Bonjour à tous,
Le souvenir de ce voyage résume bien les heurs et les malheurs d'un avgeek en quête d'un oiseau rare pour étoffer son flightlog…
Le récit du vol qui va suivre pourrait s'apparenter à un "joli coup" ou à un vol sans problèmes, sauf que pour en arriver là il m'aura fallu… trois tentatives, ce qui signifie que les deux premières se sont avérées vaines.
Petit flash-back en 2011 : je prends contact avec l'association allemande qui a restauré et remis en vol l'unique De Havilland Dove encore en service aux couleurs d'une compagnie aérienne l'ayant réellement exploité par le passé : LTU. Je ne sais plus comment j'avais déniché ce tuyau mais comme souvent dans pareil cas, il avait fallu plusieurs échanges avant de tomber d'accord, et bien entendu verser la somme demandée pour être de la fête : 219€ pour une soixantaine de minutes de vol au départ de l'aéroport de Essen-Mülheim, situé à une trentaine de kilomètres de celui de Düsseldorf.
Ce petit flyer recto-verso détaille le programme de l'année et les caractéristiques techniques de ce petit avion qui, en dépit de sa capacité très réduite, fût bel et bien utilisé en 1957 et 1958 sur le réseau charter de LTU entre l'Allemagne et diverses destinations touristiques. Il est vrai qu'avec un rayon d'action de presque 6 heures, malgré sa vitesse modeste, il pouvait aisément atteindre les côtes méditerranéennes.
Je m'inscris donc pour le vol du dimanche 24 juillet et je quitte mon lieu de villégiature estivale habituel la veille afin de rejoindre la lointaine Ruhr en passant par la Suisse. Le FR relatif à la première étape de ce voyage se trouve ici :
https://flight-report.com/fr/report/49213/air-glaciers-agv614-calvi-cly-sion-sir
Heureusement, me direz-vous, que j'avais pu accrocher ce Beech 200 d'Air Glaciers au passage, car tout juste arrivé à Düsseldorf après avoir effectué Sion-Zurich en train et ZRH-DUS en avion, je reçois un coup de fil de "LTU-Classic" m'informant que le vol du lendemain est "annuliert" car la météo ne s'annonce pas bonne. Je suis donc bon pour un retour bredouille vers mon île de prédilection, après une nuit pour rien à destination…
Qu'à cela ne tienne, je décide de tenter une nouvelle fois ma chance sur le prochain vol programmé, à savoir trois semaines plus tard, en l'occurrence pendant le "pont" du 15 août. Je me trouve cette fois en villégiature en Normandie et je vais devoir m'extraire des festivités familiales avec je ne sais quelle excuse bidon pour faire un A/R express vers l'Allemagne. En ce dimanche 14 août 2011, je quitte donc les côtes de la Manche vers 4h du matin en voiture et je roule vers CDG afin d'attraper le 1er vol de la journée vers DUS. De là, je prends un taxi (pas donné un dimanche en Allemagne, genre 50€ pour 30km) pour me rendre à l'aéroport d'Essen où j'arrive vers 10 heures… sous les trombes d'eau ! Les autres pax du vol sont déjà là et tout le monde scrute l'horizon avec angoisse quand un des organisateurs se présente pour informer cette petite assemblée que l'on attend une amélioration pour le début de l'après-midi et que l'on est priés de patienter. Il revient régulièrement nous indiquer que ça va être OK, que les prévisions sont bonnes etc… pour finalement, sur le coup de 14 heures, annoncer ce qui semblait une évidence en levant la tête vers le ciel : le déluge continue et il n'y aura pas de vol aujourd'hui. En guise de consolation, nous avons droit à un tour dans le hangar où est précieusement stationné le Dove. Après cette séance dont j'ignore alors si elle sera ma seule expérience réelle de cet avion, sans jamais voler à son bord, je fus bon pour une nouvelle course en taxi vers DUS Flughafen, un retour vers CDG sur AF et plus de deux heures de route vers la Normandie où j'arriverai environ 18 heures après en être parti, et toujours bredouille ! Le plein d'essence, le péage, le billet AF, le taxi A/R entre DUS et ESS, et… les explications fallacieuses en famille pour justifier mon absence, ça fait cher la journée en bois. Y'a des jours comme ça…
Les gouttes d'eau sur la verrière témoignent du fait que les organisateurs avaient dans un premier temps sorti l'avion du hangar, prouvant leur bonne volonté d'effectuer le vol, mais sans doute sans avoir pris soin de vérifier que la météo du jour ne le permettrait pas.
