En cette journée de janvier 2015 je parviens à faire un break de quelques heures entre deux réunions à Jakarta, par chance à proximité de l'aéroport de Cengkareng (Soekarno-Hatta), pour faire une petite incursion dans l'aviation régionale locale, tant par le type d'appareil (un BAe 146-200 de 25 ans d'âge), la compagnie (Aviastar, entreprise fondée en 2000 qui exploite deux BAe 146), que par la destination : Lubuk Linggau, au sud de l'île de Sumatra, desservie deux fois par semaine seulement.
Un petit point de détail à propos du type d'appareil : flightreport.com ne fait pas la différence entre les BAe 146 et les Avro RJ. Je ne vais pas développer ici l'histoire de ces modèles selon moi bien distincts, ni de leurs trois variantes (-100, -200 et -300 pour le BAe 146; 70, 85 et 100 pour l'Avro RJ) mais ils auraient peut-être mérité une classification séparée. Puisque ce n'est pas le cas, allons-y par conséquent pour la catégorie Avro 146-RJ85, à défaut de mieux.
AVIASTAR possède un bureau de vente au terminal 1C de l'aéroport de Cengkareng, fermé du côté intérieur de l'aérogare mais ouvert au public en zone extérieure. Cela donne une idée de ce qu'est cette compagnie : pas riche mais toujours présente, malgré l'échec de sa tentative de développement à l'international (elle avait affrété un A320 grec pour cela).
L'enregistrement est ouvert sur un double comptoir quand je me présente à H-75mn du départ.
Je dois être le seul non-indonésien sur ce vol, et assurément l'unique passager sans bagage. Un agent le remarque et me fait passer devant tout le monde. Coupe-file un peu gênant, bien que pas sollicité, mais en tout état de cause très apprécié.
Me voilà carte d'embarquement en main, après que l'on m'ait gentiment proposé le 1er rang en réponse à ma demande d'un hublot.
Il faut aussi payer un peu plus loin la célèbre taxe indonésienne d'aéroport, bien que modique sur un vol intérieur, l'équivalent de 3€…
… ce qui permet d'accéder à l'étage et à sa zone boutiquaire comme disait ADP au siècle dernier.
Je me dirige vers le PIF et vers les salles d'embarquement, où il y a peu d'affluence en cette fin de matinée.
Chaque salle d'embarquement est un mini-satellite, directement inspiré de l'imagination des architectes d'ADP qui pensaient avoir trouvé le modèle d'aérogare idéale quand ils ont conçu CDG1. On sait ce qu'il est advenu par la suite.
Panorama classique du tarmac de CGK, un mix d'avions neufs, en service, et d'avions moins neufs, au rebus.
L'embarquement est lancé à H-20mn, ce qui permet d'apercevoir enfin notre avion, de face, tandis qu'un A320 de Citilink, la filiale lowcost de Garuda, passe juste derrière.
La BAe 146 (et l'Avro RJ par conséquent) est un avion qui ne ressemble à aucun autre. 4 réacteurs sous une aile haute, ça change du désormais standard 2 réacteurs sous une aile basse qui est le lot de près de 90% des jets en service aujourd'hui.
En embarquant par la porte avant, on peut contempler les moteurs Lycoming LF500.
Voilà mon siège 1F, sur un bi-place, bien que le côté droit de la cabine soit tri-place, sauf précisément le 1er rang ! Je suis agréablement surpris par la forme généreuse, la propreté et l'impression de confort dégagée par les tétiêres blanches qui recouvrent la totalité de la partie haute du dossier. Ca ressemble à ce que l'on trouve à bord de certains ferries ou navires rapides, genre Hong Kong-Macau ou Singapour-Batam.
le pitch fort convenable qui sera le mien pendant ce vol de 1h15.
En me retournant, je constate que l'avion est configuré en 2+3, ce qui n'est pas le cas de tous les appareils de ce type, souvent équipés en 3+3 (City Jet…). Le vol est quasiment complet.
Tout s'enchaîne parfaitement pour un départ à l'heure. La chef de cabine, avec son uniforme très élégant, a fermé la porte et effectue la première annonce.
On repousse pile à l'horaire de départ publié : 11h05. Dommage que les hublots soient en si mauvais état.
Le roulage sera assez long, car comme souvent à Jakarta et ailleurs en Indonésie, l'ennemi a un nom : attente ATC !
Effectivement, après plus de 10mn d'immobilisation avant de pénétrer sur la piste, on décolle enfin.
Le passage au dessus des hangars de la filiale maintenance de GARUDA est évocateur du passé de l'aérien indonésien. Une sorte de musée à ciel ouvert qui s'ignore…
Les pictogrammes des avions d'un certain âge témoignent souvent de leur utilisation passée. Mais ce BAe 146 a fait toute sa carrière au Canada (Air Nova, Air Canada Jazz) avant de rejoindre la flotte d'AVIASTAR. Les mentions en espagnol qui sont face à moi resteront donc une énigme.
