Il m'?est arrivé un drôle de truc, l?'autre jour, en revenant de Madrid. D'?ailleurs, j'ai écrit à la direction d?'IBERIA une lettre pas piquée des hannetons. Ils n'ont pas répondu. Pas étonnant. Ils doivent être bien embêtés. Mais je ne lâcherai pas. Ils sont coincés. J?'ai des preuves. J?'ai pris des photos.
Tout avait bien commencé. On était arrivés à Barajas à 16h, avec du temps pour l?'enregistrement.
Moi, j'?avais déjà choisi mon siège par internet et je n'?avais pas de bagage en soute. Ce n'?était pas le cas de mon compagnon de voyage.
Pendant qu?'il faisait la queue, j'?ai regardé autour ce qui pourrait être photographié. Vers le fond, il y avait des sculptures.
En m'approchant, je vis qu'?il s'?agissait apparemment de trois femmes, la Coqueta, la Senadora et la Realista. A chacune d'?elles avait été dédié un poème.
Il y avait aussi, tout près, une jeune et jolie personne avec un petit garçon (José, environ 7 ans) et une petite fille (Carmen, disons 2 ans de moins), qui faisaient ce que font tous les enfants : l'?éducation de leur mère. Galopades, glissades, chutes, hurlements stridents ; natte tirée, bras mordu, hurlements stridents. Impossible de rétablir l?'ordre : « si vous n'?êtes pas gentils, la grosse dame en fer va vous gronder ». Même pas peur. La maman était au bord des larmes.
Je me suis senti tenu d'?intervenir : Senora, permitame presentarme (Madame, permettez-moi de me présenter). Soy El Tiburon Lobo. A los pies (je suis Le Requin Loup. Mes hommages). Me gustan mucho los ninos. Con patatas bravas (j?'aime beaucoup les enfants. Avec des patates en sauce relevée). Puedo ayudarle ? (puis-je vous aider ?). Désolé pour l?'absence d'?accents appropriés, de signes de ponctuation et de tilde, mais ils ne sont pas reconnus.
Sans moufter, les amuse-bouche virtuels ont filé se réfugier, en s?'agrippant à sa jupe, derrière leur mère. Elle a décliné très aimablement mon offre, tout en me demandant mon numéro de téléphone, juste au cas où… Je le lui ai donné, en garantissant une intervention dans les 5 minutes, ce qui a achevé de calmer les moutards.
C'est là, je crois, que mon destin a basculé. Sur le coup, je n'?y ai pas attaché d'?importance, mais j'?ai trouvé que la Senadora me regardait d'un sale oe'il. Croyez en mon expérience, même si elle a été demi-finaliste au festival du thon de Concarneau, aucune fille n?'apprécie qu'?on se serve d'elle comme épouvantail. En plus, elle a dû être révoltée par ce sadique qui prenait plaisir à terroriser des enfants.
Pendant ce temps, mon compagnon de voyage avait obtenu sa carte d'embarquement. Au début, tout s'est passé comme d'?habitude. Le métro très moderne, très confortable, très propre.
Les escalators, très modernes, très confortables, très propres.
La salle d'embarquement, dont les toilettes sont très modernes?, très confortables, très propres.
Là, j'?aurais dû avoir un petit doute : alors que l'?aéroport est très moderne, très confortable, très propre ? et dispose de plus de place qu'il n'?en faut, l?'avion n'?était pas là. Il a fallu prendre un bus.
La ballade n?'a pas été désagréable, et a permis de voir un Airbus A319, décoré d'une hirondelle,
Un morceau d'?Airbus A340 d'?IBERIA
Un B 767-300 de LAN
Un A319 d?'IBERIA
Mais à l'?arrivée : l'?horreur !
IBERIA, qui a certainement vendu ses appareils récents pour rétablir ses finances, a remis en service un de ses vieux coucous d'?après-guerre, en essayant de le déguiser en Airbus A 319. Je comprends pourquoi l'?avion ne s'?était pas garé au bout de la passerelle télescopique. Ils avaient trop honte.
Les autres passagers n'?y ont vu que du feu y compris mon compagnon de voyage, qui ne saurait pas distinguer un Zeppelin d'?un A380. Mais j'?ai l'?oeil.
Pour faire illusion, ils ont collé, au bout des ailes, des raclettes (vous savez, ces machins en plastique qu?'on utilise pour dégivrer ou déneiger les pare-brise, l'?hiver).
Ils ont aussi caréné les hélices dans de l'albal.
