Bonjour à tous,
J'ai le grand plaisir de vous conter aujourd'hui un vol sortant un tantinet des sentiers battus, entendez par-là une escapade de fin d'été à bord du Douglas DC-3 de la Super Constellation Flyers' Association/Breitling (c'est d'ailleurs la première apparition de cette icône du transport aérien sur FR). Il s'agit d'un vol "boucle" festif et convivial, d'une durée d'une heure environ et qui prend place autour de Genève et du lac Léman, une belle façon de clôturer la saison des vols de la vénérable machine après 6 mois de périple et de tour du monde. Vous pouvez revivre la grande aventure en images et récits en remontant leur page Facebook officielle, ou en visionnant leurs vidéos ci-dessous !
Off we go…
Réservation
Voici le programme des vols du DC-3 Breitling comme affiché sur leur site officiel. Je prendrais contact avec l'équipe Breitling directement par téléphone pour réserver ma place sur la boucle du dimanche matin.
Acheminement CDG-GVA
Travaillant les samedi, et le vol étant programmé le dimanche matin (ce qui sous-entend un acheminement de bonne heure), je prends mes précautions et débarque à Roissy en TGV la veille du jour J, afin de me réveiller à peu près sereinement le lendemain et d'éviter les imprévus éventuels. Séjour donc au Citizen M, hôtel loufoque et ma foi fort sympathique situé en plein Roissypole (je vous recommande cet établissement décalé, le service et le confort y sont excellents… en plus ils ont une grande maquette de DC-3 dans le salon du RC #teasing)
Afin d'arriver dans les temps à Genève pour le vol initialement prévu à 10 heures, j'ai réservé un siège sur l'AF1542, premier vol de la journée (7h-8h) en direction de la capitale de la paix. Ce dernier est opéré en A319 avec nouveaux sièges MC, au lieu de l'A318 planche-à-repasser programmé (je dois penser à améliorer ma terminologie AF, désolé). Vol à l'heure, agréable et sans encombre, puis le café-croissant au lever du soleil en croisant à trente mille pieds, c'est vraiment chouette.
S'en suit un peu de marche à pied pour rejoindre le terminal d'aviation privé de l'aéroport de Genève, Privatport, où la rencontre avec la team DC-3 est prévue. J'ai prévu une marge importante au cas où mais j'y parviendrais en moins de 20min.
Sur le tarmac, principalement des jets privés : Gulfstream, Falcon en pagaille…
À la découverte du Gooney Bird
Arrivée donc au Privatport, où sont garées bon nombre de grosses cylindrées :
Teasing #2… décidémment.
Un peu de pub' pour cette filiale aéroportuaire, que je ne devrais pas solliciter de sitôt (à priori)
Début de l'enregistrement à 10 heures, les participants se réunissent dans une ambiance bon enfant, presque familiale pour la plupart d'entre eux.
… il faut dire que le vol est occupé en partie par des membres de l'association du Super Constellation, pour qui cette excursion dominicale est presque une routine.
Voici le passenger manifest, bien rabiboché pour répondre aux normes FR :
Il est 10h30, direction les contrôles de sûreté avec un premier groupe de 10 passagers :
Côté airside du terminal, qui donne sur le tarmac :
Notre Dakota se repose de l'autre côté de l'aérogare passagers, un petit tour en minivan s'impose donc. Les discussions vont bon train en attendant le départ.
La faune locale, avec ses corporate jets (des Gulfstream et des Falcon à perte de vue) et ses petits suisses : A320, CS100,… (désolé pour le cadrage approximatif, beaucoup de virages).
Soudain…
Serait-ce un mirage ? Une déformation de l'espace-temps ?
Aucune idée. Mais ça en met plein les mirettes !
Lâcher des fauves…
Tribord
Portrait de face
Babord
L'immatriculation, HB-IRJ, inscrite sous l'aile de la bête
Aile aux dimensions imposantes, l'envergure totale du DC-3 avoisinant les 29m (pour une vingtaine de mètre de longueur, drôles de proportions !)
Le train d'atterrissage, un des éléments clés de la robustesse légendaire du vieux Douglas :
Vue arrière-gauche
L'empennage…
Joli profil !
…tandis que l'un des pilotes débute son inspection pré-vol.
Fuselage shot à contre-jour, mettant en relief l'assemblage et les rivets de cette relique aéronautique :
L'équipage se prête volontiers aux séances photos, dans la joie et la convivialité suisses (je ne suis pas sur celle-ci).
L'un des Pratt & Whitney R1830-92 (1200hp de poussée chacun)
Vue générale de l'avion (et de ses admirateurs)
C'est ce que j'appelle faire du wing spreading !
