Ce que j'aime dans mon travail c'est qu'il est à la fois routinier (réunion le lundi pour récupérer les rédactions de la semaine) et complètement imprévisible. On ne sait jamais ce que peut cacher une sonnerie de téléphone ou un mail. Je comptais passer une fin de semaine pénard à Paris après une semaine d'aventures au MIP (qui ne fera l'objet d'aucun compte-rendu en ces lieux puisque j'ai eu la bonne idée galère de prendre le train via une correspondance à Avignon en fauteuil roulant, erreur que je ne commettrai plus lors de mes deux passages suivants sur la côte d'Azur) mais c'est sans compter un petit coup de fil qui me propose de me rendre à Pérouse pour assister au festival de journalisme. Le but : s'entretenir avec une responsable de programmation.
Je suis partante, mais sans la moindre idée de comment on se rend à Pérouse. Air France et Alitalia restent muets sur le sujet. Et pour cause, pas de liaison aérienne. Ce sera un vol Paris-Florence puis trajet en voiture dans la capitale de l'Ombrie, tristement célèbre après le tremblement terre meurtrier d'Assises. Vu les contraintes logistiques, on a même le droit à une nuit sur place et vu l'horaire des potron-minet, c'est un soulagement.
Le départ matinal me préoccupe car partir à 7 heures veut dire, pour une prise en charge PMR, arriver à CDG vers 5h50. Or à ce moment-là, mon transporteur agréé ne circule pas. IL faut donc trouver un taxi adapté. J'opterai pour G7 Horizon. Le véhicule est ponctuel mais le chauffeur un peu trop pressant (non je n'ai aucune envie de donner mon 06 à 5 heures du mat, ni à 19 heures d'ailleurs). Je ne cherche pas à m'attarder. Je crains d'avoir prévu un peu juste en terme d'avance. Essayant d'esquiver mon chauffeur au plus vite, je me dis que je me gèrerai avec la borne d'appel PMR juste à l'extérieur du terminal. Sauf qu'évidemment à ces heures, personne n'assure de permanence. Merci ADP. Au bout de 5 minutes, je prends mon destin en main. Le panneau d'affichage est une excellente boussole sauf que je ne vois pas d'agents Air France aux comptoirs désignés. En stress - parce qu'il est 6h05 et que ça commence à faire court pour l'embarquement et l'assistance- , je fonce sur mes roulettes vers un groupe d'hôtesses Air France qui me prennent immédiatement en main. L'une d'elle valide ma carte d'embarquement, étiquette fauteuil et baluchon et me ramène même au point accueil PMR où comme d'habitude on me jure que j'attendrais à peine.
Sauf qu'un quart d'heure, une demi-heure se passe. L'embarquement est sur le point de commencer. J'entre en contacte sur Twitter avec ma consœur qui faisait partie du voyage pour qu'elle prévienne les agents à l'embarquement. On me dit qu'on ne partira rien sans moi, mais toujours pas d'assistance… Ma consœur tient au courant le personnel en porte qui finira par mettre un coup de pression sur le prestataire de l'assistance. Il débarque à 6h58, m'assure que l'avion m'attend ( mais cela me chagrine quand même d'être une potentielle source de retard pour les autres passagers) et que c'est la surchauffe chez eux, comme toujours. On passe la sécurité à la vitesse de Flash et on fait tout au pas de course. Je suis dans l'avion à 7h12 et la dernière à monter dans l'avion qui aura juste quelques minutes de retard.
Avec toutes ces émotions et comme je ne connaissais pas Flight report, pas de photo du siège (du pas ?) qui vu la durée du vol m’indiffère. J'ai ma tablette et une grosse heure pour préparer mes questions. Perrier, jus d'orange et deux brioches à la marmelade en poche c'est parti. Ma consoeur trouvera cela très mesquin et chiche. Heureusement on a des belles vues pour des Alpes pour s’émerveiller !
Florence et la Toscane sont bientôt en vue. Et miracle de miracles, le fauteuil a lui aussi fait bon voyage, malgré son arrivée tardive en soute !
Notre chauffeur est un vieux monsieur adorable qui ne parle ni français, ni anglais et qui écoute du jazz. On en a pour une heure et demi de route. Même si j'essaie de garder mes yeux grands ouverts pour admirer la campagne italienne qui m'a tant manquée, je finis par somnoler.
On aura le temps d'un rapide stop dans nos hôtels. Malgré des établissements surchargés en raison du festival, nos hôtes nous ont trouvé deux chambres, dont une adaptée ! J'en profite pour avaler un déjeuner léger mais onctueux fait de deux entrées. Me voilà ragaillardie pour mes interrogatoires.