Simplement, un détail cloche : la peinture. Ils ont oublié de repeindre les vraies couleurs d?'IBERIA. C'est vrai aussi que ça aurait mis du temps à sécher.
Je fais part de ma surprise et de mon mécontentement aux membres de l'?équipage qui accueillent les passagers. Ils se bornent à me montrer le logo près de la porte. Je comprends qu'?ils me signalent qu?'un avion se périme moins vite qu'?un yaourt et que notre appareil peut voler pendant 80 ans.
S?'enfuir n'est pas envisageable : il faudrait faire au moins deux kilomètres à pied au milieu des pistes. Le coup est bien monté.
Pas de surprise à l'?intérieur. C'?était bien un vieux coucou malhabilement retapé.
L'?hôtesse, pour distraire l?'attention, s'?agite au milieu de l'?allée dans un paletot jaune canari un peu ridicule avec son sifflet orange. Moi, la dernière fois que j'?ai eu autant d'espace pour les jambes, c'?était dans un Bréguet-deux-ponts Provence, en 1955, pour un vol Marignane -? Le Bourget.
En fouillant un peu dans ma mémoire, je parviens à reconnaître le personnage qui fait la couverture du magazine de la compagnie : Luis Mariano, le chanteur d'?opérette. Vous vous en souvenez ? Mec- hicô, Mec-hihiiiiiôôôô, tes femmes sont charr-man-teu hiiiiiiiiiiiiiiiii Ou encore : la Bêêleu de Cadiz a des yeux de velours? tchicatchicatchic aïe aïe aïe
A l?'extérieur, le paysage a changé.
Le terminal ultra moderne qui était là, il y a moins d'?un quart d'heure, pffuitt, il a disparu. Remplacé par un vieil entrepôt.
Je me demande si on ne va pas décoller sur une piste en terre.
Peut-être que si je dormais un peu, en me réveillant, tout redeviendrait normal. Je prie donc l'hôtesse de ne pas déployer de nappe ni de servir le dîner et simplement de bien vouloir m'?apporter un verre d'eau. Elle paraît un peu déconcertée par mes propos, mais revient immédiatement avec le sourire et le verre d'eau. J'?y noie une aspirine. Malheureusement, mon compagnon de voyage me parle (ce qui, d'un autre côté, couvre le bruit des pistons), et je ne peux m'?endormir tout de suite. Je l'?interromps de temps en temps pour prendre quelques photos.
Survol d?'Euskadi
Donostia
La côte et les étangs de Lacanau et de Hourtin
L'?embouchure de la Gironde. Là, je parviens à m?'assoupir.
Au réveil, je ne vois que des avions à hélices.
Sauf ça. C'est quoi, ça ? Un V2 pour bombarder la City !
Je ne sais pas du tout où on est. Je ne reconnais pas le Bourget. Ça n'est ni Brétigny /Plessis Pâté, ni Villaroche / Réau. Ah ! On passe sur une autoroute. J'?y suis ! On a atterri à Villacoublay, et vu le temps q'u'on met, on finit le voyage en roulant jusqu?à Issy les Moulineaux. J'ai un mal de crâne épouvantable.
Je n?'ai pas vraiment à me plaindre. Ici, tout le monde est très gentil avec moi. Quand même, j'?aimerais bien revenir en 2012, même si j'?ai souvent détesté l?époque. J'a'imerais bien revoir la vie en rose. Faites quelque chose. A L'?AIIIDE !!!
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Verdict
Iberia
7.8/10
Cabine10.0
Equipage10.0
Divertissements5.0
Restauration6.0
Madrid - MAD
5.0/10
Fluidité5.0
Accès5.0
Services5.0
Propreté5.0
Paris - ORY
5.0/10
Fluidité5.0
Accès5.0
Services5.0
Propreté5.0
Conclusion
Blague à part, le vol a été très sympa.
On est partis avec un quart d'heure de retard à cause d'un couple de français avec enfant qui ne savaient pas qu'il fallait prendre le métro pour rejoindre la porte d'embarquement. De là, le bus a fait le voyage rien que pour eux trois. Je connais des compagnies moins complaisantes. Le retard a été quasiment rattrapé à l'arrivée (5 mn de retard).
Confort royal au rang 10. Alphonse XIII n'a pas eu mieux quand il a inauguré la ligne Madrid/Barcelone.
Personnel très sympathique : un commandant de bord vintage d'une exquise courtoisie, heureux de constater que j'appréciais l'avion qu'il pilotait. Des hôtesses répondant du tac au tac aux taquineries sur les implications pour elles de la reconstitution historique.
