de chasse.
En tous cas, le branding de cette toute nouvelle compagnie avait été bien soigné, comme on peut le voir avec ce logo bien équilibré, même si pas assez "épais" selon moi pour être visible de loin.
Je suis le premier à bord, ce qui permet de faire cette photo de la cabine entière sans aucun passager. On note tout de suite l'absence de têtières. Dommage.
Les sièges ont l'air confortables et sont bien espacés, puisque cet avion n'en comporte que 100.
Je vais prendre place au 1A qui m'a été attribué.
Face à la cloison, mais à distance plus que généreuse, tandis qu'on apercevoir la chef de cabine avec son bibi et son gilet gris très classe, son masque rose n'étant pas en reste. Start-up ou pas, on est dans le pays leader incontesté de la mode ou on ne l'est pas…
Une fois les portes fermées, un léger retard est annoncé à cause d'un slot lié à la mauvaise météo. Un passage de verres d'eau est alors effectué en plus de la distribution de serviettes virucides, un autre rituel des vols en période de pandémie… On notera qu'il n'y rien d'autre que la consigne de sécurité (désormais collector, sans doute à plus de 20€ sur eBay…) dans les pochettes mais on ne peut pas critiquer l'absence de magazine de bord alors que les mesures sanitaires du moment les avaient bannis de partout.
Tandis que la pluie redouble d'intensité, on roule à 10h15, avec 10mn de retard.
Pas évident de distinguer ce qu'il y a sur le tarmac avec toute cette flotte. On reconnaît plus ou moins un B737 de Lumiwings.
Ca semble quand même se calmer et on décolle enfin.
Quelques zig-zags sont nécessaires pour échapper aux nuages les plus chargés.
Il y a pas mal de turbulences mais le trolley de catering est quand même de sortie.
La prestation est gratuite et ressemble à ce que l'on pourrait encore avoir de nos jours sur un vol AF domestique. Il n'y a pas d'offre BOB complémentaire.
Ce n'est toujours pas le grand beau temps alors que l'on quitte les côtes de l'Italie continentale à hauteur de Porto Santo Stefano.
Très curieusement les PNC ont ensuite déployé un rideau qui me donnerait presque l'impression que je suis en Premium Eco avec mon siège 1A. N'exagérons pas, je ne vais quand même pas en profiter pour récupérer 5 points statuts sur ce noble site afin de (re)devenir plus vite Gold :-), je considère avoir volé en Y, point à la ligne.
La descente vers Olbia a commencé depuis quelques minutes quand on aperçoit l'île-rocher de Tavolara, avec un ferry de la compagnie GNV "Grandi Navi Veloci" en contre bas.
L'approche se poursuit dans la grisaille alors que cette arrivée à Olbia est bien plus spectaculaire par temps ensoleillé.
A travers le hublot de droite, un petit coup de zoom sur le port d'Olbia avec des navires deux autres compagnies italiennes de ferries après avoir GNV au large : Moby Lines (associée à Tirrenia) et Grimaldi Lines.
On se pose à Olbia après 50 minutes de vol. Comme on peut le voir au fond, le tarmac de l'aviation d'affaires est particulièrement garni. On y reviendra un peu plus bas.
Ce B737 BBJ est trop gros pour être stationné avec les petits Gulfstream, Learjet ou Falcon. Il est relégué à un parking près de l'aérogare principale.
Aérogare principale que voici, avec un A320 Alitalia. ITA n'en est alors qu'à ses balbutiements.
Notre E-190 d'Ego Airways a droit à un poste de stationnement au contact sur cet aéroport d'habitude bien plus fréquenté en juillet, mais nous sommes encore à une époque où le transport aérien européen redémarre avec peine. Nous sommes au bloc à 11h15 avec 5mn de retard seulement. Au final, ce vol aura été une bonne expérience en termes de qualité de service : ponctualité, cabine et PNC impeccables, catering gratuit. Il n'y a donc pas que l'avgeek que je suis qui a du y trouver son compte.
La présence d'un E-170 Hop volant pour AF à destination de CDG aurait pu laisser penser que j'allais tenter une énième "short connexion" comme cela m'arrive régulièrement. Pas du tout, je quitte les lieux à pied pour parcourir 2km avant d'arriver devant l'aérogare d'aviation d'affaires.
Après avoir montré patte blanche, on me laisse entrer…
Ici, tout n'est que luxe et volupté.