Pérouse est une magnifique ville moyen-âgeuse et universitaire, comme Bologne, et la terre des meilleurs chocolats au monde, les baci. Ma consoeur très gentille me roulera toute la journée sur des petits pavés. Mais la bonne surprise c'est que la ville propose quelques ascenseurs pour les PMR. Et les projections du festival avait lieu dans les fameux palazzi de la commune <3
Le vol retour Florence-Paris a été pris, le lendemain, à midi. Assez frustrant car cela ne nous laissait pas la possibilité de flâner dans Florence, ce que le chauffeur était tout prêt à nous proposer. Les boutiques du terminal me permettent de faire le plein de baci -ce qui m'a valu un avis de recherche de la part des hôtesses- après une pause à la cafétéria qui propose même des salades plutôt fraîches. Florence est un petit aéroport mais plutôt chaleureux. Aucune trace de photos, ni beaucoup de souvenirs, je pense que j'ai dû vouloir rattraper ma nuit. Pas de sueurs froides à la prise en charge PMR.
En bonus, quelques vues de Pérouse qui mérite un détour et qui est un lieu de villégiature prisé des Italiens.
C'est avec plaisir que je vous retrouve, après avoir découvert mais pas encore commenté vos FR. Les péripéties d'un passager PMR dans un aéroport qui n'en a que faire. Lamentable. J'ai déjà vécu ce genre de manquements pour un proche est force est de constater qu'à CDG, c'est chronique. Heureusement que le personnel AF a assuré. D'ailleurs, quel est le protocole Saphir? Qui prend en charge le passager PMR et à quel moment?
Perugia pour les intimes ;-) est effectivement une ville très agréable à visiter, bien plus que Florence. Un chauffeur aux attentions délicates, cela mérite d'être souligné. Merci pour ce FR aussi succinct qu'agréable à lire.
À bientôt!
Air France dispose d'un numéro de téléphone ou d'un courriel pour signaler sa présence et ses besoins sur le vol emprunté. Il faut faire les démarches au moins 48 heures avant le décollage (mais ça marche après aussi). Parfois quand la réservation est bien remplie, on peut directement indiquer son numéro de dossier.
Les questions posées dans cette phase préliminaire sur le degré d' (im)mobilité (possible de se mettre debout, de faire quelques pas, de passer des marches etc...) seront reposées au guichet le jour du vol. L'enjeu est de savoir si on peut déambuler dans l'avion ou s'il faut être acheminé sur son siège par une chaise spéciale et aussi de savoir à quel moment un fauteuil roulant va être mis à disposition.
Le jour même, une assitance PMR suppose d'arriver toujours une bonne heure en avance sur le temps dont aurait besoin un passager normal. Dès l'arrivée à l'aéroport, on est orienté sur les comptoirs prioritaires, ce qui permet de ne pas faire la queue ou seulement une quinzaine de minutes.
Il faut absolument s'enregistrer au comptoir. La réservation en ligne n'est pas autorisée. Le fauteuil roulant manuel ou le déambulateur sont pris en soute gratuitement. Au comptoir on récupère la carte d'embarquement et un telex est envoyé à l'assistance. Ensuite on attend souvent longtemps au point de collecte.
Une fois que la personne qui assure l'assistance est là, on sate dans son fauteuil roulant et on passe la sécurité, les contrôles d'identité par une file prioritaire soit PMR/soit PNC
A l'embarquement, on monte parmi les premiers ou les derniers (si l'embarquement se fait par bus et qu'on dépend du camion élévateur).
Dans l'avion, on est généralement sur un couloir. Les places adjacentes issues de secours nous sont interdites car on ne peut mener une évacuation.
Au débarquement la sortie se fait toujours en dernier en fauteuil roulant, avec généralement beaucoup d'attente. Qui est compensée s'il y a une immigration à passer car on repasse par des guichets dédiés.
Les bagages sont déposés en premier sur les tapis mais comme on sort en dernier, on met toujours pas mal de temps à les localiser !
Honnêtement le système est bien pensé. Le seul moment d'attente est celle de l'arrivée de l'assistance. Ce sont des services très souvent débordés et sous-effectif et ses employés font des dizaines de km par jour dans les couloirs, le plus souvent en ne perdant pas leur sourire ;-)
Merci pour cette réponse exhaustive et au plaisir de vous relire prochainement.
Guillaume
Merci de ce FR et de son superbe bonus. Gestion au départ très stressante , heureusement le personnel AF a su assurer. Prestation classqiue pour ec vol court.
Et bien, quand vous commencez, on ne vous arrête plus ! Et surtout ne vous arrêtez pas :)
Même s'il n'y a pas beaucoup de photos, le récit est passionnant et le bonus sublime !
Ces prestataires de services sont terribles, heureusement que vous n'avez pas raté votre avion !
A bientôt !
Ce n'est pas mon genre de vous demander votre 06, en revanche je réclame d'autres FR ! ;)
(Pour avoir effectué un certain nombre de voyages non-aériens avec un ami paraplégique, vos récits me parlent beaucoup).
Merci pour le partage !