Place aux présentations, HB-IRJ a 77 ans au moment des faits, avec un début de carrière chez American Airlines remontant à… 1940 ! J'y réfléchirai à deux fois avant de qualifier un 747 de 25 ans de "vintage". Transport de passagers, meetings aériens, tour du monde, guerre… notre vieux coucou de la famille Douglas en a dans les pattes ailes, avec ses plus de 75.000 heures de vol.
À noter le fameux dicton aéronautique, "the only replacement for a DC-3 is… another DC-3". En plus de sa robustesse et de sa polyvalence légendaires, c'est en grande partie grâce au Dakota que l'aviation commerciale est telle qu'on la connaît aujourd'hui. Un ancêtre auquel nous sommes tous redevables !
Voici son parcours à travers les âges, comme résumé sur le site flydc3.net.
Derniers préparatifs avant de mettre les voiles… ne cherchez pas à charger un conteneur LD3 dans le minuscule compartiment à bagages du Dakota ! Vous aurez tout juste de quoi caser vos courses au drive.
Honneur aux anciens
Vue de la carlingue avant de monter dans la bête
Notre petit escabeau "pas-plus-d'une-personne-à-la-fois"
Les équipements de secours sont bien arrimés : mégaphone, extincteur au halon, kit de premiers secours, …
La hauteur sous plafond : je suis petit, mais je m'attendais à plus petit. Par contre, c'est en regagnant votre siège en DC-3 que l'expression "monter dans l'avion" prend tout son sens… L'inclinaison du plancher est assez surprenante pour les non-habitués.
Configuration très cozy avec 4 sièges de front, en cuir. Étonnamment spacieux.
Les deux sièges sur la gauche de la dernière rangée
Sièges en issue de secours sur la droite (même espacement que pour les autres sièges)
Tout le monde s'installe, et le commandant prendra la parole pour nous détailler le programme du jour : survol des berges du lac Léman, et de Genève et sa fontaine emblématique. Temps de vol prévu : une heure. La météo est idéale, il y a très peu de vent et la visibilité est élevée. Par contre, pas mal de trafic aérien aux alentours (il faut savoir que le vol, initialement prévu à 10h, a été décalé d'une heure pour cette raison. Nous avions été notifié du changement une semaine à l'avance). Notre indicatif pour ce vol, directement inspiré de l'immatriculation, est H.R.J, ou "Hotel Romeo Juliet" comme on dit dans le jargon aérien.
La vue de mon siège, situé sur la quatrième rangée, côté gauche (les passagers peuvent se placer librement)
Le moteur gauche :
Vue de l'aile :
Liseuse et buse d'aération, qui seront opérationnelles une fois l'avion mis en route :
Notre hôtesse se joint au pilote pour nous accueillir (il s'agit tout de même d'un vol semi-commercial avec passagers, donc personnel de cabine obligatoire !)
Nous aurons donc droit à un court briefing de sécurité, notamment sur l'emplacement des issues de secours…
S'ensuit le démarrage des moteurs, qui va prendre quelques minutes…
Cela donne lieu à un spectacle captivant, accompagné de ses sons caractéristiques. Ce ne sont pas des GE90, mais c'est tout aussi impressionnant.
Ah oui, j'allais oublier : les consignes lumineuses
Taxi time!
Passage derrière un A330 Swiss, qui nous revient de la grosse pomme
On remonte la piste lentement…
Ma fenêtre, tout de bois ornée, pas de faux bois comme avec certaines compagnies du golfe ici :
Il y a pas mal de monde sur les pistes à cette heure-ci, dont cet Airbus sous pavillon français.
Le contenu de la pochette : un vomit-bag qui présente des séquelles de son piétinement récent, une lingette citronnée, et bien sûr…
… la carte de sécurité, sans doute un des tirages les plus limités qui soit. Sur le moment j'ai du me retenir pour ne pas l'emprunter indéfiniment (j'en recevrais une toute neuve quelques semaines plus tard dans ma boîte aux lettres) !
N'ayant pas de voisin et le pas étant excellent, je prends vite mes aises.
Il y aura 5 appareils au départ devant nous (Swiss, EasyJet, El Al, etc.), plus un à l'arrivée.
Entrée sur le seuil de la piste, après une bon quart d'heure d'attente sur le taxiway.
Alignement piste 23 !
Ready for departure
Nous voici en train de dévaler la piste à la puissance du piston !
Le DC-3 s'arrache du sol de manière très progressive, tout en souplesse, vraiment agréable.
Vue sur le tarmac…
… et sur la tour de contrôle.
Virage par la droite :
On restera à une altitude relativement faible tout au long du voyage, pas plus de 3000ft d'après Flightradar24.
Une porte de DC-3, une !
Vue de la cabine depuis la dernière rangée (mes excuses pour la mise au point plus qu'aléatoire).
