Bonjour à tous,
On poursuit cette journée spéciale CRJ-200 avec le retour en deux étapes des grandes plaines aux contreforts des Rocheuses. L'escale sera identique aux vols du matin dans la vaillante et brillante cité qu'est… Dodge City !
Petit rappel du routing :
Enchainement de vols
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- 6
- 7
- 8LBL → DDC | Skywest Airlines (United Express) | CRJ-200
- 9Mini-saucisse au crépuscule
- 10Low-cost atypique
- 11Un très chouette vol !
- 12Déconvenues tardives
- 13Un retour décevant
Après un bon repas mexicain, j'ai tout le temps nécessaire pour rejoindre l'aéroport à pattes. Tout va bien, la direction est fléchée !

Sitôt quitté l'avenue principale, la seule où j'aurai vu circuler quelques véhicules et habitants, je retombe dans les quartiers pavillonnaires déserts où le vent chaud et sec est plus présent que jamais. Cette fois, je l'ai dans le dos, ce qui préserve mes yeux de cet air poussiéreux. Il fait désormais 26 degrés d'après la station météo locale, et le vent souffle en rafale jusqu'à 90km/h. S'il y avait eu des montagnes à proximité, j'aurai pu me croire en plein épisode de foehn.
Je croise plus que les doigts pour le maintien du vol !

Tout comme à l'aller, je croise quelques maisons à l'allure peu banale. Ici, on retrouve certes le traditionnel bardage horizontal en bois, mais c'est la couleur bleue qui se démarque fortement.

Je longerai ensuite quelques entrepôts où j’aperçois les fameux camions nord-américains, emblématiques de ce pays.

Mais toujours est-il que je suis toujours… seul ! Seul avec le vent, seul avec les arbres qui penchent du même côté, seul avec les fils électriques qui sifflent. Seul…

40min de marche en solitaire plus tard, je retombe sur le 727 du musée que je vous ai présenté dans l'opus précédent.

Puis sur le hangar ouvert aux 4 vents à la suite d'une tornade et laissé à l'abandon depuis les années 1950.

J'arrive enfin au terminal voyageurs avec toujours aucune âme qui vive.

Je m'abrite temporairement à l'arrière d'un bâtiment à l'abandon, histoire d'être sous le vent pour le micro de mon téléphone et pouvoir ainsi immortaliser l'ambiance sonore particulièrement spectaculaire, qu'on croirait sortie toute droite d'un vieux western spaghetti.
On retrouve les fils qui chantent, un panneau stop rouillé qui tremble, de l'herbe sèche qui ondule, des drapeaux et des arbres qui frémissent, et le son sourd du vent qui rugit continuellement… Complètement dingue comme ambiance.
Le parking dispose de quelques bancs où je patienterai un petit peu.

Puis j'irai me réfugier au calme dans l'aérogare.

Si ce dernier est ouvert, il n'y a également personne. Mais dans ce cas ci, c'est normal puisque j'ai beaucoup d'avance ^^

Seul avion du tarmac n'appartenant pas au musée : ce King Air 350 qui, garé face au vent et en l'absence de bâche, semble prêt à repartir dans la soirée.

Je profite qu'il n'y ait encore personne pour explorer le bâtiment. Ce sera rapide !

La zone d'attente dispose de prises, ce qui est toujours fort précieux !

Quelques question sur le service de bus qui sillonne la ville, et dessert notamment l'aéroport.

