Souvenez-vous, je vous avais laissé en compagnie de mes copains phoques (voir bonus du précédent opus).
Ce moment magique devait malheureusement avoir une fin, un peu plus tôt que prévu, faute à la météo très rapidement changeante ! Le vent très fort pousse les nuages à une vitesse incroyable et le ciel deviens chaque minute de plus en plus menaçant. Sachant qu'il devait pleuvoir en fin de journée, et vu que je suis à 45min à pied de l'aérodrome, il est grand temps d'y aller !
Au revoir les amis !
Le ciel s'épaissit de minutes en minutes… Avanti !
En chemin, je repasse devant cette belle demeure en haut duquel trône ce qui ressemble être un drapeau français ou italien (j'étais trop loin pour voir les couleurs précisément).
Ici, pas de village, les habitations sont globalement assez dispersées, néanmoins je pense être ici au cœur de l'île avec un centre paroissial, ce qui semble être la salle des fêtes et…
…une cabine téléphonique dernier cri !
Continuons notre avancée.
Le panneau prête à sourire avec cet oiseau dans le ciel, mais à vrai dire, le danger vient actuellement plus du ciel que des oiseaux, vivants où mécaniques.
J'y suis presque !
L'aéroport est couplé à un centre médical pour les premiers secours uniquement. Le bâtiment en face est l'ancien aérogare, le nouveau étant caché juste derrière.
En cas d'urgence, le seul moyen de transporter des patients est l'aviation. C'est donc ici qu'est situé le point de rendez-vous des services de secours.
On passe devant l'ancien aérogare, aujourd'hui utilisé comme dépôt pour l'unique loueur de vélos de l'île.
Il est temps de rejoindre le terminal sous les premières gouttes et de se mettre (faut-il encore le préciser pour une fin juillet) au chaud !!! Car là vraiment, si le froid était supportable malgré le vent, avec la pluie c'est une autre histoire !!
Plus qu'un aérogare, ce bâtiment est aussi d'une certaine manière un refuge, en étant ouvert en permanence, même si personne ne garde les lieux (autant dire qu'ici, il n'y a strictement rien à craindre !).
A l'intérieur on retrouve 3 pièces. La première est la salle dédiée aux bagages (qui peuvent être pesés si cela n'a été fait précédemment dans la journée).
La seconde salle est dédiée aux observations des conditions météorologiques et des avions. C'est d'ici que le chef d'escale donne, après une inspection du terrain avec le véhicule de pompier, l'assurance aux pilotes que le terrain est accessible et que les pistes ont été contrôlées.
Enfin, la troisième et dernière pièce est la salle d'attente.
Les banquettes peuvent aisément recevoir les 8 passagers de chaque vol et leurs accompagnants !
Des prises (qui marchent, hein paris aéroports ? ^^) sont même disponibles.
La magnifique tapisserie en laine de moutons locaux. On y retrouve une partie de la faune et la flore de l'île.
De l'autre côté, un guide et des documents touristiques ou dédiés aux habitants sont en libre service.
Cela fait 51 ans que Loganair officie aux Orcades, et offre un lien vital pour ses habitants. Loganair n'est pas qu'une compagnie, mais surtout un acteur indispensable de l'archipel.
Comme toutes les petites îles de l'archipel, l'aviation a un rôle primordial, notamment pour les évacuations sanitaires. Une plaque commémore les différents acteurs qui se sont succédé pour perpétuer le lien entre les îles et Kirkwall.
Photo d'époque !
Dehors, la pluie et le vent font rage… On est très bien au chaud !!!
Le temps passe, et je l'occupe en lisant un livre que j'avais précautionneusement emporté avec moi. L'ambiance est très particulière, avec à la fois le silence du bâtiment vide et le confort en température, et à la fois le bruit incessant de la pluie claquant sur les portes vitrées et le sifflement aigu et irrégulier du vent. Ambiance du bout du monde vraiment ! J'adore ^^
Un premier bipède ^^ (le premier que je vois depuis que j'ai quitté l'avion ce matin) finit par arriver dans la salle d'attente. La conversation s'engage mais le dialogue est très difficile, vu que ce vieux monsieur n'a quasiment (d'après ce que je finis par comprendre) jamais quitté North Ronaldsay. Il parle donc avec un merveilleux accent indéfinissable et… plutôt incompréhensible pour le (très) modeste anglophone que je suis. Parmi ses dires que je ne comprend malheureusement pas tous, je saisis par mots clefs qu'il craint que l'avion ne puisse pas venir. Effectivement, quand on regarde le plafond très bas et le vent, ça semble mal parti.
Il n'y a qu'à voir la manche à air ! Chaque manchon correspondant à 5kn, et vu qu'il y a 5 manchons, le vent dépasse allégrement les 25kn.
Un mouvement dehors attire mon attention, et je remarque alors le chef d'escale monter dans le véhicule pompier et effectuer l'inspection du terrain. C'est bon signe ! Les autres passagers commencent également à arriver.