Il semblerait que quelque chose soit en cours de préparation dans le galley de fortune…
La buanderie :
Un des nombreux atouts charme de ce vol : le cockpit, qui restera ouvert aux visites des passagers durant tout le vol
Un vide-poches, échelle DC-3
Admirez ce magnifique poste de travail ! Ce dernier a été en partie rénové pour être conforme aux normes européennes, et est équipé de ce dispositif magique qu'est le GPS, entre autres instruments plus au goût du jour.
Old-school yoke
Les manettes de poussée
Notre pilot in command à l'œuvre
La petite fenêtre située au plafond du cockpit :
Détails techniques d'un autre temps :
Pendant ce temps en cabine, la croisière s'amuse
Bucolique, n'est-ce pas !
L'avion a beau ne pas être pressurisé, il fait grand soif… à la carte des boissons : Champagne Barons de Rothschild, diabète liquide ou eau plate.
J'ai pour habitude d'éviter soigneusement l'alcool, mais je ferai symboliquement exception le temps d'une flûte, compte tenu des circonstances. Remarquez l'attention au détail, avec ce bel hommage à la machine gravé sur ladite flûte (en vente sur le site flydc3.net, entre autres produits dérivés à l'effigie du bel oiseau).
Santé à Flight-Report, à ses contributeurs et à ses lecteurs, ainsi qu'à la communauté avgeek au sens large !
Oh, joie ! Amuse-bouches en approche… je sens que ça va plaire aux amateurs de sucré, dont je fais partie.
Au menu, un joli florilège de pâtisseries : éclairs au chocolat ou au café, tartelettes à la pistache ou aux framboises.
Cinq fruits et légumes par jour, qu'ils disent… en voilà quatre, sur leur lit de crème pâtissière.
Apéro with a view
Les refills ne se font pas attendre
Instant porte #2, pour les amateurs…
Au dehors, les paysages laissent rêveur. Ne connaissant pas les terroirs de la région, je me passerai de toute tentative d'expertise.
Alors non, je n'ai absolument rien à voir avec l'accumulation de verres vides sur la tablette d'à côté, qui, compte tenu de l'absence de voisin servira à l'entreposage des restes de nos festivités…
Par contre pour les coupelles en papier, je plaide coupable. Il faut bien passer en dessous de la masse maximale d'atterrissage avant notre retour sur le plancher des vaches, non ?
Comment refuser ?
Quelques montagnes au loin…
… tandis que de pittoresques villages typiquement helvétiques défilent sous nos ailes. L'avion paraîtra remarquablement stable durant tout le vol, si on oublie une ou deux secousses passagères. Question bruit le DC-3 s'en sort mieux que je ne l'avais anticipé. Je m'attendais à un bourdonnement insupportable, on en est loins.
Retour vers l'avant de la cabine
Tout un panel de fusibles
Encore des leviers
L'acte de naissance de notre DC-3, converti en DC-3A, mis à rude épreuve par le temps.
Les pilotes se préparent pour les "boucles" autour de Genève…
Force est de constater que tous les boulons tiennent bien en place, malgré l'âge canonique de l'avion. Chapeau bas à la maintenance, ces hommes de l'ombre qui passent quelques milliers d'heures à entretenir ce monument de l'aérien, pour le plus grand plaisir des passionnés.
Dernier tour au cockpit
Wing view de l'arrière
Les racks à manteaux, eux aussi décorés de bois.
Vient enfin le survol tant attendu de Genève et de son célèbre jet d'eau :
Les vues sont imprenables !
Et rebelote ! Nous ferons plusieurs boucles au dessus de la ville.
Tout le monde s'en donne à cœur joie.
Juste pour vous illustrer un peu la taille des fenêtres panoramiques du DC-3. Certes, c'est une cabine non pressurisée, mais même les hublots du Dreamliner font pâle figure à côté. Il ne manquerait plus que les rideaux pour compléter l'image d'Épinal.
Hélas le vol passe vite, et il sera bientôt temps de se rattacher et d'entamer la descente…
… ceinture de sécurité qui est tout ce qu'il y a de plus conventionnel dans l'aérien, rien de bien vintage ici.
Dernier virage au dessus du lac…
… alors que l'on distingue Cointrin au loin, entre deux pales.
Approche finale, nous sommes attendus de pied ferme ! Papy DC-3 a causé des bouchons avec sa vitesse d'approche de 80 nœuds.
S'en suit un véritable kiss landing, on sent bien que le DC-3 a été prévu pour des installations plus sommaires. Freinage tout doux.
Sortie de piste, un follow-me viendra nous escorter jusqu'à notre stand.
Extinction. Puis grand silence. Toutes les bonnes choses ont une fin !
Il faut dire que personne ne se hâte vraiment à évacuer les lieux…
La banquette qui m'aura supporté un peu plus d'une heure.
Chaque passager se verra remettre un certificat du plus bel effet !