Vers 16h30, ça commence enfin à s'animer avec l'arrivée de l'agent Delta et de celui de Hertz. Quelques passagers arrivent également et saluent les agents. On sent que tout le monde se connait ! Cela dit, l'une des passagères viendra me saluer en s'enquérant de mon itinéraire et constatera facilement que je suis étranger (je ne remercie pas mon vocabulaire anglais qui est une zone de non droit intellectuel ^^).
D'autres s'inquiéteront à juste titre si le vol est maintenu malgré la météo. On a beau être à l'abri dans le bâtiment, le sifflement du vent sous la porte d'entrée ne passe pas inaperçu ^^
L'agent confirme le maintien du vol, ce que confirme également FR24. Par contre, ce que ne dit pas l'agent, et que FR24 révélera, c'est que l'avion de ce soir est en livrée… SkyWest !
Surpris de voir une livrée en propre de cette discrète compagnie qui ne vole que pour des grandes maisons, je me plonge dans le détail et découvre que cette compagnie dispose de… 476 appareils ! C'est la plus grosse flotte d'avions régionaux aux US, mais aussi du monde :
- 89 CRJ-200 (United Express, SkyWest Charter)
- 4 rarissimes CRJ-550 (un CR7 modifié et modernisé, pour Delta Connection)
- 110 CRJ-700 (United Express, Delta Connection, American Eagle)
- 242 ERJ-175 (Alaska Airlines, United Express, Delta Connection, American Eagle)
Bigre ^^
En parlant du loup, le voici qui arrive :)

Avec des rafales à 50kn, le vent aura heureusement le bon goût de souffler dans le bon axe, et donc compatible avec les limitations de notre avion.
En effet, comme le dit la fiche constructeur :
- Max. Takeoff Wind Speed - Total : 60kn
- Max. Takeoff Headwind Component : 55kn
- Crosswind Limitations (Max. Demo, Wet Rwy, Contaminated Rwy, Low-Time Capt.) :
Max Demo - 27 kts
Wet Runways - 17 kts
Contaminated - 15 kts
Low-time Capt - 27 kts
Ça passe donc limite, mais ça passe !

On sécurise le tout.

On ouvre la porte…

Et on place la rampe !

Petit flashback car je n'avais pas parlé du PIF, qui s'est déroulé comme à Alliance, dans une relative simplicité et bonne humeur.
La salle d'embarquement s'est avéré très étroite, située directement après le PIF. Les pax arrivent au compte goutte et arrive un moment assez étrange : des jeunes hommes bien gras dans le plus pur style de l'américain actuel, encadrant des jeunes femmes en tenues moins modernes. Les hommes veilleront scrupuleusement à ce que ce soit Madame PIF qui s'occupe d'elles. Je noterai également que les hommes sont tous rivés sur leur portable quand les demoiselles n'en ont aucun. D'ailleurs, elles n'ont pas dit un mot depuis qu'elles sont arrivées. L'atmosphère est assez… spéciale, voire tendue.

L'arrivée de l'agente Delta me coupe net dans mes interrogations, l'embarquement va débuter.
Je ressors le BP obtenu le matin même à Denver, comme tous les autres.

Puis on s'élance vers le CRJ-200 qui commence à ne plus avoir de secrets pour votre serviteur ^^ Je suis heureux d'avoir pu attraper une livrée différente de l'aller, qui plus est celle de la compagnie opératrice ! C'est un carton plein à tous les niveaux !

Un petit bonjour au chef ! Le logo de la compagnie est fièrement apposé sur le museau de notre CRJ.

Un dernier regard vers le petit aérogare de Liberal.

A bord, l'avion est déjà très rempli, la majorité des voyageurs provenant de Denver se rendent visiblement plus à Dodge qu'à Liberal.
Je retrouve néanmoins sans peine ma place favorite, c'est-à-dire à fond de cale en 12D. Le legroom y est toujours aussi bon.

Je risque cette fois d'avoir des voisins ^^

En guise de voisins, c'est surtout une voisine qui viendra s'asseoir sur le siège mitoyen. Et pas n'importe laquelle puisque c'est une des jeunes femmes du groupe assez étrange. Les 4 seront d'ailleurs assises autour de ma rangée, suivies par les hommes. Quand il constateront ma présence, il demanderont à ma voisine de se lever et de rejoindre un autre siège resté libre, puis ira discuter avec l'unique PNC du vol. Puis ira s'asseoir… à côté de moi. On continue dans la bizarrerie ! Ne comprenant pas tout, je laisse de côté pour le moment ces interrogations sans réponse pour revenir au seul truc intéressant : l'avion !
On mettra en route rapidement, tandis que la manche à air s'agite toujours fortement au loin.