La consigne de sécurité est, pour sa part, bel et bien en anglais et en indonésien.
Petite compagnie, mais produit vol complet, à commencer par un inflight qui est en fait un catalogue de ventes à bord, certes un peu périmé (édition début 2014 alors qu'on est en janvier 2015)…
… mais avec tout ce qu'il faut comme produits de merchandising au logo d'AVIASTAR…
… et même une maquette d'un avion dont je vous laisse deviner si c'est un BAe 146 ou un Avro RJ :-).
Singularité du BAe 146 et de l'Avro RJ, les 1/2 caches hublots… côté haut..
… et côté bas… Je crois me souvenir que c'était pareil sur certains BAC-111.
Arrive ensuite la distribution de coffrets repas, bien entendu gratuits.
Leur contenu est modeste (une dose d'eau, un élément salé et un élément sucré). C'est pas trop à mon goût, je dirais même que j'ai du mal rien qu'à l'odeur qui se dégage, mais, bon, on est en Indonésie, le billet n'est pas cher, la clientèle est avant tout locale. Alors, je ne vais pas faire le malin en critiquant AVIASTAR pour ça.
Un petit tour à l'arrière, question de bien prendre la mesure de la cabine.
Et c'est déjà le début de la descente, au dessus de la forêt qui s'etend à perte de vue…
…jusqu'à ce que l'on aperçoive enfin la ville, au moment de l'approche. Oui, je sais, les hublots sont vraiment très rayés.
Atterrissage sans souci, et 1/2 tour sur de la piste de 2.200 mètres, bien trop longue pour un tel avion. Pas de bretelles ni de taxiways pour rejoindre le tarmac. On notera que la piste a été récemment resurfacée. C'est du billard !
Arrivée au bloc à 12h30, avec 10mn de retard compte tenu de l'attente au décollage à CGK. Il pleut et l'équipage indique qu'il faudra débarquer par l'arrière, afin d'éviter d'ouvrir la porte avant et d'innoder le plancher à proximité du cockpit. Sans doute une consigne bien pensée suite à des retours d'expériences malheureuses où notre bon vieux 146 avait dû être déclaré NOGO lors d'escales trop arrosées (je veux dire en eau de pluie, cela va de soi). J'en profite pour faire cette dernière photo de la cabine.
En tous cas, le fait de débarquer le dernier me permet de faire cette photo assez potable de l'avion plein profil en conditions spotter : full profile, full frame, ramp shot.
Il est temps de rejoindre l'aérogare. Une petite marche à travers champs qui me rappelle mes premiers vols domestiques en Indonésie dans les années 90. Vu l'architecture et l'état du sol, on s'y croirait vraiment…
Une fois landside, voici une vue du bâtiment administratif de l'aéroport de Lubuk Linggau, et du parking du personnel.
Une autre vue landside, de l'aérogare cette fois-ci, et du parking des clients !
Dernière image désuète de cette visite furtive dans le coeur de l'Indonésie profonde : l'embarquement du vol retour, une scène qui donne tout son sens à ce que peut être une desserte aérienne entre une capitale et un des coins les plus reculés d'un pays, comme on peut en voir en Afrique ou dans certains autres pays d'Asie.
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Verdict
Aviastar
6.3/10
Cabine7.5
Equipage7.5
Divertissements5.0
Restauration5.0
Jakarta - CGK
6.6/10
Fluidité8.0
Accès8.0
Services6.5
Propreté4.0
Lubuklinggau - LLG
4.5/10
Fluidité9.0
Accès3.0
Services3.0
Propreté3.0
Conclusion
Un avion ancien mais semblant en bon état (à part les hublots...), un personnel aux normes locales mais faisant bien son travail, un catering modeste mais qui a le mérite d'exister, des ventes à bord, un horaire respecté, etc : Prendre l'avion en Indonésie sur des routes secondaires et une compagnie à la notoriété plus que confidentielle ne signifie pas forcément partir à l'aventure avec des apprentis sorciers de l'aérien. Tout était bien dans ce vol, du début à la fin. Un sentiment de calme et de professionalisme à tous les niveaux. Examen de passage réussi pour AVIASTAR, à qui il faut souhaiter bonne chance pour l'avenir, car avec deux seuls vieux BAe 146 dans sa flotte et un réseau limité, on peut s'interroger sur ses capacités à survivre dans un contexte qui a quand même tendance à s'industrialiser.
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Merci pour ce fr très exotique, mais tu as éveillé ma curiosité sur les différences BAe et Avro.... Un bon vol somme toute, avec l'existence d'un catering certes local mais qui a le grand mérite d'exister. La denirère photo est très pittoresque !
