Avis du vol entre Chişinău et Brussels en classe Affaires avec Air Moldova

6.1. Le Centre
La ville et son cœur sont structurés autour de l'Avenue Stefan cel Mare (auparavant Avenue Lénine), large, ombragée et très active:

Stalinkie style Renaissance Italienne:

Stalinkie d'autres styles:

Sans surprise, on y trouve quelques bâtiments officiels, comme celui de la Cour des Comptes:

Ministère de l'Intérieur:

L'Hôtel de Ville:

Siège central du Tribunal de District et d'autres institutions judiciaires du pays:

Le Théâtre National Dramatique:

Académie des Sciences de Moldavie, et Monument célébrant la libération de la ville de l'occupation germano-fasciste [en Roumain et en Russe]:

Sur la partie la plus au Sud de cet axe, les constructions relèvent d'une architecture plus récente, mais nettement moins soignée:

Siège de Moldtelecom:

Hotel National, le plus luxueux de la ville du temps de l'URSS et alors dénommé Hôtel Inturist, mais désormais abandonné et et piètre état. Rénovation prévue dans le cadre d'une transformation en logements privés, mais l'opération semble traîner quelque peu.

Le restaurant et le club fonctionnent encore:

Fontaine attenante en piteux état elle aussi:

Il y avait là un de ces magasins de luxe (d'Etat) où seules les devises occidentales étaient acceptées…
Un peu plus loin, mais toujours sur la grande avenue, on trouve cette grande barre, avec quelques bas-reliefs honorant des artistes (récents) du pays;

En face, on trouve aussi de l'art mi-soviétique mi-traditionnel:

Fresque mettant à l'honneur la vocation agricole du pays:

A proximité, la très belle Cathédrale Episcopale St Theodor Tiron, qui abrite également un monastère:

6.2. Secteur de Buiucani
Tout au Nord de l'Avenue se déploie assez logiquement un quartier officiel assez étendu, l'oeuvre la plus massive étant la Maison du Gouvernement, construite au milieu des Années 1960 pour abriter alors le Gouvernement de la RSS de Moldavie:

En face, l'Arc de Triomphe, construit pour commémorer la victoire de la Russie sur l'Empire Ottoman en 1829 et qui vit la restauration d'un état grec:

Derrière, on note le Parc de la Cathédrale et la Cathédrale de la Nativité, siège de l'Eglise Orthodoxe de Moldavie. Désaffectée et reconvertie en centre d'expositions du temps de la RSS de Moldavie, elle a été rendue au culte quelques années après son indépendance:

Plus au Nord, on tombe très logiquement sur le siège du Parlement, dont le bâtiment très typé abritait auparavant le Comité Central Moldave du PCUS:

Tout aussi logiquement en face, se dresse le bâtiment de la Présidence de la République, lequel servait auparavant de siège du Soviet Suprême de la RSS de Moldavie:

A côté, le Ministère de l'Agriculture et de l'Industrie Agroalimentaire, très stratégique en Moldavie:

Opéra-Ballet National de Moldavie:

Entre le Parlement et la Maison du Gouvernement, le Parc Stefan cel Mare (avec statue homonyme, et une autre de Pouchkine) apporte un peu de tranquillité:

Cathédrale de la Transfiguration, désaffectée du temps de l'URSS pour être reconvertie en planétarium, et rendue au culte après l'indépendance de la RSS de Moldavie:

6.3. Le secteur de Rîșcani
Plus à l'Est du Parc de la Cathédrale, on tombe sur le Ministère des Finances, installé dans cette stalinka

En face, Ministère de l'Environnement et Administration Fiscale de Moldavie:

A peine puis loin, le siège de la Banque Centrale de Moldavie, exemple très abouti du Modernisme Soviétique des Années 1960:

Un peu plus loin, l'Hôtel Turist, censé être le plus soviéto-kitsch de la ville, et sa fresque très typée. Hélas fermé, mais faites-moi confiance FRistes assidus, vous ne perdez rien rien pour attendre, promis^^^^

Mémorial aux Héros de la Jeunesse Communiste [en Roumain uniquement]:

Académie Nationale d'Economie:

On franchit la ligne Chisinau-Ungheni. A première vue, une ligne régionale, mais en fait, celle qui relie la Moldavie à sa grande sœur roumaine. Il fut un temps où elle était empruntée par des trains reliant Moscou et Kiev voire Leningrad à Bucarest, Sofia, Athènes, mais aussi Istanbul…

Au-delà, on tombe rapidement sur une autre grande institution soviétique, et que chaque capitale de RSS se devait d'avoir: le Cirque d'Etat. Celui de Moldavie, construit à la fin des Années Brezhnev, se trouve aujourd'hui à l'abandon, dans un piteux état, d'autant plus dommage que le bâtiment a été très soigné, avec son bas-relief honorant très logiquement les métiers du cirque:

6.4. Retour sur le Secteur de Buiucani
En revenant du côté de la Maison du Gouvernement, et en dépassant celle-ci en direction de l'Ouest, le quartier officiel continue. Entre autres avec le Palais National des Concerts:

Tout au bout, on arrive brusquement dans un quartier résidentiel fort cossu, et plus encore vu le niveau de vie moyen en Moldavie:

Au delà de ce quartier officiel à l'Ouest, on tombe sur une cascade réputée romantique et qui plonge dans un lac…

…et tellement romantique que les jeunes mariés aiment venir s'y faire photographier:

Et vive la mariée!!!^^^^

Le lac constitue une petite oasis de repos et de fraîcheur au milieu de l'agitation urbaine:

Tout au bout du lac, on tombe sur Moldexpo, centre d'expositions destiné à promouvoir l'économie nationale, et qui avait été crée au milieu des années 1950 comme une exposition agricole permanente, avant d'être élevée au rang d'exposition sur les réalisations de l'économie nationale, comme le VDNKh de Moscou ou Kiev, mais avec une infrastructure beaucoup plus sommaire:

La statue de Lénine n'est pas d'origine, mais a été ramenée depuis la place située devant la Maison du Gouvernement. Mais le plus intéressant dans ce coin-là, c'est ce qui est situé derrière: un Tableau d'Honneur, autre institution soviétique classique, où les travailleurs les plus méritants étaient cités (avec photos) comme exemple à suivre pour leurs autres camarades, en application du principe d’Émulation Socialiste:

Le tableau a hélas été vidé de son contenu, mais reste intéressant d'un point de vue linguistique, avec bien évidemment une version en Russe ("Doska Pocheta")…

…mais aussi en langue Roumaine en alphabet cyrillique et non latin ("Tabla de Onoare"):

2 bas-reliefs rendent hommage à la vocation agricole de l'ancienne RSS de Moldavie:

Ce même quartier présente aussi 2 atouts de taille: la présence de bâtiments ayant survécu à la dernière guerre mondiale, et souvent de style impérial Russe…

…et des rues souvent bordées de platanes, ce qui donne pas mal d'ombre en Été, mais aussi contribue à renforcer cette touche méridionale propre à la Moldavie, ou comme un petit air de Sud de la France:

On y trouve plusieurs institutions d’enseignement, dont l'Université d'Etat de Moldavie:

Musée d'Histoire de la ville attenant, en style Art-Déco, et qui me fait penser à un poste d'aiguillage des Années 1930 ;-)

En face, Centre culturel US et bureau local de l'OSCE:

Plus surprenant, et plus émouvant, on trouve aussi dans ce quartier le Lycée Théorique Roumain-Français "Georghe Asachi", fondé sous la période Tsariste en vue de promouvoir la culture Française (et Roumaine) parmi l'élite locale, et qui a formé de grands noms de cette marche de l'Empire Russe puis Soviétique, mais aussi de Roumanie:

Ce Vendredi 1er Septembre 2017, c'est jour de rentrée des classes, et le parvis est très animé. On remarque que pas mal de personnes ont une fleur en main (c'est même beaucoup plus visible en vrai que sur cette photo), un grand classique de cette région du Monde. Dans le Monde Russe, le jour de la rentrée des classes annuelle, il est en effet d'usage de faire cadeau d'une fleur à son institutrice ou à sa professeure principale (le corps enseignant en ex-URSS étant encore plus féminisé que sous nos latitudes occidentales…), en promettant travail assidu et bonnes notes^^^^ Chisinau n'est pas stricto sensu dans le Monde Russe, mais cette tradition a survécu à la fin de la tutelle moscovite…