Bye bye Liberal !

Je m'attendais à un décollage molto agitato. Et bien pas si agitato que cela !
Puis comme à l'aller, nous ne dépasserons pas les 7000 pieds, permettant d'observer à foison le paysage d'une grande monotonie tout en étant fascinant tant il est immense.

Les rares cours d'eau se repèrent de loin puisqu'on y trouve les seuls arbres du coin.

Tout comme les cours d'eau, les turbulences ne passent pas elles aussi inaperçues ^^
Le maintient de la ceinture attachée est plus que jamais d'actualité ^^

Des champs à perte de vue encore et toujours…

Puis on s'apprête à nouveau à se poser au milieu de nulle part.

Cette approche sera de loin la plus agitée de la journée ! Je n'ai pas été déçu ^^
Welcome again in Dodge City !

On ira sans surprise à la même place que le matin même.

Beaucoup de monde sortiront de l'avion, y compris mes étranges voisins/voisines. Mon voisin a d'ailleurs engagé la conversation pendant le vol, surpris de ma faculté à prendre tout en photo. Le mot "aviation geek" lui permet tout de suite de comprendre mon activité et ne s'en étonnera guère.
Je lui demande s'il se rend également à Denver. Non, me déclare-t-il. Il rajoute que c'était le premier vol de ses sœurs qu'ils accompagnaient avec ses frères à un bal dans Dodge City. Et même si la discussion était sympathique, j'ai bien senti que leur rôle était d'éviter toute interaction de leurs soeurs avec la gent masculine (d'où le changement de siège). Je ne sais pas de quelle confession/secte ils faisaient partie, mais leur présence fait aussi partie de la réalité de cette amérique reculée…
La cabine se vide presque intégralement, sauf la dizaine de pax qui ont embarqué avec moi à Liberal.

Tandis qu'à l'extérieur, notre CRJ-200 s'abreuve pour le dernier tronçon à effectuer.

La suite au prochain épisode !

