Avis du vol entre Toliara et Antananarivo en classe Economique avec Tsaradia

Confinées, confinés,

j'espère que vous accueillerez ce reportage en bonne santé et que son bonus vous permettra de vous évader des quatre murs de votre logis ou, pour les plus chanceux, de la clôture de votre jardin. 

Je reprends la narration de notre voyage à Madagascar en février dernier. Et rétrospectivement, je me dis que nous avons eu du nez, que dis-je, du cap, du pic, de la péninsule de choisir ces dates un temps en balance avec avril.

A l'heure où je rédige ce FR, Covid-19 a fait son entrée à Madagascar. Comme ailleurs, c'est une question sanitaire mais aussi politique. Le 22 mars, la communication présidentielle est la suivante : la maladie a été importée par trois étrangers arrivés à bord des vols MK288 et AF934. Tous les pax sont en quarantaine. Tout est sous-contrôle

Ces martiales paroles sont contredites par les représentations provinciales du ministère de la Santé qui annoncent plus de 1000 cas, surtout dans la région de Tana, la plus peuplée.

On apprend ensuite au cours de la semaine :
1-17 pax en quarantaine se sont "échappés."
2-le président ferme écoles et administration, appelle au confinement. Mais comment se passer du marché pour faire ses courses? Comment manger sans travailler?
3-le président réceptionne 20 000 kits de dépistage rapide et 100 000 masques en provenance de Chine. Il se fait tester en direct à la télévision, le résultat est négatif : il peut donc mener le pays au combat.

Je vous invite à remonter le temps dans les derniers jours de l'An 1 BC, une époque insouciante ? Que nenni !  une époque âpre où on jouait à la guerre civile sociale, où l'on s'inquiétait pour sa retraite, pour ses prochaines vacances, pour les bons plans en Y, en W, en J, en F… Un temps où l'on tentait en vain de joindre le service client de MK, de se faire rembourser par MD… Ce qui n'a pas changé en l'An 1 AC… comme quoi, il y a de l'espoir ! 

Rappel du routing pour ceux qui nous rejoignent en cours de voyage et qui désireraient découvrir les étapes et boni précédents.  

Les pérégrinations malgaches touchent à leur fin, l'heure du retour commence à sonner, "mora mora" : commence à sonner car nul être sensé n'enchaîne un vol intérieur et une correspondance internationale. Nous avons prévu de quitter le Sud torride -honni soit qui mal y pense - vendredi 21 ; notre vol pour Paris décolle dans la nuit du dimanche du lundi.

TOLIARA - tULEAR : TLE

J'ai déjà au cours de ma vie malgache reporté des vols passant par TLE. Mais je ne vous en ai montré que le tarmac puisque j'étais en correspondance entre Fort-Dauphin et TNR. Après consultation de la BDD, je m'aperçois que personne n'a jamais présenté l'aéroport du sud-ouest malgache.  

L'aéroport de Toliara se situe au nord de la ville, au bord de la RN7, à environ 5km du centre. Le panneau est repeint régulièrement.

Pour atteindre l'aérogare, il faut verser sa dîme au monsieur vêtu de la chasuble orange. Pour info, l'accès est libre lorsqu'il n' y a pas de vol comme j'ai pu le constater en allant récupérer l'ami qui avait récupéré mes valises le dimanche précédent. 

C'est sous bonne escorte mais sans gyrophare que nous atteignons le parking de l'aérogare.

Il existe une aérogare dédiée aux vols domestiques mais elle n'est semble-t-il plus en service.

C'est donc dans l'aérogare internationale que nous nous apprêtons à pénétrer ; mais pas  par la porte "Départ" puisqu'elle est fait partie du circuit "Arrivées"

Nous sommes à un peu plus de deux heures du départ -notre hôtelier voulait nous y conduire 3 heures avant, nous prenant pour de vrais touristes - et nous ne sommes pas les premiers. 

Covid-19 n'a pas encore commencé son "world tour" mais il est déjà craint.

Deux agents procèdent au check-in. Cette jeune dame est très aimable comme tout le personnel de l'aéroport. 

Je lui demande la permission de photographier le FIDS.

La date indiquée est la bonne. 
Les vols intérieurs sont correctement indiqués. Le vendredi est jour d'affluence avec 2 vols : le matin, Tana  -Tuléar-Fort-Dauphin - Réunion ; l'après-midi : Réunion - Fort-Dauphin - Tuléar -Tana. Le lundi est également un jour chargé puisque Air Austral effectue la boucle RUN-FTU-TLE-RUN. Le reste de la semaine, une seule rotation avec TNR.  

TOLIARA - TULEAR

Les bagages remis au personnel au sol MD, nous nous dirigeons en pôle position vers les divers contrôles. En pôle position car la "famille Boulet", 5 personnes et un nombre indéfini de bagages mal rangés, doit refaire ses valises pour complaire aux 20kg par pax. D'autant qu'elle semble ignorer la façon de faire basculer la balance dans le bon sens.