A la fin de son inspection (rapide), le chef va dans son observatoire et j'entends derrière la porte la clearance qu'il donne au pilote qui se signal alors à moins de 5min du terrain. Je file donc dehors, en restant du côté sous le vent du bâtiment pour éviter la pluie.
Je scrute l'horizon et… le voilà, émergeant du rideau de pluie.
Ouf, le petit coup de stress est passé ! Nous ne serons donc pas condamnés à passer la nuit ici ! ^^
Atterrissage face à une manche à air aussi droite qu'un manche à balais !! (la vidéo parle d'elle même).
Boum ! Me voici !
Il est temps de débarquer 3passagers et leur bagages, et nous serons également 3 à embarquer. Je n'ai vu aucun vol non complet pendant mon séjour.
Après un petit sprint sous un déluge vivifiant, me voici abrité sous l'aile… Mais j'ai un petit peu mal calculé mon coup en terme de position puisque je pensais que la personne derrière moi irait se mettre dans la partie arrière, sauf que personne n'y est descendu. Du coup, je serai placé juste derrière le pilote, ce qui est moins pratique pour les photos. Enfin, je tâcherai néanmoins d'y remédier !
Bye bye North Ronaldsay !
La vue est toutefois toujours aussi imprenable sur le cockpit !
Le pas est toujours bon, et l'aumonière déborde de plein de choses sympathiques (safety card, gilet de sauvetage, vomit bag et une ceinture additionnelle pour enfant.
Je vous propose la mise en route en vidéo, avec ensuite le réglage du gps pour un vol direct VFR vers Sanday.
Puis nous nous positionnons en bout de piste.
Décollage !
Virage à droite juste après la rotation. Tout au loin à gauche, on distingue à peine le phare de North Ronaldsay.
Nous survolons désormais la pointe sud-est de North Ronaldsay.
Comme nous sommes en vol à vue (VFR), il convient donc de ne pas grimper dans le plafond nuageux. Nous évoluons donc à seulement 400 pieds (120m).
Nous nous éloignons maintenant de North Ronaldsay.
Nouvelle petite vidéo, histoire de s'immerger encore mieux dans l'ambiance extraordinaire de cet avion !
C'est assez impressionnant de voir défiler l'eau aussi proche, impression renforcée par les nombreuses et puissantes turbulences qui nous secouent dans un désordre parfait ^^
En vidéo, c'est encore mieux ! ^^
Pendant ce temps, notre pilote gère le vol avec maestria.
Notez que nous avons du redescendre vers 300 pieds (90m) pour être moins dans le plafond nuageux. Nous sommes à mi-chemin entre North Ronaldsay et Sanday.
Quelques hauts fonds apparaissent ci et là. Par beau temps, cette belle eau turquoise n'aurait rien à envier face aux eaux paradisiaques de Polynésie !
Sanday est en approche !
Notre pilote effectue un grand virage par la gauche. Je tente d'apercevoir la piste sans trop savoir où elle est.
Puis finalement, la piste est beaucoup plus à notre droite…
…puis non. Notre pilote cherche visiblement la piste qu'il ne distingue pas encore.
Le virage à droite me permet de prendre un gros plan des hauts fonds se découvrant à marée basse.
Un petit coup d’œil et réglage du gps pour comprendre que nous avons été trop au sud. Hop ! Un nouveau virage à droite pour corriger cela.
En-dessous, nous continuons de survoler une zone de hauts fonds près de la rive.
Puis nous arrivons sur les "hautes terres" non immergées de Sanday (pardonnez la netteté qui s'est focalisée sur la vitre et les gouttelettes d'eau).
Tout comme North Ronaldsay, Sanday est très peu peuplée et les habitations y sont très dispersées.
Enfin, nous sommes en vue de la piste ! (très faiblement visible ici, la pluie sur le parebrise rendant difficile la prise de photos). Il n'y a plus qu'à faire un dernier virage en courte finale et nous y sommes !
Encore une approche en crabe ;)
Le tout en vidéo (bien que courte, faute de pouvoir photographier et filmer en même temps), pour montrer que ce n'était pas aussi statique que sur les photos ^^ ;) C'était probablement l'un des posés les plus sportifs du séjour.
Et nous voici à Sanday, avec un aérogare très similaire à NRL.
Pendant qu'un nouvel échange de passagers s'effectue, notre pilote discute un peu avec mes voisins passagers visiblement très impressionnés. Il nous expliquera qu'il préfère largement utiliser les repères extérieurs, quitte à se tromper légèrement sur la trajectoire et ne pas trouver le terrain tout de suite, que de faire confiance aveuglément au gps et prêter moins attention à l'environnement, ce qui n'est pas très conseillé lorsqu'on vole à moins d'une centaine de mètres du sol ^^.
