Ce récit est consacré à une escapade-express en Ukraine en mode "pur Avgeek" (traduction : sans motif touristique, professionnel ou familial) effectuée lors du "pont" du 14 juillet 2011, dans le but principal de voler sur deux types d'appareil insolites : l'Antonov-140 et l'Antonov-148, à l'époque deux récents purs produits de l'industrie aéronautique ukrainienne, conçus après la chute de l'URSS contrairement aux Antonov plus anciens.
Il s'agit aussi d'une ère où flight-report.com débutait tout juste et dont j'ignorais l'existence. Je me contentais donc de faire quelques photos "souvenir" de chaque vol, sans avoir le réflexe, désormais devenu naturel, de photographier chaque séquence du voyage, y compris dans les aéroports.
Ceci explique par conséquent le crédit d'images pas extraordinaire de ce FR, et surtout le fait que je n'ai pas pu, faute de "matière" suffisante, consacrer un FR dédié au tronçon aller de cette escapade dans l'est du pays : le vol effectué en Antonov-140 de Motor Sich entre Kiev-Borispol et Lugansk, qui fera donc office d'intro ci-dessous.
Nous voici donc face à l'aéroagre 2 de Borispol, alors consacrée à certains vols internationaux et à tous les vols domestiques, l'autre aéroport de Kiev (Zhulyany-IEV) étant fermé au trafic régulier cette année là.
Le panorama sur le tarmac une fois passé airside : une grande majorité d'Antonov en tous genres : 12, 24 et 140 !
Un coup de zoom sur celui dans lequel je partirai un peu plus tard, l'unique An-140 alors en service passagers régulier au monde, ce qui est toujours le cas en 2020. Il avait alors 8 ans, puisque construit en 2003.
Embarquement au coucher du soleil.
Décollage quelques minutes plus tard avec le spectacle habituel à KBP d'une multitude d'avions de construction russe, et souvent soviétique, en contre-bas.
Le vol, d'une durée de 1h45, s'était déroulé de manière très agréable dans une cabine configurée 2+2 assez bien remplie et très confortable par rapport au célèbre An-24 que cet An-140 avait la vocation de remplacer dans la lignée des turboprops de 50 sièges, mais il n'a pas connu le même succès.
Le 1er rang de l'Antonov-140 est positionné "dos à la marche", comme souvent sur les appareils de cette catégorie,
Près de 10 ans plus tard, cet Antonov-140 de MOTOR SICH est toujours en service et est même programmé sur la ligne ZAPOROZHYE-MINSK. Si un FRiste téméraire veut se lancer dans l'aventure et nous gratifier d'un FR complet, j'en serai le premier ravi.
Une fois arrivée à Lugansk tard dans la soirée du 13 juillet, j'ai négocié mon transfert avec un taxi de l'aéroport en direction de la ville de Donetsk distante de 130km, pour quelques dizaines d'Euros. Un parcours nocturne à travers l'est ukrainien qui avait un côté un peu angoissant, vu l'état délabré des routes, le faible éclairage et le look pas très rassurant de mon chauffeur. Après une courte fin de nuit dans un hôtel miteux proche de l'aéroport de Donetsk, me voici vers 8h du matin devant l'aérogare.
La route pas évidente, la nuit pas reposante, mais au bout de tout ça la récompense : le deuxième Antonov (UR-NTA) que j'étais venu chercher dans cette courte escapade. Cela valait bien quelques prises de risques et quelques heures de sommeil en moins ! Quelle gueule avec ses deux énormes turbines : un véritable Bae-146 bi-moteur ! Au diable les "sèche cheveux" chers au vocabulaire de ce site…
Mon billet a été acheté le jour même dans l'aéroport, au seul comptoir alors ouvert, qui utilisait le stock de DONBASSAERO, la compagnie locale. On notera qu'en 2011, la pandémie de… e-ticketing, n'avait pas encore frappé le Donbass…
Un magnifique billet à l'ancienne donc, mais 135$ quand même pour 1h15 de vol en domestique. Pas donné pour le coup, mais je dois avouer qu'on m'aurait demandé le double, j'aurais quand même cédé vu la rareté de la machine concernée.
Sans transition, nous voilà à bord. Cabine bi-classe dont on peut admirer la qualité et l'aspect très confortable de la business, configurée en 2+2.
Je m'installe tout au fond de la cabine éco, côté gauche, sans voisin à côté. La sellerie cuir de la cabine Y (en 2+3) a elle aussi fière allure.
En se retournant, voici la vue sur l'accès aux toilettes et au galley de l'arrière. L'Antonov-148 n'a pas de porte pax à l'arrière, mais seulement une issue de secours de chaque côté.
Sur ce selfie, on peut apprécier la qualité du revêtement des sièges sous un autre angle, et noter que les tétières reflètent la consolidation alors en cours dans le ciel ukrainien avec trois logos de compagnies réunies : Aerosvit, Donbassaero et Dniproavia.