Merci pour votre lecture et à très bientôt !
Merci Cyrille pour ce nouveau récit plus que dépaysant (sans mauvais jeu de mot encore, quoique).
Pour me mettre un peu plus dans l’ambiance, j’ai été me « promener » dans les rues de Liberal grâce à Google Earth et Google Street. C’est une Amérique dont on parle assez peu et dont je n’ai jamais encore foulé le sol, me cantonnant pour l’instant aux deux côtes et un peu les terres.
J’ai beaucoup aimé la vidéo venteuse qui accentue le côté « seul au monde ».
Quelle chance d’avoir eu le même appareil mais avec une livrée différente.
Je ne connaissais pas cette compagnie et pourtant, quelle flotte !
Incroyable ces mœurs d’une partie des PAX. Nous sommes en 2024 ou quoi ?
Bons vols
Merci beaucoup Greg :)
Je suis bon public et j'approuve 😄
La visite virtuelle t'a peut-être montré plus d'habitants que dans ma visite réelle 😄
Et encore, en vidéo cela ne rend que la moitié de ce sont rugissant qui a régné quasiment non stop durant tout mon temps passé à Liberal. Avec la poussière dans les yeux et cet air archi-sec, il y avait un peu un côté "Monde d'après" aussi ^^
A voir le phénomène qui se représente au prochaines élections, faut croire qu'en 2024 tout est possible en terme de mœurs dans ce pays aussi attirant que foldingue...
A bientôt !
Merci pour ce super FR
Le rêve de photographe pour un peu d'Urbex. Accessible ?
Je dirai plutôt de la série les envahisseurs. Ambiance !
Parfois dans ce coin c'est plus l'accent que le vocabulaire. Et puis ce qui sauve c'est le fameux "That's not false" de notre ami Karadoc.
J'ai quelques idées. Il faut dire qu'aux USA, beaucoup de choses sont organisées par et autour de la paroisse. J'ai vécu à Alliance une expérience un peu similaire
A bientôt,
Merci beaucoup :)
Non pas accessible, le hangar est situé dans la zone réservée.
😂😂😂
À bientôt !
Alors ça c'est du lourd mon cher Cyrille !
Une livrée complète SkyWest c'est selon moi une "nouvelle entrée" dans sa plus grande expression et donc différente de United Express que tu as eu à l'aller. A ta place j'aurais carrément mis SkyWest au lieu de United Express dans l'onglet "compagnie" du FR.
La chance bien sûr de bénéficier d'une telle bonne surprise alors que c'est totalement imprévisible mais tu l'as bien méritée après cette journée tellement insolite, non sans risques d'aléas météo (imagine ton vol annulé et le plan B improbable qu'il t'aurait fallu dénicher pour retourner à Denver, Akivi en sait quelque chose...) et pour le moins singulière vu l'environnement, y compris humain, dans lequel tu as pu évoluer, parfois surprenant il faut bien le dire...
Bref, la juste récompense de ton audace de t'être aventuré par là-bas.
Merci pour le partage.
PS : concernant le CRJ-550, version du -700 à 50 sièges bi-classe, la manière la plus facile d'en attraper un est sur le réseau côte-est de UA Express, les avions étant opérés par GO JET.
Merci beaucoup cher Luc :)
En effet, j'ai eu une double chance : tomber sur cette rare livrée et pouvoir prendre mon vol malgré la météo. C'était vraiment le risque en effet, et j'avoue avoir bien serré les doigts (pas que les doigts d'ailleurs) pour que tout marche.
L'épineuse question de l'opérateur sur FR ne se serait pas posée si Skywest était présent dans la BDD, ce qui n'est pas le cas. Visiblement, tous les auteurs précédents ayant voyagé avec Skywest on mentionné leurs vols sous les marques commerciales UA Express, DL Connection etc... Vaut peut-être mieux continuer ainsi. C'est vraiment un cas particulier que cette compagnie qui vole pour plusieurs grandes marques.
J'en parle d'ailleurs dans le FR consacré à la journée du lendemain ; notamment pourquoi je n'ai pas tenté de prendre les rares Dornier 328J de Key Lime Air qui volaient principalement vers des aéroports isolés et montagneux. Choix un peu dur.
J'avais pris une marge de 2 jours off pour le Metroliner (soit pour pouvoir rentrer en cas de blocage à Alliance, soit pour pouvoir reporter les vols en cas d'annulation au départ de DEN).
Je n'avais plus de marge possible pour Liberal (mais j'ai tenté quand même), et j'ai donc joué la prudence pour la 3e et dernière journée avgeek, quitte à prendre du plus banal en type avion. Dans cette région et à cette époque, vaut mieux être prudent avec la météo.
Ce moment fut assez dur, mais il rappelle certaines mœurs préhistoriques qui prédominent dans les campagnes de ce pays pourtant ô combien moderne sur de nombreux plans.
Entre cette famille ultra-conservatrice croisée à Liberal et la famille ultra-généreuse qui ramena Akivi à bon port, on se dit que les habitants de ces grandes plaines sont à l'image des paysages et de la météo de ce pays : un contraste extrême permanent.
A bientôt !
Merci Cyrille pour ce FR.
Quel ambiance avec cette ville vide et ce vent.
Des mormons ou autres communautés vivant un siècle en arrière.
Magnifique et quelle chance.
Ah le genre de truc qui me fait dire que l'égalité H/F a encore un max de progrès à faire.
A bientôt
Merci beaucoup Valérie :)
Une bien triste réalité de ces endroits reculés. Mais c'est vraiment pire dans l'Utah voisin.
A bientôt !