Pas évident de garder le sourire quand le pilote tient absolument à vous photographier… Ca permet au moins d'avoir un avant-goût de cette magnifique cabine, totalement "dans son jus" d'antan avec ses sièges en cuir rouge, les têtières LTU et les "porte chapeaux" avec leurs filets sur lesquels ont été disposés coussins et couvertures…
Il aurait été trop cruel que les choses en restent là. Mais le temps passe et il ne reste plus beaucoup de possibilités de voler dans ce Dove en 2011. Je m'inscris donc pour une troisième et dernière tentative prévue le 25 septembre, dernière date à laquelle l'avion est programmé cette année-là. J'avoue avoir passé la semaine précédente à analyser les bulletins météo de la Ruhr car cette fois-ci il n'y aurait pas eu de quatrième chance et avec ce genre d'associations de bénévoles qui maintiennent des vieux avions en vol, c'est comme avec certaines compagnies aériennes éphémères : le cash peut vite manquer et l'on est jamais sûr que les vols reprendront l'année suivante. Mais en cette belle matinée de début d'automne, les choses semblent enfin tourner dans le bon sens, et j'aperçois même l'aérodrome d'Essen depuis l'avion d'AF qui m'emmène de CDG alors que l'on est en approche vers DUS.
Mon billet est toujours le même depuis deux mois, mais cette fois-ci, je vais enfin pouvoir l'utiliser !
La bête a été sortie du hangar, même si ce n'est pas un gage absolu que le vol va se faire, comme on a pu le voir un mois auparavant.
Il fait beau, l'avion est prêt, mais… il y a un petit problème. On attend le CdB qui n'est pas là et on va avoir du retard…
Notre CdB finit par arriver à l'heure où nous aurions dû être en train de partir. Il descend de… son Dove personnel, ce D-IKUR dont la livrée "alu" laisse peut-être présager d'un passage futur à des couleurs d'une autre compagnie aérienne ayant exploité ce type d'avion ? Il n'en fût rien, la dernière photo de cet avion disponible sur le web remontant à 2016, toujours sous cette livrée totalement anonyme.
Nous voilà enfin à bord du "vrai" Dove de LTU, dont la cabine m'est déjà familière pour les raisons que l'on sait. Petit briefing par le copi avant le départ. Comme souvent sur ce genre de vols "historiques" on remarque que la clientèle est plutôt âgée. Peut-être des nostalgiques de leur baptême de l'air et/ou de leurs premières vacances en charter vers le soleil. Il est vrai que la surpuissante LTU, première compagnie charter allemande durant plusieurs décennies, a transporté bien des touristes allemands vers leur lieu de vacances entre 1955 et 2007, avant d'être absorbée par Air Berlin. LTU restera pour moi une référence, ayant eu la chance de voler sur leurs TriStar, B757, B767, MD-11, A320 , A321 et A330. Terminer cette liste par un Dove est assez paradoxal…
Les consignes de sécurité comportent le logo LTU de l'époque à laquelle cet avion était exploité en service commercial. Sans doute une ré-impression à partir de l'original…
… en ajoutant le téléphone portable dans les interdits. Quant au fait de ne pas utiliser son téléviseur personnel à bord, j'ignore si c'était déjà le cas dans les années 50, le transistor étant déjà plus "d'époque".