Comme il se doit pour un vol intérieur, nous présentons d'abord BP et passeport à un policier de la PAF. L'histoire ne dit pas s'il a pris racine depuis le matin. 
Ensuite c'est le PIF : pas de portique mais une fouille assez approfondie des bagages à main et du bonhomme par une équipe jeune et très sympathique avec laquelle je plaisante quelque peu…. 

La climatisation fait ce qu'elle peut -il fait au moins 40°C à l'extérieur de ce bâtiment de béton. Nous nous installons à une table du bar le plus près possible de la source d'un filet d'air rafraîchissant. Pour preuve, nos bagages à main. 

L'établissement propose une petite offre de restauration.

La malbouffe, de marque ou contrefaite. Nous nous contentons de boissons payés au prix fort.

Offre de magazines sous cellophane. 

Vue générale des lieux. Quand ce n'est pas THB c'est Bank of Africa qui souhaite bon voyage.

La chaleur accablante chasse toute vie du tarmac.

Notre B-738 (pas de doute sur le fait que ce soit le nôtre) en finale.

Notre B-738 sur le point de toucher terre.

Touché mais pas coulé !

Un tour de raquette plus tard, il vient se présenter sous nos vivats intérieurs : vous ne pouvez comprendre l'émotion suscitée par des retrouvailles avec MD … à l'heure ! 

5R-EBA, 12 ans 9 mois est là.  

Alors que le débarquement des pax et le déchargement de leurs effets se déroule à un train de sénateur, j'entends, aggravé par le ressentiment du confinement, monter la contestation : On nous promet un vol exclusif sur Tsaradia et ne voilà-t-il pas un banal vol avec Air Madagascar comme il en existe 16 sur le site - dont 8 par votre serviteur? Pire encore, un vol à l'heure ! Ennui assuré ! 

Le service des bagages est long car le chariot est mu par la force humaine, les zébus n'étant pas autorisés sur le tarmac. 

EMBARQUEMENT A BORD DE TZ 719

Alors que la torpeur règne dans l'aérogare, la ruche s'éveille : l'embarquement a sonné.

Contrôle méticuleux du BP et du passeport et nous voilà pedibus en chemin vers notre Boeing. 

Contrairement à Tana, le personnel de Tuléar n'est pas photophobe. On avance à la queue leu leu. Les distances Covidiennes de distanciation sociale sont largement respectées. 

Les pax des rangées arrières passent par la porte … arrière

Les autres poursuivent la ronde. 

Les pax des rangs avant passent par la porte … avant.

Instant porte en légère contre-plongée en l'honneur de notre fétichiste du Haut-Rhin que j'espère épargné par Covid.

Fuselage shot pour narguer les lecteurs qui rêvaient de découvrir un avion Tsaradia.

Pas de vue générale de l'intérieur : il y a déjà beaucoup de monde quand nous arrivons. La J de 8 sièges est occupée par des personnels MD en uniforme et en goguette. La Y sera pleine comme un oeuf. Pour ceux qui ne connaissent pas, suivez le lien. https://flight-report.com/fr/report/13898/Air_Madagascar_MD_733_T_lanaro_FTU_Toliara_TLE

A BORD DU B-738 TZ by MD

Avantage des avions anciens : le pas est acceptable. 

5R-EBA s’appela B-5330 pendant huit ans sous les couleurs de Shanghai Airlines.

In the unlikely event….

Ne semble plus fonctionner. 

Grande nouveauté : "Prime", un magazine commun à MD et TZ.

Le réseau global des compagnies partenaires : MD, UU, Ewa Air et Tsaradia. 
A l'heure où je prends la photo, le divorce est en cours : UU reproche aux autorités malgaches d'avoir ouvert le ciel malgache à ET contrairement à leur engagement lors de la signature du partenariat. Sans parler des GP alla malagasy. MD reproche à UU de ne pas avoir versé tout l'argent promis. 
Avant que les flottes des uns et des autres ne soit clouées au sol, l'Etat malgache prévoyait une augmentation de capital pour dissoudre la part UU (de 49 à 7%.) Mais devant le peu d'empressement des partenaires étrangers à se faire rouler, l'Etat envisageait de mettre MD dans l'escarcelle de la CNAPS, soit la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, l'institution qui collecte les charges sociales et verse quelque modeste obole aux parturientes, au x jeunes enfants et aux retraités… 

Le réseau asiatique.

Le réseau régional, africain et européen

La légende.

La flotte. Sous couleurs MD : 2 A-340-300 objet d'un conflit avec AF quant au règlement de leur location. et un B-738 (les B-733 de jadis ont disparu)

Tsaradia offre un salon à TNR à ses pax J et à tout le monde contre espèces sonnantes. 

Les prestationsTsaradia.