Il explique notamment qu'en finale avec la dérive en crabe, la barre centrale du pare-brise et le nez lui cachait la piste, et il a préféré faire une approche décalée par rapport à l'axe afin de ne pas être gêné.
Il nous confie enfin avec grand sourire qu'il adore voler dans ces conditions difficiles !
Un bref mais très sympathique échange avec un pilote passionné, sur un vol toujours aussi exceptionnel dans des conditions très agitées, votre serviteur est plus que ravi !
La suite du retour vers Stronsay puis Kirkwall sera dans le prochain opus !
A bientôt !
Merci pour votre lecture :)
A nouveau un vol exceptionnel dans des conditions difficiles, mais bien emblématiques de la région. La notation ne s'applique guère sur ce type de vol ^^
14 Commentaires
Il est vrai que voler dans ces conditions (plus proches paradoxalement de l'avion taxi brousse que d'un pays du G7) est un retour aux fondamentaux de l'aviation loin du GPS landing en catégorie I/III avec la centrale inertielle qui sert de palliatif au GPS :)
Donc retour aux sources et aux sensations d'antan (avec quand même un peu de sécurité moderne: GPS et radio au cas où :) )...
Le terme d'avion brousse convient parfaitement au BN2P et aux vols intra-orcades ! Les compagnies pratiquant encore les vols commerciaux en VFR se comptent sur les doigts d'une main, vu que l'écrasante majorité est en IFR, même pour de courts vols. Les terrains ultra-simplifiés permettent des approches libres (sauf Kirkwall, et encore l'alignement se fait à la toute dernière minute comme d'hab ^^) me font penser à feu Air Moorea qui effectuait cette fameuse liaison ultra-courte entre Tahiti et Moorea, et s'affranchissait grâce au statut VFR des circuits d'approches à PPT.
Un retour aux sources, mais pour la faire bien à l'ancienne, on aurait pu faire également de la radionav ^^
"avec la centrale inertielle" : souvenirs des vieux 747 classiques où on ne pouvait entrer que 3 points successifs, et si on oubliait d'ajouter à chaque fois les suivants, une fois que l'avion atteignait le 3e point, il faisait demi-tour jusqu'au premier !
A bientôt !
Tu as eu beaucoup de chance avec la météo, imagine si le temps avait été comme ça toute la journée, tu aurais passé un paquet d'heures dans la salle d'attente :)
Encore un superbe vol loin des sentiers battus, les vidéos montrent à quel point c'est difficile de piloter !
A bientôt !
Comme tu as pu le voir avec l'opus suivant, j'ai eu en effet énormément de chance pour la météo !
Difficile à piloter, non et le terme n'est pas très adapté. On dira plus que ces vols sont techniques ! Et tout pilote passionné et normalement constitué aime quand c'est technique ;)
A bientôt :)
Oui, l'Islander aux Orcades est à essayer sans aucune modération ;)
A bientôt !
A bientôt !
A bientôt !
Beau temps de merde et un bon vent pour le décollage, je n'aurais pas pu décoller avec mon Cessna ahah.
Les vols avec conditions difficiles sont les meilleurs et là où on apprend le mieux et ton pilote avait raison de préférer ce genre de vol. Même si les vols avec des bonnes conditions sont aussi beaux, où l'on peut plus profiter du paysage et de la beauté de la Terre.
Merci, à bientôt ;)
Mon frère était souvent le seul instructeur, quand il était encore en aéroclub, à voler quelque soit le temps. Du moment que ça peut voler,il volait avec ses élèves, et ceux-ci ont appris à voler dans des conditions exécrables. C'est on ne peut plus formateur pour eux !
A bientôt
J’imagine parfaitement la difficulté de communication. J’ai déjà du mal à comprendre l’anglais des Ecossais alors je n’imagine même pas celui des Îles au nord de l’Ecosse.
“Nous ne serons donc pas condamnés à passer la nuit ici !“ —> Un des habitants t’aurais probablement invité à passer la nuit chez eux pour une grosse expérience bout du monde :P
Ça a du être un vol impressionnant à seulement 120m d’altitude et par ce temps et l’échange avec le pilote est intéressant.
Merci pour ce Fr!
"J’ai déjà du mal à comprendre l’anglais des Ecossais alors je n’imagine même pas celui des Îles au nord de l’Ecosse. " > Idem haha ;)
"Un des habitants t’aurais probablement invité à passer la nuit chez eux pour une grosse expérience bout du monde" > Il est certain que je n'aurai pas été livré à moi-même tout une nuit, cependant j'imagine qu'en pareille situation, tout doit être prévu, même si rares doivent être les personnes qui viennent à la journée comme moi, et donc sans hébergement sur place.
"Ça a du être un vol impressionnant à seulement 120m d’altitude" > Oui, très impressionnant, et ça l'est encore plus avec les fortes turbulences (notamment quand on est redescendu vers 90m. On voit l'océan défiler à toute allure et ça ne donne pas envie d'avoir une panne moteur !
A bientôt !
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