A côté, jouxtant le parvis du Lycée, on aperçoit la Cathédrale St-Théodore de Silha (Orthodoxe):

Encore plus inattendu sous nos latitudes laïcardes, pas mal d'enseignants, parents et lycéens en sortent juste avant le début officiel de la rentrée. Il semble y avoir eu une "Messe de rentrée".
En face, petit monument consacré à Onisifor Ghibu, enseignant et intellectuel qui œuvra pour la Grande Roumanie, et à son fils Octavian:

A proximité, la Librăria din Hol dont l’architecture sent à plein nez le Fonctionnalisme Soviétique des Années 1960:

Le Théâtre Lyrique situé juste derrière est du même moule:

Cette Stalinka ouverte en 1961 abrite la Bibliothèque Nationale de Moldavie:

Siège de la Moldinconbank, lui aussi très typé:

Architecture plus ancienne et plus traductionnelle, avec ce petit palais qui héberge le Musée National d'Art:

Eglise St Pantelimon à côté:

6.5 le Musée d'Histoire Nationale
Dans le même coin, on peut également visiter le Musée d'Histoire Nationale:

A l'entrée, on remarque cette copie de la Louve Capitoline, allusion à la Louve romaine allaitant Rémus et Romulus. En vue de flatter la latinité de la Roumanie des Années 1900 puis de la Grande Roumanie de l'entre-deux guerres, l'Italie avait offert plusieurs copies de son chef d'oeuvre à la Roumanie, dont une avait été installée à Chisinau en 1921. Détruite au moment au moment de la 1ère occupation soviétique en 1940-1941 car trop connotée "Fascisme Italien", elle a été remplacée par une nouvelle copie en 1990, 1 an avant la disparition de l'URSS.
"De la Rome nous venons, de la Dacie trajane":

Spectacle émouvant que ce symbole de la Romanité, à 1400 km de la Ville Éternelle et plus encore sur une terre anciennement soviétique, historiquement et religieusement très liée à la Russie ;-)
Le hall a style très soviétique assez martial, sans surprise:

Le contenu du Musée pour les périodes les plus anciennes est assez quelconque, mais les salles ont un style intéressant:

Grand classique de ce genre de musée, la propagande soviétique ;-)
"Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous!
Année
de la Dictature du Prolétariat
Octobre 1917 - Octobre 1918":

"Le pouvoir du blé/pain
Le parasite Kulak
et à moi quel marché jusqu'à/avant la faim?":

"Va au Kolkhoze [et le verbe de mouvement "aller à pied" choisi est déterminé - Idit' et pas indéterminé Khodit'. En clair, on va au kolkhoze une seule fois, en aller simple, et pas en aller-retours habituels ;-) ]
"Donnons au Kulak une résistance fraternelle
Organisons le parc à bétail collectif
Il fait du mal aux travailleurs et aux paysans, celui-là
qui brade et découpe le bétail
Avec tout l'inventaire au Kolkhoze engage-toi
Ne découpes pas ton bétail ni ne le brade":

"Ainsi en sera-t-il
avec la bête fasciste":

"L'Europe
sera libre":

Le clou du musée, c'est son énorme Diorama, fruit de 8 ans de travail, représentant l'offensive Iasi-Chisinau de l'Armée Rouge en Août 1944:

En bordure du musée, on trouve même un hélicoptère:

6.6 le Mémorial Eternitate
Impossible non plus pour moi de visiter une ancienne capitale de RSS sans aller voir son grand lieu de mémoire consacré à la Grande Guerre Patriotique, et à Chisinau, le site Eternitate est plutôt généreusement aménagé:

Entrée signalée en Russe et en Roumain, mais même dans la version Russe, Eternitate n'est pas traduit:

Le complexe inclut un petit mémorial consacré aux 19 Héros de l'Union Soviétique locaux, chacun ayant une stèle commémorative:

[En Roumain et en Russe]:
"Pour l'héroïsme, manifesté sur les fronts
de la Seconde Guerre Mondiale
19 de nos compatriotes
ont reçu la distinction de Héros de l'Union Soviétique
et 4 récompenses
des ordres de la Gloire des 3 degrés":

6 énormes bas-relief retracent l'effort de guerre jusqu'à la Victoire:

Cette structure en arrêtes est assez impressionnante et d'un type peu courant:

Flamme du Soldat Inconnu en dessous:

Chacune des 5 arrêtes comporte des inscriptions en Russe d'un côté, en Roumain de l'autre, toutes différentes…
"Eternel [est] votre sacrifice
dans les coeurs
des générations
suivantes":

"Personne ne connaît votre nom, seulement le marbre pour l'écrire":

"Nous nous inclinons
pour ce grand combat-là
avec le monde entier
avec le peuple entier
avec toute la terre":

"le courrier arrive
pour lui combien,
et lui demande,
mais les soldats
gardent le silence":

"Personne n'est oublié
Quelque chose n'est pas oublié":

"C'était la guerre.
Son écho
et maintenant
est toujours vivant":

"Le Jour de la Victoire
Comme il était
de vous éloigné.":

"votre gloire allume
la haute torche
de la douleur
et de la joie":

"Héros!
Reposez-en paix!
L'aube a commencé
[et] éclaire éternellement les pivoines":

"Vous êtes notre chagrin
et [notre] mémoire éternelle":

En marge du lieu de transcendance soviétique, un lieu de transcendance chrétienne a été aménagé sur le site, après la fin de l'URSS, mais en mémoire d'un autre conflit, post-soviétique celui-là, et qui impliqua la Moldavie devenue indépendante et alors désireuse de se réunifier à la Roumanie:

6.7. Autres ambiances
De retour en centre-ville, on peut aller jauger d'une ambiance assez typique en gare routière centrale, noyée au milieu d'un marché qui confine au bazar, et envahie de marshrutka:

Le hall comporte une très belle fresque, très typée :-)

Mais en plus des 4 gares routières officielles, on trouve aussi des gares routières "sauvages", d'où partent des services d'autocar tout aussi "sauvages", comme ce Chisinau-Paris en une petite quarantaine d'heures, sur le point de quitter la ville juste à côté du site de l'ancien Cirque d'Etat:

Mais on peut aussi tomber sur des modes de transport TRES longue distance encore plus insolites, encore plus inattendus, tels que ceux sur ces affichettes de publicité "sauvage" collées sur des abribus de lignes urbaines. Des candidats au voyage? ^^^^

Là aussi, un petit goût de "Far West européen"^^
On trouve aussi pas mal de chiens errants dans la ville, comme en Roumanie:

6.8. En périphérie
Enfin, Chisinau, c'est aussi tout un tas de quartiers périphériques, construits assez tardivement dans les Années 1970, et dont les images alimentaient les campagnes de propagande soviétique de l'époque, avec des grands ensembles alors très pimpants, mais moins à présent:

Depuis le Trolleybus qui descend le Boulevard Dacia, on aperçoit la Tour Romanita:

Mais au bout du Boulevard Dacia, on trouve encore mieux, avec cet ensemble dénommé les Portes de la Ville (Porţile Oraşului):

6.9. Hôtel de cachet
Passons à présent aux hôtels: l'intérêt de ce genre de destination, c'est d'offrir autre chose que notre quotidien occidental, et c'est bien dans cet état d'esprit que je baroude là-bas. Donc j'évite autant que possible les hôtels de chaînes internationales, et plus encore s'il existe des hôtels couleur locale de standard au moins correct.
Au début de mon séjour à Chisinau, j'ai opté pour l'hôtel Cosmos, situé à l'extrêmité de l'Avenue Stefan cel Mare, non loin de la gare, et construit dans les Années 1970:

Les fauteuils de la réception me font penser un peu à ceux du salon international de LED avant rénovation^^^^

Sans surprise aucune, on y trouve une boutique de souvenirs…

…un casino…

…mais de manière beaucoup plus inattendue, un bureau de traduction…

…et un service de location de scooters:

La zone des ascenseurs et elle aussi très typée…

…tout comme les ascenseurs eux-mêmes:

Chambre dans son jus soviétique:

Téléphone qui semble sorti tout droit d'un vieux film d'espionnage. Normal, il a été fabriqué en Allemagne de l'Est ;-)

Vue dégagée:

Restaurant tout aussi daté:

Petite déjeuner avec mini-crêpes fourrées au fromage aigre, comme en Roumanie, et qui vont aussi bien avec du salé…

…que du sucré ;-)

Le séjour s'est ensuite poursuivi à l'Hôtel Chisinau, tout proche, et construit quand à lui dans les Années 1950, dans un style stalinien impérial:

Le hall est assez martial…

…et ses lustres sont les mêmes que ceux installés dans les stations du métro moscovite construites sous Staline ;-)

Escalier et couloirs sont du même acabit:

Ascenseur là aussi bien type:

Chambre un peu datée, mais très correcte:

En parlant de station de Métro, ce coin de la salle de bains me fait penser à celles du réseau parisien, mais en bien bien bien plus propre ;-)

Le lavabo, lui, nous ramène pas mal de décennies en arrière:

Hommage à la vocation viticole du pays, le restaurant est organisé et décoré comme une cave:

Pas de buffet petit-déjeuner dans cet hôtel, il faut choisir entre plusieurs formules, pas très variées, mais vu le prix très faible de la chambre et toute l'offre culinaire en ville, rien de rédhibitoire:

Salade moldave, très rafraîchissante:

Purée d'aubergines accompagnée de poivrons marinés, comme en Roumanie. On note l'aneth, en quantité généreuse, mais disposé à part, où l'art de l'équilibre entre Grande Roumanie et Monde Russe^^^

Feuilles de vignes farcies, héritage du Monde Gréco-Byzantin et Ottoman, avec toutefois une double touche Russe. Outre l'aneth, on note aussi la smetana (à part)::

Tarte feuilletée au fromage de chèvre, comme en Roumanie:

Comme en Roumanie également, on trouve aussi et surtout cette polenta de maïs accompagnée d'une fricassée de poulet très goûteuse:

En dessert, ce château de crêpes roulées aux cerises et garnies de crème vanille fera le bonheur des plus gourmands^^^^

Ces plats ont été savourés dans des restaurants de la chaine Le Placinte, qui propose une large gamme de plats locaux, préparés avec des ingrédients de qualité. Comme dans le Monde Russe, on trouve aussi ces cantines en auto-service ou stalovaya, où l'on peut consommer des plats simples mais copieux, et là aussi de bonne qualité, sans attente. Ici, les 2 portions de légumes sont d'inspiration roumaine, mais la viande, elle, est d'inspiration russe ;-)

On note aussi les 2 verres de Kompot, breuvage commun à la quasi totalité de l'Europe Centrale et Orientale et du Monde Russe.
On retrouve aussi la tradition russe des blinchiki, crêpes épaisses et fourrées, salées…

…ou sucrées ;-)

Et là non plus, impossible de résister à la tentation de savourer un peu de gastronomie géorgienne, avec ce khatchapuri aussi classique que goûteux…

…ce chien chaud version géorgienne…

…et cette limonade aromatisée (gruzinskiï buket) à la canneberge:

En début de matinée, trajet en taxi pour rejoindre la gare routière Sud, d'où partent de nombreuses lignes de marshrutka (minibus)

C'est parti pour 2 bonnes heures de parcours cahoteux. Le minibus est plein:

Les paysages vont alterner champs de maïs et vignobles, là encore une impression de "Far West européen", même si on se croirait parfois au fin fond de l'Armagnac^^^^:

Quelques villages le plus souvent effleurés plutôt que traversés, et qui semblent bien calme, mais il y aura quelques descentes et montées dans ces localités. Dès que l'on quitte l'axe principal, souvent l'asphalte disparaît:

Arrêt de 10min à Cimișlia, dans une petite gare routière, aux toilettes absolument immondes, pire que ce que j'ai pu voir en RPDC :-(

Arrivée à destination, à Comrat, capitale de la Gagaouzie:

La Gagaouzie, c'est un territoire assez réduit, mais très particulier, et typique du genres de cocktails et embrouillamini que l'on peut trouver dans l'ancien espace soviétique.
Un territoire logiquement peuplé de Gagaouzes, une ethnie turque et turcophone, comme il en y a d'autres dans le Caucase ou en Asie Centrale, mais qui dans ce cas-ci n'est pas de religion musulmane, mais chrétienne orthodoxe. Une Nationalité reconnue comme telle à chaque Grand Recensement Soviétique (le dernier, tenu en 1978, reconnaissait 104 nationalités différentes)
Lorsque la décomposition de l'URSS a commencé à atteindre le stade où la RSS de Moldavie envisageait de larguer les amarres avec Moscou, les Gagaouzes ont affirmé leurs revendications culturelles et politiques, et ont été à deux doigts de faire sécession violemment pour se rattacher à la RSFR devenue Fédération de Russie.
Donc une ethnie Turque, parlant un idiome apparenté au Turc, de religion Orthodoxe, russophile et pro-Russe, compliqué hein? ^^^^
Aujourd'hui, la Gagaouzie forme une (petite) région autonome, à part au sein de la Moldavie, et il y règne une ambiance particulière.
Le maire de la ville, Sergeï Anastasov, accueille ainsi le visiteur, en Gagaouze, Roumain et Russe
"Chers amis! Je vous souhaite la bienvenue dans la ville!
De la paix, de la bonté et bien-être !
Avec respect, ":

Le Roumain n'est présent que comme langue administrative. Dans les faits, la langue usuelle à Comrat est le Russe, à l'écrit comme à l'oral, et hors vie publique, les panneaux et publicités sont exclusivement en Russe.
Le Gagaouze est un peu pratiqué à Comrat, mais il faut se rendre dans les villages pour le voir plus largement utilisé. Dans la vie publique, il est transcrit en alphabet latin, mais en dehors de celle-ci, il est le plus souvent transcrit en alphabet cyrillique, compliqué hein? ^^^^
La Gagaouzie a ses propres armoiries, créées dans le plus pur style soviétique avec les gerbes (mais sans marteau ni faucille)

La ville de 20.000 habitants environ s'étire fortement du Nord au Sud le long de la Rue Lénine, assez tranquille:

Sur cette même rue, quelques contrastes architecturaux, avec ces Khrushchyokie se reflétant dans ce bâtiment moderne:

Même dans la capitale, dès que l'on quitte l'axe principal, on se retrouve souvent sur des rues non revêtues, et fort calmes:

Dans sa partie Nord, près de la gare routière, la Rue Kotovski parallèle est paradoxalement plus animée et sert de Bazaar avec pas mal de petits commerces, et une ambiance plus orientale, accentuée par les travaux en cours ;-)

Au cœur de cette ville à l'ambiance de village, on tombe sur le Parc Central:

Une stèle en Russe (à droite) et en Gagaouze (à gauche, et là aussi en alphabet cyrillique) a été érigée en Août 1989 pour commémorer le Bicentenaire de la ville ("Komrat ville crée en 1789"):

A côté la Cathédrale orthodoxe St-Jean Baptiste, toute pimpante:

De l'autre côté de la Rue Lénine, on distingue cette Allée de la Gloire Gagaouze:

Construite à la fin des Années 1990, donc après la disparition de l'URSS, elle reprend néanmoins les principes directeurs de cette institution soviétique, mais mise ici au service de la Cause Gagaouze, avec les bustes de différentes personnalités ayant œuvré pour celle-ci.
Outre des personnalités locales, on note des poids lourds du monde Turcophone, comme Suleyman Demirel (Président de la République Turque de 1993 à 2000), Heydar Aliev (Président de la République d’Azerbaïdjan de 1993 à 2003) et Nursultan Nazerbaev (Président depuis 1990 de la RSS du Kazakhstan devenue indépendante 1 an plus tard):

Un buste de Pouchkine rappelle quant à lui la fidélité au Monde Russe:

En haut de cet endroit se trouve l'Université d'Etat de Comrat (500 étudiants environ), et qui a joué un grand rôle dans l'émancipation gagaouze, même si les cours y sont surtout dispensés…en Russe:

[En Russe]:
"Ici est érigée
une plaque commémorative
en l'honneur du sacrifice
du peuple gagaouze
dans la lutte pour son
autodétermination
dans le cadres des 25 ans
de la République Gagaouze":

Un peu plus au Sud, sur la Rue Lénine, on tombe très vite sur le bâtiment de l'Administration Centrale de Gagaouzie:

Statue de Lénine sur le parvis:

Centre culturel à côté:

En face, on est attiré par les couleurs nationales turques arborées par ce bâtiment, qui abrite la Bibliothèque Turcophone Mustafa Kemal:

Toujours sur la Rue Lénine, un autre monument post-soviétique a été érigé.
[En Russe]:
"Aux victimes des répressions politiques":

Plus significatif est le Monument, tout proche, consacré aux combattants de la Guerre d'Afghanistan:

[En Russe]:
"Afghanistan!
Là bas [pendant] 9 ans furent les soldats engagés
La guerre à tous leur apporta beaucoup de malheur
De ces gars nous n'avons rien su
Ils demeureront des héros pour toujours":

Le Musée d'Histoire Gagaouze se trouve à côté, mais était malheureusement fermé :-(

Impossible de mettre les pieds en Gagaouzie sans faire honneur à la gastronomie locale. Et voici donc un feuilleté au fromage très proche des börekler que l'on trouve en Turquie, accompagné de sauce ajika de Géorgie, mais que l'on trouve aussi en Turquie:

9. Trajet d'approche
On reprend donc le film en mode marche arrière, à Odessa justement.
Cette gare est vraiment impressionnante avec sa grande coupole et son bâtiment massif, je ne m'en lasserai jamais:

L'intérieur est tout aussi majestueux:

Le voyage reprend son cours sur le quai tout à gauche de la gare:

Train Odessa-Chisinau, liaison exploitée par les Chemins de fer de Moldavie CFM, avec le support technique (traction et régulation) des UZ sur le parcours ukrainien.
Un trajet de 189 km qui demande 4h56min, dont un arrêt de 40min à la frontière Ukraine-Moldavie, très lent donc.

Pratique quasi-uniforme sur les trains grandes lignes en ex-URSS, il y a un provodnik (Moldave dans ce cas-ci) pour chaque voiture du train, qui en contrôle l'accès (billet + passeport). Je commence la conversation en Russe, mais à la vue de mon passeport, il passe d'office au Français avec un grand sourire, et note avec intérêt la destination inscrite sur mon billet. La francophilie moldave n'est vraiment pas une légende urbaine.
A bord, c'est de la 3ème classe diurne, à base de banquettes basses en bois, avec 3+2 places de front. Sur certains réseaux issus de l'éclatement des anciens SZhD il y a un quart de siècle, ce type de "confort" est vendu comme de la 4ème classe, à des fins de différenciation avec la 3ème classe nocturne

Qui sait, peut-être qu'un jour Ryanair aménagera ses cabines avec quelque chose de ce genre ;-)

Un bar a été aménagé en bout d'une des voitures, dont les banquettes disposent du luxe d'être légèrement rembourrées:

Le bar sera rapidement dévalisé. Point de surprise quand on sait que le train n'est pas climatisé et a stationné toute l'après midi en plein soleil (le convoi fait l'aller-retour Chisinau-Odessa-Chisinau dans la journée. Le train est plein, avec une écrasante majorité de Moldaves (venus passer quelques jours de vacances à Odessa), et quelques Ukrainiens et Russes. Mon Provodnik, qui m'a pris sous son aile, me confie qu'il ne voit que très rarement des Occidentaux sur ce train et encore moins fréquemment pour la destination inscrite sur mon billet.
Au départ d'Odessa, on va rapidement passer en zone rurale, sur le tronc commun vers Kiev et L'vov:

On quitte ce même tronc commun au bout de 1h et 73 km, à Razdel'naya-1, et on met le cap sur la Moldavie:

Le train semble se diriger vers le bout du monde, dans une campagne bien vide et à moitié abandonnée:

Après 13km et 21min de parcours depuis Razdel'naya-1, on arrive à Kuchurgan, petit village, et dont la gare semble plus grande que l'agglomération:

La gare est en effet assez étendue, mais semble endormie, voire à moitié abandonnée:

Pendant ce long arrêt (40min), la locomotive électrique UZ et son conducteur cèdent la place à une locomotive diesel et à un conducteur CFM. Les gardes-frontières ukrainiens passeront dans la totalité du train pour effectuer le contrôle de sortie et apposer le tampon de départ.
Le train finit par repartir, à vitesse très réduite, ce qui permet de faire quelques dernières vues d''Ukraine:

La Moldavie est déjà en vue au loin, et on distingue cette centrale thermique (GRES Moldova) située peu après la frontière:

Franchissement de la frontière, juste à gauche de ce bassin en contrebas de la voie…

…mais après avoir franchi celui-ci, la frontière devient parallèle au tracé ferroviaire (elle passe entre zone cultivée - Ukraine, et friches en contrebas de la voie - Moldavie):

Le train gagne un peu de vitesse (60-70 km/h à vue de nez) peu après son entrée en Moldavie:

On note aussi ces poteaux caténaires en béton…dépourvus de caténaire.
Ma destination du jour approche, et sera atteinte au bout de 34km de trajet depuis la gare-frontière, effectués en 34 min:

Cette destination, appelons-là pour le moment la ville-mystère numéro 1
10. Excursion à la Centrale Moldova GRES
Voyons un peu à quoi ressemblent cette centrale thermique et ses environs, aperçus depuis le trajet en train peu après le franchissement de la frontière Ukraine-Moldavie.
Tour-opérateur local, et petit groupe à bord d'un monospace, sur des routes qui ont des airs de Sud-Ouest de la France il y a 30-40 ans…

Mais là-bas à cette époque il n'y avait pas de bétail divaguant sur la chaussée (mais en Corse oui ^^^^):

Au bout d'une vingtaine de minutes de trajet depuis la ville-mystère numéro 1, on arrive dans une ville créée ex nihilo dans les Années 1960 afin de construire puis d'exploiter la centrale thermique, une sorte de petit Pripyat' local, mais sans catastrophe fort heureusement, et au style néanmoins tout à fait comparable:

Construite sans aucun lieu de culte à l'origine pour ne pas entraver le bon épanouissement de l'Homo Sovieticus ("Homme sans dieu, Homme nouveau"…), cette petite ville a connu quelques constructions d'églises dans les années qui suivirent la disparition de l'URSS, comme celle-ci logiquement consacrée à St-Cyrille et Méthode:

Les intérieurs sont très colorés:

Place devant l'Hôtel de Ville, avec son buste habituel:

En face, bibliothèque municipale, où la bienvenue est souhaitée en 3 langues: Moldave à gauche (et en alphabet cyrillique), Russe au milieu et Ukrainien à droite:

Au bout de cette rue fort et agréablement ombragée, on tombe sur la Maison de la Culture Energetik (tiens tiens, celle de Pripyat' s’appelle aussi comme ça ;-)

De chaque côté de cet édifice, on peut encore admirer 2 très belles fresques toutes de Réalisme Socialiste conçues, dont la énième déclinaison du grand classique de l'ouvrier (venu construire la centrale - tout de suite - et le Socialisme - encore et toujours) qui rencontre la kolkhozienne du terroir local [Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup de petits Komsomolski?]^^^^^:

L'autre fresque résume les différentes activités disponibles dans ce centre:

En face, de l'autre côté de la place, se dresse le Monument "Prométhée", là encore un grand classique de l'idéologie soviétique, où l'"Homme Nouveau" se devait de maîtriser et dominer les éléments, en droite ligne du Matérialisme Dialectique du Marxisme-Léninisme:

Entrée de la centrale, pas possible de photographier au-delà:

Mais à proximité, depuis la plage du Lac Kuchurgan, on peut quand-même fixer la bête:

Plage agréable, l'Ukraine est située sur l'autre rive:

Sans surprise, un autre grand classique soviétique se retrouve à côté: le Sanatorium:

11. Trajet de continuation
Après 2 jours d'arrêt et de visite dans la ville-mystère numéro 1, départ vers Chisinau. J'aurais pu cette fois choisir un des nombreux services d'autocars ou de minibus (marshrutka) qui parcourent cet axe à cadence élevée. Mais je souhaitais continuer sur ma lancée ferroviaire, tant l'ambiance des trains au long cours en ex-URSS est particulière.
Et en parlant de train au long cours, il y en a justement un qui passe en fin d'après-midi dans cette ville mystère, pour arriver à Chisinau en début de soirée. Un train qui part de Moscou la veille sur le coup de 16h, traverse la frontière Russie-Ukraine vers 1h du matin, passe à Kiev 4h plus tard, et achève son long parcours à Chisinau sur le coup de 19h30, au bout d'un peu plus de 29h de trajet.
Et pour emprunter ce train, ce n'est pas au guichet des CFM qu'il faut acheter son billet, mais à celui tenu par les chemins de fer russes (RZhD) dans la gare de la ville-mystère numéro 1):