Nous quittons le parking avec 40 minutes de retard.
Le terrain d'Essen-Mulheim héberge aussi ce zeppelin, que javais déjà aperçu depuis "là haut" à bord de l'avion qui m'emmenait à DUS un peu plus tôt.
Et voilà, on décolle avec une météo radieuse, ce qui est bien apprécié vu les péripéties subies sur ce plan là au cours des tentatives précédentes…
La fait d'avoir pris place au quatrième et dernier rang me permet d'avoir une vue complète vers l'extérieur, sans être gêné par l'aile.
On prend peu à peu de l'altitude et notre ombre va progressivement se réduire.
Petite incursion à gauche alors que l'on va survoler la ville d'Essen.
Le terrain vu d'en haut après un virage à plus de 180°.
Nous voilà au dessus non pas du Rhin mais du fleuve Ruhr, avec la zone balnéaire de Baldeney.
Le moteur droit, dénommé Gispy Queen, en pleine action.
On a mis le cap vers le sud, en direction de Cologne, et l'on survole une carrière.
A mi-chemin, la ville de Leverkusen, célèbre par la présence des établissements Bayer…
… et par l'équipe de football du même nom qui joue dans ce stade, baptisé BayArena.
Le vol se poursuit en atteignant le Rhin, avec un passage à proximité du port fluvial de Cologne.
Cologne que voici.
Gros plan sur la fameuse cathédrale.
C'est le point de demi-tour du vol, puisque notre Dove effectue un 180 autour du centre historique de Cologne…
… avant mettre le cap vers le nord pour revenir à Essen.
Cette région est une alternance de jolis paysages verdoyants, notamment au bord du Rhin, et d'horreurs sur le plan environnemental. Après la carrière vue à l'aller, voici un magnifique décor industriel et post-industriel qui témoigne de l'activité intense de la Ruhr dans le domaine. Ça laisse quelques traces…
La région est très urbanisée avec ses 5,5 millions d'habitants, c'est le moins que l'on puisse dire, alors que l'on survole déjà Düsseldorf.
… dont voici l'aéroport international.
Un dernier aperçu des alentours en poursuivant vers Duisbourg, puis Essen de nouveau.
Approche finale avec les volets en position maxi.
On se pose après une heure de vol.
Arrivée au parking dans les instants suivants, à côté du Dove privé de notre CdB.
Tout le monde descend, avec plein d'images de la Ruhr ensoleillée dans la tête.
Ce vol restera aussi pour moi un excellent souvenir, sans doute augmenté par la satisfaction d'avoir enfin pu voler en Dove après deux tentatives infructueuses.
Une dernière photo de ce splendide avion et sa magnifique livrée LTU des années 50, devant la façade de l'aérogare d'Essen-Mulheim où il coule des jours heureux pour une retraite bien méritée mais très active, en continuant de régaler le public de survols de la région où la compagnie a connu LTU ses heures de gloire.
Merci pour votre lecture.
Un vol très agréable dans un avion préservé tel un joyau, qu'il s'agisse de son aspect technique, de sa livrée extérieure ou de sa cabine qui est une vraie merveille.
Voler à bord de ce Dove plus d'un demi-siècle après que LTU l'ait retiré du service est une chance extraordinaire.
En ce qui me concerne, cela méritait bien de subir quelques aléas, comme d'avoir eu à affronter les vicissitudes de la météo, pas toujours radieuse dans la Ruhr, où j'ai dû me rendre à trois reprises avant de parvenir à mes fins.
26 Commentaires
J'ai transmis ta demande.
3 tentatives pour ce vol exceptionnel, c'est un budget et du temps d'être un passionné.
Très beau scenic flight.
A bientôt
On reconnait un Avgeek passionné à sa ténacité !