Je n'ai pas souvenir de coupe-file de ce genre relaté dans un FR. Le PIF est-il aussi dédié à chaque satellite / salle d'embarquement, à la manière de CDG1 ou de SIN ? J'ai quelques doutes quant à la nature Authetic Detail de cette maquette. Ce qui me frappe toujours au sujet de la famille Bae 146, c'est l'illusion de différence de taille entre les réacteurs vus de l'intérieur. L'arrivée à LLG est un saut dans un passé qui beaucoup n'auront pas connu. Je me demande combien d'aéroports reportés sur ce site ont des installations aussi sommaires. Merci pour le partage !
Merci pour vos commentaires. Pour répondre à votre question sur le PIF : il y a trois groupes de satellites au terminal 1 (1A, 1B et 1C), et il y a un PIF pour chacun des groupes, donc 3 PIF au total pour toute le terminal.
Un grand merci pour ce FR lu comme d'habitude avec gormandise, on sait dès le début qu'on ne sera pas déçu.
Avion rare désormais mais qui visiblement remplit bien sa mission. Service correct pour un tel vol et vous avez raison de ne pas pénaliser la qualité gustative, c'est visiblement du vol très local.
L'aéroport d'arrivé renvoie comme le dit Marathon a des années en arrière.
Effectivement, BAe 146 et ARJ sont peut être similaires, mais sont tellement différents. Pour synthétiser un tout petit peu, ce sera comme dire qu'un 737-500 (BAe 146-100) est un 737-600 (RJ 70).
Peut être que nos administrateurs devraient y penser lors d'une future mise à jour ? L'ICAO et l'IATA différencient bien les codes BAe et ARJ.
Pour finir la maquette est vraiment tout sauf exacte ^^
Merci beaucoup pour ce très joli FR, extrêmement bien détaillé. Vos propos m'ont bel et bien confirmés que les ARJ et BAE étaient des appareils différents (décidément cette semaine BAE est à l'honneur... avec vous et mon JS41 d'Eastern Airways).
Le vol laisse transparaître une certaine sérénité à bord et une maîtrise parfaite de l'équipage. La cabine semble bien entretenu et c'est un bon point. Savez-vous qui est en charge de la maintenance de la petite flotte d'Aviastar ?
Décidément, votre périple Transaero / Aviastar ne vous laissera pas un grand souvenir gustatif...
C'est sur que les BAe146 et les Avros en général sont très généreux niveau place du a leur configuration 3-2 ;) En général chez Brussels Airlines on aura plus de places pour les jambes en prenant un Avro que en prenant un Airbus... c'est un très bel avion l'Avro!
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1 avis
8 Commentaires
Un bon vol somme toute, avec l'existence d'un catering certes local mais qui a le grand mérite d'exister.
La denirère photo est très pittoresque !
Le PIF est-il aussi dédié à chaque satellite / salle d'embarquement, à la manière de CDG1 ou de SIN ?
J'ai quelques doutes quant à la nature Authetic Detail de cette maquette.
Ce qui me frappe toujours au sujet de la famille Bae 146, c'est l'illusion de différence de taille entre les réacteurs vus de l'intérieur.
L'arrivée à LLG est un saut dans un passé qui beaucoup n'auront pas connu. Je me demande combien d'aéroports reportés sur ce site ont des installations aussi sommaires.
Merci pour le partage !
Avion rare désormais mais qui visiblement remplit bien sa mission. Service correct pour un tel vol et vous avez raison de ne pas pénaliser la qualité gustative, c'est visiblement du vol très local.
L'aéroport d'arrivé renvoie comme le dit Marathon a des années en arrière.
Effectivement, BAe 146 et ARJ sont peut être similaires, mais sont tellement différents. Pour synthétiser un tout petit peu, ce sera comme dire qu'un 737-500 (BAe 146-100) est un 737-600 (RJ 70).
Peut être que nos administrateurs devraient y penser lors d'une future mise à jour ? L'ICAO et l'IATA différencient bien les codes BAe et ARJ.
Pour finir la maquette est vraiment tout sauf exacte ^^
On retrouve la configuration en 2-3 dans les Avro de SA Airlink entre TNR et JNB.
L'aéroport d'arrivée à quelque chose de malgache dans la simplicité des installations.
A bientôt !
Merci beaucoup pour ce très joli FR, extrêmement bien détaillé.
Vos propos m'ont bel et bien confirmés que les ARJ et BAE étaient des appareils différents (décidément cette semaine BAE est à l'honneur... avec vous et mon JS41 d'Eastern Airways).
Le vol laisse transparaître une certaine sérénité à bord et une maîtrise parfaite de l'équipage. La cabine semble bien entretenu et c'est un bon point. Savez-vous qui est en charge de la maintenance de la petite flotte d'Aviastar ?
Décidément, votre périple Transaero / Aviastar ne vous laissera pas un grand souvenir gustatif...
Bon Week-End,
Mathieu F
c'est un très bel avion l'Avro!
Merci pour ce beau FR.
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