Voici la consigne de sécurité, qui reflète fidèlement le plan cabine en version 8J+60Y. Eh oui, 68 sièges uniquement dans cet avion assez trapu et donc forcément lourd. C'est ce qui explique en partie son échec commercial, les russes ayant au passage pris soin de "tacler" l'Antonov-148 dans la même catégorie avec le SSJ100.
On notera que les consignes de sécurité ne portent pas le logo d'AEROSVIT mais sont "neutres". Ceci témoigne certainement du fait que la présence très éphémère de l'An-148 dans la flotte de cette compagnie ukrainienne autrefois très dynamique (elle exploitait en 2011 près d'une vingtaine de B737, B767) relevait certainement d'une sorte de test, de démo ou de mise à disposition par le constructeur.
On quitte DONETSK à l'heure…
… et on décolle dans les instants suivants.
La nuit qui a précédé ayant été quasiment blanche, j'avoue qu'un petit coup de pompe m'a privé du service à bord qui devait, comme alors sur le réseau domestique ukrainien, vraisemblablement consister en un raff succinct. Désolé pour l'absence de photos.
Nous sommes déjà en descente vers Kiev Borispol, avec l'arrivée classique par le sud-est, avec sur la gauche le Dniepr dans ses plus grandes largeurs. On notera au passage que cet An-148 ne possédait pas de caches-hublots.
On se pose un peu plus tard. Quel tableau que ce tarmac de Borispol un jour d'été ! Même si les types d'appareils sont des plus courants pour l'époque (familles A320 et B737), la mosaïque de couleurs proposées par les diverses compagnies locales est quand même intéressante.
Le roulage se poursuit à vive allure, ce qui n'est pas toujours idéal pour la netteté des photos…
La compagnie AEROSVIT (ci-dessous l'un des douze B767 qu'elle aura exploité) est alors la plus importante du pays, UIA n'étant que deuxième en termes de taille. Mais le match entre les deux rivales allait prendre fin 18 mois plus tard, AEROSVIT jetant l'éponge au début de l'année 2013.
Arrivée au parking à l'heure. On peut voir à droite l'autre An-148 (UR-NTB) lui aussi éphémèrement opéré par AEROSVIT au cours de l'été 2011. Sans doute un doublet nécessaire pour parvenir à faire voler un avion de manière à peu près régulière, ces appareils n'échappant pas à la règle chère aux avions de cette origine géographique (n'est-ce pas SN avec les SSJ ?) : pour 1 avion en service, 1 avion "en spare"… !
Un selfie en débarquant.
Fort heureusement dois-je dire, nous sommes stationnés "au large" et je peux donc immortaliser la bête, avec sa jumelle à côté, avec la satisfaction du devoir accompli !
Le parcours en bus vers l'aérogare 2 sera une dernière occasion de photographier cette triplette de B737 classic d'AEROSVIT.
Avant de repartir vers la France, j'aurai l'occasion de déambuler (landside) sur l'ensemble du domaine aéroportuaire et de m'approcher des travaux de ce qui est devenu aujourd'hui l'unique aérogare de Kiev-Borispol.
Il est vrai que 11 mois plus tard, l'Ukraine allait être le théâtre de l'Euro 2012, conjointement avec la Pologne voisine, et qu'il ne fallait pas traîner afin de pouvoir accueillir le gotha du football européen dans des installations plus adaptées que celles héritées de l'époque post-moderne de l'ex-URSS que l'on a pu voir au début de ce récit.
C'est ainsi que se termine ce court FR, sur ce qui demeure mon unique expérience en Antonov 140 (relatée au début), et qui était alors une première pour moi en Antonov-148. J'ai eu la chance de prendre ce type d'avion une deuxième fois en Corée du Nord en 2013, ainsi que de voler à bord de son grand frère l'Antonov-158 à Cuba en 2016. Voici les liens si l'idée de lire ou de relire les FRs de ces deux vols vous tente :
https://flight-report.com/fr/report/11643/Air-Koryo-JS5100-Pyongyang-FNJ-Pyongyang-FNJ
https://flight-report.com/fr/report/15446/Cubana_de_Aviacion_CU976_Havana_HAV_Holguin_HOG
Merci pour votre attention.
Un vol ponctuel et confortable à bord d'un appareil dont la cabine aux formes généreuses est certainement l'un des meilleurs produits question expérience client dans les modules de cette catégorie.
L'Antonov-148, dont un nombre ridicule d'exemplaires demeurent en service en Russie en 2020, restera hélas un des nombreux échecs commerciaux de la production post-URSS et c'est bien dommage car, comme le symbolise sa silhouette peu conventionnelle, il apportait un peu de diversité dans le paysage.
Le sort de son opérateur d'alors, AEROSVIT, ne sera pas bien plus heureux puisque, à la suite d'une croissance mal maîtrisée, la compagnie disparaîtra peu de temps après cette balade ukrainienne dont je garderai un excellent souvenir.
26 Commentaires
À bientôt pour de nouvelles aventures dépaysantes !
Pépite sur pépite on ne se lasse pas de ces découvertes.
Mon rêve de de voler sur Motor Sich.
L'Ukraine offre une belle palette de combo :avion/compagnie peu courante.