La flotte  Tsaradia, les lignes intérieures malgaches : 4 ATR-72 (ex-MD).

 et 3 Twin Otter (ex-MD). 

Réseau et programme rappellent qu'un voyage à Madagascar ne s'improvise pas. 

Le temps de ces présentations, l'embarquement est terminé.

Tour de contrôle et pompiers. 

Demi-tour

Et nous voilà partis, à l'heure, pour TNR.

La plaine côtière est sèche, le plateau qui surplombe Tuléar est plus vert.

A l'arrière plan, le canal du Mozambique.

Porte bonheur?

L'orage s'abat sur le sud-ouest malgache.

Les PNC, ni aimables ni désagréables effectuent le service.  Coca-Cola ou eau.

Quelques minutes avant l'atterrissage, le bonbon malgache est distribué.

La descente a lieu sous une pluie diluvienne. 

ARRIVÉE A TNR

Instant Danette puis tout le monde s'assoit. Pour une raison que j'ignore, le débarquement s'effectue par la porte arrière. Les opérations durent une trentaine de minutes avant un transfert en paxbus sur une cinquantaine de mètres -qui nous évite de trop nous mouiller.  

Alors que nous étions en avance, nous réussissons à arriver en retard.

La livraison des bagages se fait au rythme habituel. Cette scène devrait disparaître avec la livraison de la nouvelle aérogare et la transformation de l'actuel terminal international en terminal domestique.

A l'extérieur mais à l'abri, la salle d'attente des vols domestiques. 

Pour terminer ce reportage qui je l'espère vous a divertis, un nouveau bonus.

BONUS MALGACHE #4 : SAINT-AUGUSTIN

 Je vous invite d'abord à franchir le Tropique du Capricorne.

Nous croisons un taxi-brousse effectuant la liaison Tuléar - Saint-Augustin. 31 kilomètres seulement, mais une véritable aventure.

Après 15 kilomètres à cahoter sur une piste cahotante nous poursuivons à pied.
Les habitants de Saint-Augustin ont choisi une dernière demeure avec vue. 

Les corps sont ensevelis sous la roche. 

Deux détails intéressants : l'état civil est imprécis quant à la naissance, pourtant sous administration française ; les inscriptions sont rédigées en Français. 

Voici la vue dont toute personne ayant ses racines familiales à Saint-Augustin peut jouir pour l'éternité. A gauche le village, à droite la baie.

Nous quittons les cimes et les esprits pour le village.

Une pompe à eau alimente le village en eau douce.

En périphérie de la petite agglomération, un exemple d'habitat traditionnel modeste.

Personne au débarcadère. Le bac gît à quelques dizaines de mètres. 

Ce ferry reliait Saint-Augustin à Anakao en moins d'une heure ; une économie d'une journée de piste en 4x4.

J'ignore depuis quand exactement le bac à jeté l'ancre. Il est solidement amarré ce qui signifie qu'il est n'est pas abandonné mais en panne.. jusqu'à ce que l'AFD ou un autre projet de développement trouve de quoi payer sa remise en état.   

Les guides de voyage bien connus des voyageurs le conseillent toujours pour rejoindre la piste côtière qui les mènera à Fort-Dauphin par le chemin des écoliers. Déception et ennuis assurés.

Les enfants cherchent des petits poissons sur la plage. 

Mais cessent volontiers le travail pour prendre la pose.

Les pirogues sont de retour de la pêche.

Petit poisson ne deviendra pas grand. 

Le matériel est prêt pour la prochaine sortie. La pirogue porte le nom de Black Nadia, une artiste locale.

Turlututu. 

A l'abri du soleil déjà ardent  la famille est réunie pour faire le tri dans la pèche du jour. 

Cette petite fille minaude…

…pendant que ce grand garçon fait ses devoirs. 

Ces artisans construisent une pirogue.

Une maison en dur est signe d'ascension sociale. Avec un panneau photovoltaïque c'est encore mieux. 

La marchande de riz porte le Masonjoany en poudre de bois de santal. Ce masque est présent sur les côtes du canal du Mozambique de Madagascar aux Comores. 

Le riz ne nourrit pas que les hommes. 

Sous un auvent de fortune les marchandes de brèdes attendent le chaland. 

La brède mafana, c'est-à-dire chaude, base indispensable du Romazava, plat national malgache. 

Le marché aux poissons est le plus vivant. 

Les hommes pèchent, les femmes assurent le commercialisation. 

Un sac de charbon pèse au moins une vingtaine de kilos. 

Charbonnière en prière, en transe, en train de s'étirer, d'appeler les clientes?

A l'écart du centre, un "4x4 malgache."

Nous nous dirigeons vers les berges de l'Onilahy dont nous remonterons un des bras vers une piscine naturelle bien rafraîchissante. 

Chemin faisant nous croisons des pécheurs d'eau douce. 

A bientôt !