Le train (composé de matériel voyageurs russe tiré par locomotive diesel ukrainienne) arrive légèrement en avance…

…et les minutes d'avance rajoutées obligatoirement à la durée de l'arrêt ne seront pas de trop, car il y a pas mal de voyageurs qui descendent, avec beaucoup de beaucoup de bagages, au point que le quai, déjà bien rempli par les familles élargies venant attendre leurs voyageurs à l'arrivée, prennent des airs de petit bazar. Une ambiance de voyage à l'ancienne, comme sous nos latitudes dans les Années 1940-1960:

Il y en effet pas mal de Moldaves qui sont partis travailler également en Fédération de Russie et en Ukraine, suite à l'effondrement économique du pays.
Contrôle (billet+passeport) au pied de la porte de la voiture où ma place est réservée, effectué par la Provodnista (russe). Elle a beau avoir été mise au courant de ma montée dans cette gare en prenant connaissance du schéma de placement de sa voiture peu avant le départ de Moscou la veille, elle me fait part de son étonnement de voir un voyageur sur ce parcours terminal, vu que la marshrutka est plus rapide. Et à la vue de mon passeport, elle en tombe presque à la renverse :-D
Sur ce train-là, point de 1ère classe ou Lyuks (voir link)
Que de la 2nde classe ou Kupe (un peu, voir link) et de la 3ème classe (nocturne) ou Platskartnyï (beaucoup).
Cette fois-ci, je me devais donc de tester la 3ème classe, et vous la présenter ;-)
Ça se présente d'un côté avec des compartiments de 4 couchettes (assez dures et dont les 2 du haut sont relevables en utilisation diurne) mais ouverts sur le couloir latéral…

…lequel couloir latéral n'est plus tout à fait latéral, car de l'autre côté de celui-ci, en face de chaque compartiment ouvert à 4, on trouve des alcôves ouvertes de 2 couchettes superposées (celle du haut étant aussi relevable), disposées cette fois dans le sens de la longueur:

En mode nocturne, la couchette du bas est crée en retournant puis en abaissant la tablette.
Aperçu d'ensemble, un dortoir haute densité en fait, permise par la grande largeur dégagée par le gabarit russe:

Ça peut sembler fort spartiate, mais en mode nocturne, il y a une literie assez complète, avec surmatelas. Cette classe de voyage remonte à la Russie Tsariste, et a bien évidemment été maintenue et développée sous l'URSS, comme moyen de voyage économique mais dans des conditions de confort correctes même sur des longue distances, vu que même les petits budgets peuvent voyager ainsi couché plutôt que assis dans un bloc de de 2, 3 ou 4 sièges avec un pas de 81-84cm^^^^ Cette classe, longtemps surnommée "Couché dur" par opposition au "Couché mou" (1ère et 2ème classe) a été exportée après-guerre en Mongolie, Chine Populaire, (Nord) Vietnam et RPDC.
Certes, l'aspect assez spartiate et l'ambiance austère ont de quoi faire sourire un Occidental habitué à son confort et à son vernis de bling-bling, mais imaginez le séisme si une compagnie aérienne arrivait à maintenir les densités en Classe Economique sur appareils long-courriers avec une aménagement de ce genre (mais avec ambiances plus modernes bien sûr :-D
Le départ de la ville mystère numéro 1 est plutôt poussif, et permet quelques vues:

On distingue aussi ce stade de football très coloré à la sortie de la ville:

A peine est-on passé en zone rurale qu'une nouvelle ville approche, avec franchissement d'un cours d'eau assez important:

Peu après, le train marque un arrêt assez court dans une autre gare-mystère, d'une autre ville-mystère, appelons-la la ville mystère numéro 2:

Cette même gare, j'ai pu la fixer la veille, lors d'une brève mais très instructive visite de la ville mystère numéro 2. Gare qui était complètement déserte à ce moment-là, pour ne pas dire fantôme, sans personnel visible ni un même seul guichet ouvert:

Mais depuis le train un jour plus tard, j'aperçois des gardes-frontière en uniforme gris sur le quai, surveillant le passage du train à distance, sans monter dedans. Et en bout de quai, quelques agents de police en uniforme noir Moldave sortent également d'une cabane pour surveiller le départ du train direction Chisinau, mais là non plus sans interférer le moins du monde avec le flux en transit… Pays-fantôme encore une fois…
Quelques vues de la ville-mystère numéro 2 faites également la veille: a priori il s'agit d'une ville très typée soviétique, sans grand intérêt, et pourtant…

Une fois la ville-mystère numéro 2 dépassée, on se retrouve dans un environnement très rural, où domine une certain impression d'abandon, qui contraste avec l'activité relative observée dans ce bout de Moldavie depuis le passage de la frontière ukrainienne:

On aperçoit aussi du bétail divaguant en liberté le long de la voie ou des routes environnantes:

Cette campagne parfois très vide, ce bétail en liberté et ces champs de maïs à perte de vue me rappellent assez la RPDC, mais la comparaison a ses limites: ici point de propagande et monuments juche, mais une une présence religieuse plus classique:

Les villages se font plus rapprochés à mesure que Chisinau approche, mais ceux-ci semblent bien calmes:

A mi-parcours, le train marque un arrêt commercial de 50min, où la locomotive UZ et son conducteur sont remplacés par homologues CFM. Un officier de police, mais sans allure de garde-frontière, monte à bord et regarde rapidement les passeports, sans y apposer le moindre tampon. Frontière à géométrie variable?

A mesure que l'on se rapproche de Chisinau, les usines se font plus nombreuses, mais toutes semblent avoir succombé à l'effondrement économique du pays au début des Années 1990, vu qu'il n'en reste apparemment que des friches:

L'impression se confirme lorsque l'on passe le long d'installations ferroviaires destinées au fret, largement à l'abandon:

A l'approche de Chisinau, on peut noter d'anciens autorails construits par Ganz-mavag en Hongrie:

Certains ont été rénovés il y a peu en Roumanie, enfin une touche de modernité sur les rails de Moldavie ,-)

Les abords de Chisinau permettent de fixer un grand classique de l'ex-URSS: les tuyaux de chauffage à ciel ouvert, ou comment gaspiller le gaz russe que l'on a déjà bien du mal à payer :-(((

Chisinau, gare terminus!

12. Nouveau trajet, en sens inverse cette fois: quand on aime, on se ressert^^^^
Après quelques jours passés à Chisinau et alentour à m'aventurer brièvement en Gagaouzie, un événement officiel de la plus haute importance me conduit tout naturellement à remettre le cap du côté de la frontière ukrainienne, dans la ville-mystère numéro 1
Vu l'horaire, c'est à nouveau avec le train Chisinau-Odessa que je vais repartir, en début de matinée. Billet acheté la veille, et émis cette fois-ci par les CFM:

Petite balade dans cette belle gare de Chisinau, au style très local:

On note le mot "gare" en haut du fronton, en Roumain et en Russe.
Pratique, il y a des tableaux fixes de part et d'autre de l'entrée, reprenant les départs et arrivées du jours. Pas énorme, et là aussi, la chute par rapport aux dernières années de la RSS de Moldavie a été brutale:

Sans surprise, l’ensemble des Départs du Jour tient sur le tableau électronique, pas besoin d'effacer et de repositionner les lignes^^^

Côté voies, on en fait vite le tour: pour la gare d'une capitale de RSS, c'est pas très grand. Mais la Moldavie est elle-même la plus petites des anciennes RSS, et très périphérique, et avec un voisinage balkanique au potentiel de trafic beaucoup plus faible que celui que la RDA et la Pologne généraient sur l'axe Brest-Minsk-Moscou:

En bout de quai, l’œil est attiré par cette locomotive à vapeur, construite par les Ateliers Staline de Poznan en 1950, et installée ici en Juillet 2004 en l'honneur des vétérans de la Grande Guerre patriotique et de l'effort [de guerre] du nœud ferroviaire de Chisinau:

Plus émouvant encore, ce panneau qui vante une modernisation du réseau ferroviaire de Moldavie reprend ici un modèle d'autorail circulant…en Corse et sur Nice-Digne. Décidément, la fibre francophile moldave vaut aussi pour le Chemin de Fer Français, même en écartement métrique dans ce pays d'écartement russe^^^^

Mais embarquons à présent dans mon Train Chisinau=>Odessa ce Samedi 2 Septembre au matin. Ça commence bien, l'accès direct au quai 1 (ou est stationné le train) depuis le Hall est verrouillé. des panneaux dans le hall invitent le voyageur à se diriger vers l'aile gauche du bâtiment:

Et là une fonctionnaire des douanes et de police me demande mon passeport et mon billet et si je transporte de grosses sommes d'argent. Après examen de mes documents de voyages, elle me parle en elle aussi en Français (la conversation avait commencé en Russe) et s'étonne elle aussi de me voir sur ce train et plus encore sur cette destination…
Le train est bel et bien à quai:

A peine parvenu sur le quai, le Provodnik de la voiture 003 (où j'avais voyagé de Odessa à la ville-mystère numéro 1 6 jours plus tôt) m'aperçois, me reconnais et me salue cordialement. Cette fois-ci, je voyage en voiture 004, et un peu attristé, il s'empresse de me recommander auprès de son collègue qui va m'accueillir. Sans rien demander, me voila devenu star d'un jour sur cet improbable train à l'autre bout du Vieux Continent. Comme quoi, la reconnaissance ne vient pas en revendiquant, mais bien plus facilement en prenant la vie comme elle se présente ;-))))
Peu avant le départ, photo du quai faite depuis la porte de ma voiture. On note les 2 agents de police qui surveillent, sans contrôler, le départ du train. Un peu plus loin derrière, on remarque ces barrières jaunes qui ont été installées afiin d'isoler et sécuriser le quai. Vraiment une frontière à géométrie variable…

A bord, le confort est rigoureusement identique. Je me risque à essayer l'offre du coin-bar, et là au secours!!!!!! le croissant fourré de Wizzair me poursuit^^^^^^^

Le paysage est du même acabit que dans l'autre sens, logique^^^^

On note quand même des balises au sol dans le prolongement de la piste de KIV, quelques minutes après avoir quitté Chisinau:

1er arrêt marqué dans la gare de la ville-mystère numéro 2 précitée, selon le même rituel: des policiers en uniforme moldave surveillent de loin, depuis leur cabane en bout de quai, et des gardes-frontières surveillent d'un peu plus près, mais toujours sans interférer, et encore moins en montant à bord….

Arrivée peu après dans la ville-mystère numéro 1, entre autre pour y commencer l'excursion à la centrale GRES Moldova décrite plus haut, mais aussi pour un événement officiel que je n'aurais manqué pour rien, mais alors pour rien de rien au monde ;-)
13. Premier aperçu de la ville-mystère numéro 1
Mais quel est donc cette ville si mystérieuse? Avant de voir la réponse, promenons-nous donc un peu à travers celle-ci
Depuis la gare, il faut emprunter la Rue Lénine, assez longue, et plutôt calme, pour rejoindre le centre-ville:

Rue Karl Liebknecht:

Quartier de l'hôtel où j'ai séjourné 2 nuits lors de mon premier passage dans cette étrange contrée. Quartier très tranquille, presque villageois, avec des rues dénommées Maxime Gorki ou tout simplement "1er Mai", donc une toponymie assez connotée ;-)

Hôtel de bon standing, cossu et tranquille, réputé être le meilleur de la ville:

On trouve, comme dans bien d'autres villes ayant fait partie de l'URSS, une Maison des Soviets, laquelle a été reconvertie par la suite à des fins associatives et éducatives, mais toujours devancée d'un buste de Lénine ;-)

Au gauche, un Tableau d'Honneur célèbre les Lauréats du concours municipal "reconnaissance" (tiens tiens^^^^^:

A droite, un autre Tableau d'Honneur liste quant à lui les Citoyens d'Honneur de la ville:

Non loin de loin, Allée Gagarine, avec buste homonyme ;-)

Siège du Parti Communiste local:

Théâtre Dramatique:

Statue de Taras Sevshenko devant l'Université d'Etat homonyme:

Comme dans toutes les villes ex-soviétiques, on y trouve divers monuments relatifs à la Grande Guerre Patriotique, comme ce monument consacré aux aviateurs:

"Aux soldats-aviateurs
à l'occasion
des 30 ans de la victoire
lors de la grande guerre patriotique":

Et bien un évidemment, le Parc "Victoire" (et non Parc de la Victoire ;-)

A l'entrée, on trouve la liste des Héros de l'Union Soviétique de la Ville, de la Région, et également celle encore plus select des chevaliers des ordres de la gloire des trois degrés:

Au bout opposé de la ville, on trouve également un monument consacré à ses libérateurs, dans la pure tradition soviétique là aussi:

Les faubourgs de la ville sont assez classiques…

…avec là encore quelques déclinaisons locales du Réalisme Socialiste, où l'on insiste sur la vocation agricole de la région:

Une des avenues principales est dénommée "25 Octobre 1917":

Même sur cette grande avenue centrale, difficile d'échapper à des contrastes architecturaux comme celui-ci:

On y trouve bien évidemment quelques jolies stalinkie…

…ou à proximité:

L'avenue du 25 Octobre 1917 traverse la Place Suvorov, la plus grande de la ville, et où l'on aperçoit une tribune officielle; un événement officiel semble se préparer:

Derrière, statue d'Aleksandr Suvorov, fondateur de la ville:

Un espace vert a été aménagé derrière.
"Allée aménagée le 2 Avril 2011
en l'honneur du vol dans l'espace
de Yu. A Gagarine":

A côté, le Palais des Enfants et de la Jeunesse créative, institution dans la plus pure tradition soviétique, dans une architecture très typée:

A côté, le Collège central:

Non loin de là, le Palais Municipal de la Culture construit dans les Années 1950:

La Religion n'est pas en reste, avec la Cathédrale de la Nativité, construite après la disparition de l'URSS:

La ville est aussi bordée d'un cours d'eau important…

…sur lequel une plage a même été aménagée: version locale de Paris-Plage?^^^^

Ladite plage est interdite aux chiens…

…mais pas aux nombreux chats errants de la ville:

14. Nous y voilà…
Mais quelle est donc cette région de Moldavie, située à l'Est de ce pays, au contact de l'Ukraine, et qui semble susciter une "frontière à géométrie variable", du moins lorsque l'on voyage en mode ferroviaire entre Ukraine et Chisinau? Quelle est donc cette ville-mystère numéro 1, paisible mais où rien ou presque ne rappelle au visiteur qu'il se trouve en Moldavie? Car même si Chisinau est tout proche (50km), sa latinité, quand-bien même enrobée d'oripeaux soviétiques, semble très très loin, une autre planète en en somme
Petit début de commencement de réponse, avec le Cinéma de la ville construit dans les Années 1970, au bout de la Place Suvorov. A priori, rien d'extraordinaire…

…si ce n'est sur le côté, où a été peint un drapeau rouge-vert à coté du drapeau de la Fédération de Russie, et surtout cette inscription "v edinstve s Rossieï": "En Union avec la Russie".