Heureusement ta troisième tentative fut la bonne et valait vraiment le coup car cet avion est magnifique autant la livrée que la cabine intérieure.
Le parcours du vol est en plus très intéressant.
Si tu lis mon dernier DXB- CDG il y a un bonus sur le petit musée aéronautique de Sharjah où il y a également un Dove de Gulf air mais qui ne vole plus !
Merci pour ce partage.
Je viens de lire ton FR et effectivement je découvre par son bonus ce musée de l'aviation de Sharjah que j'ignorais totalement, et qui mérite vraiment le détour car on y trouve non seulement un DH.104 Dove de Gulf Aviation mais aussi un DH.114 Héron qui sa version allongée et quadrimoteur. Superbe !
A bientôt.
C'est vraiment pas de bol ces 2 premières tentatives infructueuses, où tu as du entre autre te justifier auprès de ta famille... j'imagine qu'ils te connaissent, et ont du se douter de quelque chose, du genre "Où est ce qu'il va encore?" haha
Mignon ce petit avion en tout cas, il pourrait faire penser à un petit appareil que l'on pourrait retrouver dans des manèges ^^
Super scenic flight avec ces survols de localités allemandes!
Merci pour ce récit Luc et à bientôt.
bon vols !
Avec son cockpit surélevé, il a un petit air de 747 avant l'heure !
Un avion aussi vieux que confortablement et relativement peu bruyant pour un zinc à pistons ! Un sentiment que je garde précieusement en mémoire, ayant eu l'immense chance d'avoir volé à son bord lors de la "grande messe aéronautique" de la Ferté Alais, édition 2017.
On peut retrouver ce vol dans le bonus du FR suivant :
https://flight-report.com/fr/report/24858/AvantiAir-AF-5475-Tarbes-Lourdes-LDE-Paris-ORY
(pardon pour cet instant auto-promotion ! La ferté Alais n'étant pas un aéroport habituel de voyageur, je n'ai pu lui consacrer un FR à lui tout seul).
Un superbe survol de la région et de la ville, belle Cathédrale et jolies rives. On ne peut voler fréquemment à bord de ces vénérables machines qui nous rappellent le temps d'avant : celui des aviateurs. Ces moments rares nous procurent des instants précieux et de merveilleux souvenirs qui ne s'effacent jamais.
Merci encore !
LTU a bercé ma jeunesse aussi, avec ses magnifiques Tristars et autres MD11.
Trois essais pour y arriver, mais ça vaut le coup :)
A bientôt !
Le prix n'est pas donné, mais le plaisir est là ^^
À bientôt !
Merci Luc pour ce régal supplémentaire.
Que de difficultés pour pouvoir effectuer ce vol, mais la troisième fois fut la bonne.
Voilà qui plus est une prise vraiment originale que cet avion au dessin absolument unique (et, je trouve, assez joli). Difficile en revanche d'imaginer qu'il pouvait être amené à faire des vols de 6 heures...
Les vues aériennes sont également très dégagées.
À bientôt!
Il a des airs de vilain petit canard cet avion et ca le rend sympathique.
Belle balade au-dessus de l’Allemagne industrieuse, le survol de Cologne à basse altitude est un grand moment.
Merci Luc pour cet autre superbe reportage et à bientôt.
Il a fallu trois tentatives pour accrocher cet avion à la dégaine bizarre à votre tableau de chasse mais il en vaut la peine !
Ses hublots font penser à des fenêtres de wagon
De très belles vues aériennes
A bientôt
Quand on aime on ne compte pas, hein ?
La troisième tentative fût la bonne, heureusement que tu n'étais pas Pinocchio, je ne te dit pas la longueur de ton nez au retour dans la belle famille... ^^
Un très bel engin qui rappel les heures de gloire de cette célèbre compagnie allemande.
Il est superbement conservé, ça qui accentue le plaisir de voler avec.
Merci beaucoup pour le partage, à bientôt.
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