A bientôt
Il ne te reste plus qu'à organiser un week-end en Ukraine pour voler sur Motor Sich mais ne tarde pas trop car ils ont réduit sérieusement leur réseau, sans lien avec le Covid-19, mais à suivre de près avant qu'il ne soit trop tard.
A bientôt.
L'An-148 est superbe, on note encore une fois un problème bien soviétique ou du bloc de l'est, la complexité, 4 portes qui s'ouvrent toutes différemment et un truc que je n'avais jamais vu, du côté droit, l'une s'ouvre vers la gauche et l'autre vers la droite. Chapeau Antonov :)
A bientôt !
Entre l'hôtel miteux et le chauffeur de taxi peu rassurant (super tarif soit disant passant), c'est là qu'on se dit que le vie d'Avgeek peut être une expédition à part entière. J'imagine bien évidemment que tu as connu pire ^^
Pour quelle raison les sièges du 1er rang sont ils dans le sens inverse? Cela fait il gagner de la place?
As tu déjà voyager dans ce sens là? Si oui quelle en est la sensation? :)
Physiquement parlant j'ai une petite préférence pour L'Antonov-148, je le trouve "mignon" haha
A bientôt.
Outre l'accès plus large à l'issue de secours, c'est bien le manque d'espace qui ne permet pas de mettre deux rangées de sièges dans le même sens qui conduit à faire du "recto-verso" comme ici sur An-140 mais aussi sur beaucoup d'ATR42/72.
Je te recommande d'en faire l'expérience quand tu le pourras (pas sur AT7 XK, tous les sièges sont dans le même sens...) car c'est assez rigolo d'avoir tous les pax face à soi pendant le vol, même s'il faut parfois jouer des genoux avec ceux du rang 2, et de se sentir projeté dans le vide au décollage. Bien attacher sa ceinture est indispensable !
Concernant les conditions un peu spartiates du voyage en question dans ce FR, c'est resté supportable. J'ai effectivement connu bien pire par exemple à Cuba.
A bientôt.
Merci pour ce Fr ô combien exotique ....
Merci et à bientôt.
"Si un FRiste téméraire veut se lancer dans l'aventure"=> Je pense que ton disciple Akivi pourrait être tenté ! ^^
Des compagnies inconnues sous nos latitiudes, et des avions soviétiques à foison.
Voler à bord de telles macines n'est que bonheur et volupté, le Bae146 bi moteur est insolite, je ne savais même pas qu'éxistait une version de la sorte !
La cabine est lumineuse et les sièges confortables.
Deux excellents vols qui font oublier le long transport en voiture et l'hôtel miteux de Donetsk.
A bientôt !
Pour l'An-140 de Motor Sich entre OZH et MSQ, je pense qu'Akivi devrait finir par s'y intéresser entre deux ATR taïwanais... à moins qu'il préfère d'abord compléter son flightlog avec toutes les variantes locales des 737 Ryanair... Bon, je plaisante car ce sont des sujets dont je débats âprement avec lui :-) !
A bientôt.
A bientôt
Les Antonovs nouveaux sont arrivés
On commence par le petit 140 unique dans sa catégorie de service passagers
"j'ai négocié mon transfert avec un taxi de l'aéroport en direction de la ville de Donetsk distante de 130km"
#NonStopYou
Le 148 mérite, vu sa rareté, un feu d'artifice tout naturel en ce 14 juillet
De bien beaux souvenirs pour le passionné que vous êtes
A bientôt
Qui sait si finalement cette joie n'est-elle pas amplifiée lorsque l'on sort un peu de sa "zone de confort" ?
A bientôt.
Entièrement d'accord :)
Merci pour ces bons moments, Luc et à bientôt.
L'An-148 a effectivement une sacrée dégaine, c'est au choix un Avro bimoteur ou un mini An-124! En tous cas, la cabine a fière allure et n'a strictement rien à envier à celle de ses concurrents plus "mainstream".
Le succès de ces avions est quand même resté très limité, il semble étrange qu'Antonov ait pris la peine de le développer pour si peu d'unités vendues... mais c'est évidemment pour le plus grands plaisir des avgeeks.
À bientôt!
Cabine plutôt confortable et un "beau temps sur le parcours".
C'est l'utilisation de "planche à repasser" et non pas de "fer à repasser" que l'on retrouve souvent sur le site, ou alors je ne comprendrais pas trop l'analogie avec le fer à repasser?
A+
PS: j'ai rajouté le logo manquant
Tu as raison, lapsus total à propos du fer à repasser, alors que dans le langage de ce site il est effectivement question de "planche à repasser" au sujet de sièges parfois un peu durs, ce qui n'était pas le cas de ceux de cet Antonov-148.
Je devais sûrement être en train de faire (et non pas fer) quelques tâches ménagères inhabituelles en même temps que la rédaction de ce FR pendant le confinement, car je voulais en réalité parler de "sèche cheveux", ustensile très peu utile me concernant :-), le but étant de signaler que les gros réacteurs de cet avion n'ont rien à voir avec ceux d'un BAe 146, souvent raillés pour leur petite taille et leur faible puissance.
Correction effectuée !
A bientôt.
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