Nous aurons droit à 5 minutes de vagabondage supplémentaires. Quelques clichés en plus ne font jamais de mal, surtout quand on sait que ce bon vieux bougre va passer une bonne partie de l'hiver à hiberner dans des hangars de maintenance et à se faire chouchouter par des techniciens aux petits soins.
Les pilotes préparent déjà le prochain (et dernier) vol du programme. Il faut dire que l'on a pris un peu de retard avec la nôtre, et les slots à GVA sont apparemment très prisés. Ils ont été très ouverts à la discussion, c'était chouette.
À la saison prochaine j'espère, Romeo Juliet ! On regagnera le terminal Privatport en minivan.
La progression de notre vol comme capturée sur FR24 par Youri (aka Yukun), encore en ce moment au Japon. Merci à lui !
Il en manque un bout, la technologie a ses faiblesses.
Je vous épargnerai volontiers le FR sur le vol retour (l'après-midi même), un GVA-LIL insipide en A319 avec EasyJet Switzerland. Les hublots étaient sales, je finirais par dormir une bonne heure.
Sur ce je vous remercie de votre lecture, en espérant que ce report au parfum d'antan vous aura plu ! Bons vols, et à bientôt pour de nouvelles surprises aéroportées !
Je souhaite adresser mes remerciements à la team DC-3 pour cette belle excursion, ainsi que pour leur enthousiasme à partager leur passion pour l'aviation ! En particulier à l'équipage (Francisco A. ; Raphael F. ; Marie B.) pour leur gentillesse, et à Hans H. pour l'organisation et la communication optimales.
Bonus modélisme, HB-IRJ au 1:100
Quelques liens utiles :
>> Site officiel flyDC3
>> Page Breitling dédiée au DC-3
>> Page Facebook officielle du Breitling DC-3 World Tour
>> Groupe Facebook destiné aux fans du "Skytrain"
- Olivier
Merci pour ce splendide FR !
Le DC-3 est dans un excellent état de vol et la cabine n'a presque pas pris de rides. Vous avez raison de profiter d'un tel vol ! Rien de mieux qu'un vol panoramique lors d'une météo radieuse. Le service a bord permet de fêter ce vol dignement et pour couronner le tout, le cockpit est ouvert !
A bientôt
Bonjour Gaetan,
Le bon vieux Dakota est en effet parfaitement conservé, et ce grâce au travail soigné et minutieux d'une équipe de professionnels très attachés à la machine. Quant à l'ambiance à bord, elle était vraiment plus qu'agréable... tous les facteurs étaient réunis pour un vol de plaisance réussi.
Merci de m'avoir lu et à bientôt !
Merci beaucoup pour le partage et pour la découverte de ce bel avion !
J'ai beaucoup aimé que vous soyez vraiment entré dans les détails dans la présentation de ce monument de l'aérien, merci pour la visite de la cabine , du cockpit et de cette porte très vintage.
Ce qui m'a par contre surpris, c'est l'embarquement par le côté arrière droit de l'appareil alors que sur les versions "standard" c'est par l'arrière gauche.
Une autre petite question : pas de toilettes à bord de ce DC3 ?
Bonsoir et merci pour votre lecture,
D'après mes informations, la porte sur l'arrière-droite est la configuration qui avait été retenue par American Airlines, premier opérateur de ce DC-3 en 1940, afin de s'aligner avec leurs infrastructures sol de l'époque. Ce serait une des seules compagnies à avoir choisi cette option, d'ailleurs. La porte sur la gauche deviendra le grand standard après la guerre, sur la plupart des appareils civils.
Bien vu, pas de petit coin à bord d'IRJ (en tous cas ce jour-là, je ne sais pas s'ils en installent un modulable pour les voyages plus longs).
Content que ce petit voyage dans le temps vous ait plu ! À bientôt !
Bonsoir Olivier et merci pour cette contribution exceptionnelle, tant par l'appareil emprunté que par la qualité des photos et du FR dans son ensemble.
Magnifique machine et une météo parfaite pour profiter de cette grande boucle.
Une vraie belle découverte -pour ma part- servie par un récit passionné !
Merci encore et à bientôt
Bonjour, et merci pour vos compliments.
J'ai longtemps eu ce "Projet Dakota" dans les cartons, et je ne regrette pas le moins du monde d'avoir franchi le pas. Très heureux de partager cette expérience si particulière avec mes semblables avgeeks !
Bons vols à vous, à bientôt
Magnifique vol dans un appareil mythique.
Les amateurs ont pour la majorité l'âge de l'avion ^^, voir plus.
Merci pour cette superbe découverte
Merci pour votre commentaire ! Preuve de plus, si besoin il y avait, que l'aviation passionne de génération en génération. À bientôt !
Superbe ballade et merci pour ce report qui tranche avec les vols "modernes"
Merci pour votre lecture. Content de vous en faire profiter !