Je ne m'y attarderais pas pour autant. Dans la 1/2h suivante, j'ai la chance de repartir d'ici en mode VIP…
… à bord de ce Cessna Citation XLS+ à destination de Genève.
Pour le coup, je n'aurais pas à regretter que le catering d'Ego Airways n'ait pas été plus consistant, puisque je vais trouver largement de quoi me sustenter…
Je vous quitte sur cette image un peu décalée de l'objet principal du FR, je veux bien sûr parler d'Ego Airways et de son seul E-190 qui ne volera en réalité que quelques semaines lors de l'été 2021 sur le réseau régulier de la compagnie. Après avoir enregistré de lourdes pertes dues à des remplissages très inférieurs aux prévisions, tous les vols seront annulés dès septembre afin de libérer l'avion pour de l'activité charter… qui ne donnera pas de meilleurs résultats. Au début de l'hiver 21/22 se déroulera le scénario habituel d'une start-up dans la spirale de l'échec : refus de recapitalisation par les actionnaires d'origine, recherche de nouveaux pigeons investisseurs infructueuse, dépôt de bilan, arrêt de l'exploitation, retrait de licence et mise en liquidation. Dommage mais quasiment inéluctable, et surtout tellement en ligne avec la célèbre formule de Sir Richard Branson : "comment devenir millionnaire en étant propriétaire d'une compagnie aérienne ? il suffit simplement de commencer en étant milliardaire"…
EGO AIRWAYS fait partie de ces nombreuses compagnies à l'existence éphémère, qui n'ont pas pu trouver de place sur le marché avant de consommer l'intégralité de leurs maigres fonds propres. C'est une histoire vécue tant de fois que je me demande comment des investisseurs peuvent être encore assez naïfs pour mettre de l'argent dans de tels projets, voués à l'échec dès leur lancement par manque de réelle prise en compte des enjeux du transport aérien d'aujourd'hui. Cela a été valable de tous temps, alors on imagine la difficulté supplémentaire quand cela a lieu comme ici en pleine incertitude liée à la pandémie.
Il demeure que cette compagnie avait fait ce jour-là correctement son travail et que l'avgeek en balade n'aura surtout pas à se plaindre d'avoir pu ajouter une "belle prise" à son logbook, car vu le peu de longévité d'EGO AIRWAYS, il fallait vraiment viser juste en cet été 2021...
14 Commentaires
Oui comme si on disait "schedulé" en français...
Ça me rappelle presque le NGV de la "grande" époque SNCM.
La phrase finale de Richard Brandson pourrait se calquer à merveille sur un club de football.
Prestations sérieuses à bord, et que dire de la suite en jet? Je t'avouerai que finir ou commencer un routing avgeek de cette manière pourrait bien dépanner bon nombre d'entre nous quand il faut chercher certains appareils "perdus" aux 4 coins d'Europe.
A bientôt Luc.
Concernant la déclinaison de "schedule" je me souviens des québécois d'Air Transat que je fréquentais dans une vie antérieure qui parlaient toujours de "la cédule" en parlant du programme des vols...
Au sujet des NGV de la SNCM, je crois me souvenir qu'ils étaient quand même plus petits et plus modernes que le ferry de GNV photographié lors de la descente vers OLB, qui me semble être ce vieux rafiot retapé qu'est l'Azzurra, construit en 1981.
Quant à la formule de Sir Richard, toute ressemblance avec feu-RLD ou l'actuel JMcC serait fortuite ou involontaire :-) (on va finir par se faire lyncher lors d'un prochain passage à MRS si on continue :-))
A bientôt
Il paraît assez incroyable qu'à cette époque, des investisseurs puissent encore croire en l'avenir d'une compagnie aussi incertaine.
Tu as eu le nez creux en volant avec Ego, on connait la suite...
Un service qui va bien pour ce court segment.
Merci pour le partage, à bientôt!
Ce qui peut prêter à confusion quand on le voit pour la première fois sur un FIDS ^^
Encore une compagnie qui n’a pas vécu longtemps. C’est une industrie difficile.
Merci pour ce Fr
Encore une disparue trop top :( En même temps le business plan était déjà bancal à la base.
Le retour en jet, si je peux demander, c'était un des ces vols de pré-acheminement à vide que tu peux avoir pour un tarif dérisoire ? Si c'est autre chose, pas besoin de nous le dire :)
A bientôt !
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