Le repas...oui : la question serait de savoir s'il vaut mieux avoir un jus de tomate et huit mini gressins inclus dans le prix d'une compagnie partant de CDG, supérieur de 150 euros au tarif pratiqué par IBERIA pour ce vol. De toute façon, à 17:30, il est trop tôt pour dîner.
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Ahah je pense que bon nombre de gens ne vont pas spécialement comprendre le second degré dans ce FR... :)
En tout cas merci et bravo pour ce FR super agréable à lire! Je n\'ai pas vu beaucoup de personnes heureuses de voyager avec Iberia mais là pour le coup avec en plus une livrée rétro, la compagnie remonte dans mon estime!!!
@CX261: peut-être qu\'ils font jouer les prolongations à l\'avion @Whatever : que la compagnie rende aussi agréable le saut de 1927 à 2012 qu\'elle a rendu sympa le saut de 2012 à 1927. @Majic-J : je trouve effectivement un peu excessives les appréciations négatives portées sur IBERIA (spécialement sur les courtes distances, où il n\'y a guère de différence avec la concurrence, sauf le prix, qui est plus serré chez IB) @Esteban : j\'ai fait la correction, merci. @BESMRS: oui, je m\'en suis donné à coeur joie (filtre sépia ou noir et blanc avec réchauffement des couleurs; gros grains ou fins selon les cas; flous... etc). @tous : merci (le sujet se prêtait bien à une petite blague).
Super FR, très bien narré et subtilement relevé de comique ! :) Je pourrais prendre votre numéro au cas où ? Les enfants en vol méritent bien une petite visite du Requin Loup de temps en temps... Sinon, il semblerait en effet que bon nombre de compagnies aériennes aient la manie curieuse de ressortir leurs vieux appareils. C\'est étrange qu\'il n\'y ait pas encore eu d\'accident.
Ca me rappelle un DVD historique de l\'histoire de la sabena que j\'ai vu récemment. Tout était à hélices. Forcément! On pourrait se croire de retour dans le passé, FR bien sympathique! Merci!
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32 Commentaires
Vous avez quand même eu de la chance d\'avoir eu le Rétrojet IB ;) !
D\'ailleurs LAN ne possède pas d\'A330 mais que des A340 ;)
Un avion de 80 ans d\'âge? Non...Ibéria fut créée en 1927 donc la compagnie a bien soufflé en 2007 ses 80 bougies
Qu\'espérez-vous de la réponse d\'Ibéria ?
En tout cas merci et bravo pour ce FR super agréable à lire! Je n\'ai pas vu beaucoup de personnes heureuses de voyager avec Iberia mais là pour le coup avec en plus une livrée rétro, la compagnie remonte dans mon estime!!!
Par contre, Iberia ne possède pas d\'A318 c\'est un 319 que vous avez vu :)
C\'est comme cela que la Yougoslavie, Berlin-Est, la ville libre de Trieste ou Fort-Lamy sont de nouveau desservis :)
Merci pour cette grande poilade ! Vous avez essayé le filtre sépia pour faire dans le old fashion way ? :) :)
Merci à vous.
@Whatever : que la compagnie rende aussi agréable le saut de 1927 à 2012 qu\'elle a rendu sympa le saut de 2012 à 1927.
@Majic-J : je trouve effectivement un peu excessives les appréciations négatives portées sur IBERIA (spécialement sur les courtes distances, où il n\'y a guère de différence avec la concurrence, sauf le prix, qui est plus serré chez IB)
@Esteban : j\'ai fait la correction, merci.
@BESMRS: oui, je m\'en suis donné à coeur joie (filtre sépia ou noir et blanc avec réchauffement des couleurs; gros grains ou fins selon les cas; flous... etc).
@tous : merci (le sujet se prêtait bien à une petite blague).
Merci pour c\'est tres bon FR au style delicieusement enlevé.
@TITI777 : \D\'ailleurs LAN ne possède que des A340 ;)\ -> Alors ça ne peut être qu\'un A340, pas un B767 :D Inutile de demander, je sors :)
Mais je voulais dire en terme d\'Airbus Long courrier ;)
Je pourrais prendre votre numéro au cas où ? Les enfants en vol méritent bien une petite visite du Requin Loup de temps en temps...
Sinon, il semblerait en effet que bon nombre de compagnies aériennes aient la manie curieuse de ressortir leurs vieux appareils. C\'est étrange qu\'il n\'y ait pas encore eu d\'accident.
On pourrait se croire de retour dans le passé, FR bien sympathique! Merci!
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