La réponse, il faut aller la chercher dans l'histoire tourmentée des frontières internes de l'ex-URSS, lesquelles ont parfois subi des changements aussi brutaux que capricieux. Lors de création de la RSS de Moldavie au lendemain du Second Conflit Mondial, la frontière entre Moldavie et Ukraine Soviétique, qui coïncidait avec le fleuve Dniestr, a été décalée de 20-30 km vers l'Est, afin d'inclure des territoires historiquement russophones, et peuplés de Russes d'Ukraine, et où les Moldaves étaient minoritaires. Dans les Années 1950-1960, un fort mouvement d'industrialisation toucha ces territoires russophones désormais rattachés à la RSS de Moldavie, dont les autres territoires connurent une industrialisation plus tardive et moins poussée.
Lorsque la question Moldave resurgit à la fin des Années 1980, au moment de la chute du régime de Ceaucescu, avec la perspective d'une sortie de la RSSM de l'URSS puis de son rattachement rapide à la Roumanie elle même en transition post-socialiste, l'ensemble des population de la Rive Gauche du Dniestr ont fait très tôt savoir qu'elles ne souhaitaient pas faire partie du voyage vers la Grande Roumanie. Au cours de l'Eté 1990, la plupart des communes et cantons firent sécession de la RSSM et formèrent la République Moldave de Transnistrie (RMT) ou Приднестровская Молдавская Республика (Pridnestroskaya Moldavskaya Respublika (ПМР PMR)
Après quelques troubles (blocus de certaines routes et de la ligne ferroviaire Odessa-Chisinau) en 1990-1991, une tentative de reprise en main musclée par les forces armées de la Moldavie nouvellement indépendante au Printemps 1992 tourna très mal, et se transforma en Guerre du Dniestr avec la contre-offensive de la 14ème Armée Russe encore stationnée sur le Dniestr, et de très violents combats autour de celui-ci et 4000 morts en près de 3 mois.
Un cessez-le-feu, puis des pourparlers et des accords ciblés ont permis de détendre la situation entre Moldavie et RMT dans les années qui suivirent, et de poser les bases d'un modus vivendi entre les 2 territoires. Mais une situation de fait s'est créée, avec une entité territoriale et politique sur laquelle les autorités de Moldavie n'ont aucune prise, avec une indépendance de fait de la RMT, même fortement soutenue par la Fédération de Russie sur le plan économique et militaire.
Outre la dimension russophone, un autre facteur explique cette sécession: une forte sovetostal'giya de la part des habitants de cette région, souhaitant conserver au moins une partie de leurs repères, de leur identité et et mode de vie soviétiques. Phénomène qui explique en partie le conflit actuel du Donbass, et qui a de fait imprimé une identité très néo-soviétique en Transnistrie, bien davantage encore qu'au Bélarus, avec un decorum là aussi très marqué. A tel point que nombres de commentateurs de l'ancien espace soviétique parlent souvent de la RMT comme du dernier territoire européen demeuré soviétique.
L'héritage soviétique se retrouve dans le décorum, comme à l'entrée de la ville-mystère numéro 1, Tiraspol, capitale de la RMT:

Tout en haut de cette colonne, on lit en effet CCCP en alphabet Cyrillique qui veut dire SSSR en alphabet latin, abréviation de Союз Советских Социалистических Республик / Soyuz Sovetskikh Sotsialisticheskikh Respublik, autrement dit: URSS

Le médaillon du milieu rappelle la Seconde Guerre Mondiale ("Guerre Patriotique"), et celui du dessous montre ce qui semble être l'équivalent local de la Légion d'Honneur ("Ordre de la République")
Le Drapeau de la RMT, rouge avec bande verte horizontale au milieu, et marteau+faucille, est le même que celui de l'ancienne RSS de Moldavie, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple^^^^
La RMT a en effet conservé marteau et faucille, mais aussi l'étoile rouge, et tout ceci se retrouve sur ses armoiries d'Etat, qui sont quasiment les mêmes que celles de la RSS de Moldavie:

Les différences entre les armoiries de la défunte RSSM et la RMT sont assez simples. Sur celles de la RSSM, on pouvait lire "travailleurs de tous les pays, unissez-vous" en Roumain (en en alphabet cyrillique) à gauche et en Russe à droite, et RSSM en bas au milieu:

Sur celles de la RMT, plus d'internationalisme prolétarien: à droit comme à gauche, c'est RMT, et en bas au milieu, RMN (c.a.d. RMT en version Roumaine, mais toujours en alphabet cyrillique):

On note également l'ajout d'une bande d'eau en bas du soleil, censée symboliser le Dniestr.
A Tiraspol, ces armoiries et couleurs nationales sont très présentes, surtout à l'approche de la "fête nationale" de la RMT, qui doit célébrer les 27 ans de sa proclamation:

"Bon
anniversaire,
la République!":

On note la forme non-abrégée de RMT et RMN.
"crée, pour vivre!
26 ans":

"2 Septembre 1990":

"à la Transnistrie [Datif=>Complément d'Objet Indirect, et non Locatif=>complément de lieu statique, ni même Accusatif=>complément de lieu directionnel]
vivre":
[img]https://static.flight-report.com/media/photos/1510619193KOCZ/dsc03680e.jpg[/img]
A Tiraspol, la ville reprend aussi largement les 'couleurs nationales" de la RMT.
"La capitale de la RMT vous salue
La prestigieuse ville de Tiraspol":

Les "couleurs nationales" de la RMT, mais aussi celles de la Fédération de Russie sont quasiment omniprésentes dans la ville:

Et plus encore à l'approche de la manifestation officielle qui se prépare:

Un territoire néo-soviétique constitué en un Etat très virtuel, pour ne pas dire fantôme, car non-reconnu internationalement, pas même par la Fédération de Russie qui lui fournit pourtant une aide substantielle.
Un pays méconnu, assez vite traversé d'Est en Ouest, né d'un conflit oublié, mais plutôt gelé que pleinement résolu, et fort peu visité. En effet, seules 500 personnes environ (en dehors des porteurs de passeport de Moldavie ou de la Fédération de Russie) viennent chaque année en Transnistrie chaque année, contre environ 2000 en RPDC, c'est dire.
Les conseils aux voyageurs du MAE de France (et des autres chancelleries occidentales) y sont peut-être pour quelque chose, vu que le Quai d'Orsay indique que:
"Les voyages en Transnistrie (région sécessionniste, située à l’est de la Moldavie) sont déconseillés sauf raison impérative, y compris les transits entre la Moldavie et l’Ukraine. Cette région est hors du contrôle du gouvernement moldave. Par conséquent, l’ambassade de France ne peut assurer l’assistance aux Français de passage en difficulté dans cette région . Il est fréquent que des voyageurs - pourtant en possession des documents appropriés - qui ont traversé la Transnistrie depuis la Moldavie ou l’Ukraine signalent avoir rencontré des difficultés auprès des "gardes frontières" transnistriens (refus de passage, exigence de paiement d’une "amende"). Quelques rares cas de violences ont également été signalés. L’ambassade de France n’a pas la possibilité d’intervenir lors d’incidents de ce type."
Conseil franchement négatif, mais ceux qui me connaissent un peu savent qu'il en faut beaucoup, mais alors beaucoup plus pour me décourager, et que au contraire un avis comme celui-ci est de nature à m'inciter à passer outre^^^^. Et avant de passer outre, je me suis bien évidemment informé de la question lors de mes différents passage en Ukraine, Fédération de Russie et ailleurs en ex-URSS, où j'ai pu discuter de la chose tant avec des locaux qu'avec des voyageurs occidentaux très au fait et ayant déjà tenté cette aventure (et au moins aussi déjantés que moi-même côté voyages^^^^. Cette destination-là, ça faisait en effet un bout de temps que je la conservais dans un coin de la tête pour plus tard, et après Berlin-Est, Minsk puis cette petite expédition à fort arrière-goût soviétique dans le Sud de l'Ukraine, elle constituait une étape à la fois très logique et fort en harmonie avec les étapes précédentes.
Et puis, quand on a frôlé la RMT dans les airs quelques semaines plus tôt (Vol KUT=>VNO), ça ne pouvait pas continuer ainsi très longtemps ;-)

Voir link
Et le résultat de mes recherches et enquêtes fut beaucoup plus engageant que les conseils au voyageurs du Quai d'Orsay:
pas de risque anormal en Transnistrie, aussi longtemps que l'on se conforme à son ordre public. Pour des photos de sites classés comme stratégiques faites par inadvertance, on risque au pire un entretien de 1-2h avec le KGB (qui comme au Bélarus, s'appelle encore le KGB sur ce territoire ;-) et l'effacement des photos litigieuses (comme en Iran^^^^^^
Par contre, en cas d'atteinte plus grave à l'ordre public (vol, agression, sédition, "hooliganisme"etc…), c'est à coup sûr arrestation, puis jugement rapide et détention sur place, sans pouvoir bénéficier de la moindre assistance consulaire depuis Chisinau, le Consul risquant à coup sûr de se faire refouler à la "frontière" ou expulser s'il parvient à la contourner. Fauteurs de troubles, vous-voilà prévenus!!!^^
Pour visiter la Transnistrie, nul besoin de visa, ni même de tampon sur le passeport. Cet état n'ayant pas de reconnaissance internationale, il lui est impossible de recourir à ces procédés. Le modus vivendi convenu avec les autorités de Moldavie exclut également tout contrôle à bord des trains transitant sur les rails de la RMT entre Ukraine et Chisinau, ce qui explique les bizarreries constatées lors de mes 3 trajets en train: venant d'Ukraine, les trains traversent la RMT sans contrôle de celle-ci, et c'est seulement une fois hors de RMT que les autorités de Moldavie procèdent aux contrôles.
Il faut toutefois remplir une carte d'immigration lors du passage des frontières, Est comme Ouest, où à l'arrivée sur un train en transit dans une gare de la RMT, comme ce fut le cas pour moi en arrivant d'Odessa sur mon 1er trajet en train, mais aussi de Chisinau sur mon 3ème train:

En gare de Tiraspol, le guichet служба миграционная карта / sluzhba migratsionnaya karta est situé dans le hall, à côté de la porte de sortie, mais il y a également un côté du guichet qui donne sur la place de la gare, à côté de la rampe pmr:

La formalité à l'arrivée d'Odessa va prendre un peu de temps. Non pas que les gardes-frontières veuillent me mener la vie dure, mais étant le seul non-ressortissant de la RMT à être descendu du train, ils vont profiter de l'occasion pour discuter un bon quart d'heure, alors que la fiche est déjà tamponnée. Les 2 officiers feuillettent attentivement mon passeport, et notent avec intérêt les nombreux tampons des pays russophones (ou non) issus de l'URSS, mais aussi ceux d'Afrique du Nord, du Proche, du Moyen et d'Extrême-Orient (RPC et RPDC en tête). la conversation se poursuit sur mes différents voyages et ce que j'en ai retenu, et vient une question non-prévue celle-là, à savoir l'absence de tampon US. Le courant passait déjà fort bien, mais ma réponse a achevé de les convaincre que je venais en ami et non en espion de l'OTAN^^^^
Au départ de mon 1er séjour en RMT, je repasserai par le même guichet, pour y laisser mon formulaire tamponné, puisque mon trajet vers Chisinau se fait lui aussi en train. L'officier, qui m'a reconnu, n'en était pas moins intrigué, et a bien vérifié que je prenais le train et non l'autocar ou la marshrutka, en jetant un œil sur mon billet.
A l'arrivée de mon 3ème trajet en train (Chisinau=>Tiraspol) lors de mon 2ème passage en RMT, il y avait cette fois un peu plus de monde concerné par la procédure d'arrivée, du fait de l’événement officiel le même jour, mais l'attente aura été courte, et là encore, les gardes m'ont vite reconnu^^^
Le trajet retour s'est fait par contre en marshrutka, départ place de la gare, mais la procédure de sortie se fait lors du passage du poste de contrôle de la RMT une fois la ville mystère numéro 2 (Bender) dépassée. Bref arrêt, qui voit un garde-frontière monter pour contrôler rapidement les passeports et collecter les formulaires des non-ressortissants RMT. Un peu plus loin, le poste de contrôle Moldave est franchi habituellement sans arrêt, car celui-ci est souvent sans personnel…. Dès lors, nulle surprise à ce que l'axe routier venant de l'Ukraine jusque Chisinau soit celui de tous les trafics dans le sens Est=>Ouest…
En plus de la carte d'immigration, tout séjour de plus d'une journée doit donner lieu à un enregistrement au poste de police local, mais dans mon cas, c'est l'hôtel qui s’est chargé de cette formalité.
Petit tour du propriétaire de la gare de Tiraspol. La partie gauche correspondant en fait à la gare routière de la ville, et le guichet donnant sur la place est en fait un bureau de change, très utile, et incontournable vu la situation monétaire de la RMT:

Le fronton n'a rien perdu de son cachet soviétique…

… et outre la vocation ferroviaire du bâtiment (au centre), on note aussi les clins d’œil à la vocation agricole du pays (à droite), et plus encore à son industrialisation (à gauche):

Les voies, elles semblent bien calmes: normal, il n'y a que 2 trains des voyageurs par jour dans chaque sens, au grand maximum, et une poignée de train de de Fret. Depuis l'éclatement de la URSS, le trafic s'est effondré au même rythme que l'économie de la Moldavie devenue indépendante :-(

Quant aux poteaux caténaires orphelins de leur caténaires, lé phénomène trouve son explication dans la Guerre du Dniestr du Printemps 1992, qui a fortement endommagé les installations ferroviaires électriques, et a conduit à désélectrifier la ligne et à revenir au diesel. De toutes façons, vu le maigre trafic résiduel, c'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire…
Le hall est logiquement aussi vide et calme que les quais et voies:

Plus croustillant encore, le tableau horaire, à l'ancienne, mais qui indique à première vue 10 trains quotidiens dans chaque sens (en fait un peu moins car certains sont saisonniers), pour des destinations très logiques (Moscou, Minsk, Bucarest, Chisinau) voire beaucoup plus inattendues (Murmansk, Saratov, Adler, Varna, Simferopol').
Je dis bien à première vue, car en regardant la colonne de droite, on se rend compte que beaucoup ne roulent pas (Otmenen veut dire annulé en Russe…). Une fois de plus, l'impression de se trouver dans un pays-fantôme traversé par un chemin de fer fantôme se confirme.

Une fois les formalités de police effectuées en gare, il faut ensuite régler la question "argent". Car la RMT n'utilise pas le Leu Moldave (MDL), mais sa propre monnaie à elle, le Rouble de Transnistrie (tiens tiens, comme par hasard^^^^^), non convertible en dehors de la RMT. Il est donc impératif de se débarrasser de ses roubles juste avant de quitter le territoire, car ceux-ci ne vaudront rien hors de celui-ci, sauf peut-être pour un collectionneur :-)
Petit aperçu de cette monnaie "virtuelle":

Ladite monnaie est émise par une vraie banque centrale, située Avenue du 25 Octobre 1917:

Les roubles russes sont toutefois assez souvent acceptés, mais pas les autres monnaies étrangères.
Pour retirer du liquide en DAB, les choses se compliquent un peu, et en RMT seul l'ATM de gauche de Sberbank, Avenue du 25 Octobre 1917, vous permettra (théoriquement) de tirer sur votre compte:

Je dis bien théoriquement, car le DAB n'est pas toujours approvisionné, et les sanctions occidentales contre cette banque rendent l'exercice aléatoire, mais on peut rattraper le coup à côté chez Agronombank, mais au guichet uniquement;

Côté téléphonie mobile, impossible de se connecter sans carte locale ou de la Fédération de Russie…
15. Suite et fin de la visite de Tiraspol
Reprenons à présent la petite visite de Tiraspol, avec son quartier officiel, et pour commencer, à nouveau sur l'Avenue du 25 Octobre 1917, le siège du Gouvernement et du Soviet Suprême (et oui, il y a encore un Soviet Suprême là-bas ;-) de la RMT, et son énorme statue de Lénine juste devant, sans surprise:

En face, on tombe sur le Mémorial, là aussi dans la bonne tradition soviétique, mais ici plus dense que dans d'autres villes de l'ex-URSS, et pour cause…
Le complexe commence par ce T-34, grand classique de ce genre d'endroits, et sur lequel il est tout aussi classiquement écrit "Pour la patrie":

Chapelle St-Georges, construite dans les années postérieures à l'éclatement de l'URSS:

Au-delà du tank, le complexe se prolonge avec la Flamme du Soldat Inconnu:

"Ton nom [est] inconnu
Ton sacrifice [est] immortel
Au Soldat Inconnu":

La surface de ce complexe, situé en pleine ville, est assez impressionnante lorsque l'on se trouve tout au bout celui-ci, vu que d'un bout à l'autre, il est traversé par cette Allée de la Gloire:

Et tout au bout, un mur là aussi impressionnant commémore 2 conflits récents qui ont touché la Transnistrie devenue RMT:

A gauche, la Guerre d'Afghanistan:

"Aux fils de de la Patrie
aux soldats de la Guerre Afghane":

A droite, c'est la Guerre du Dniestr qui est à l'honneur
"Aux défenseurs de la Transnistrie
tombés en 1990-1992":

Et encore au beau milieu de ce monument, où une statue de la Mère-Patrie pleure ses enfants disparus lors de ce conflit.
"Mémoire éternelle à [ceux qui sont] vaillamment tombés
1990-1992"

La liste est très détaillée. "Les défenseurs de la Transnistrie":

Sur l'autre moitié de la liste, on lit successivement:"Victimes de l'agression", "volontaires de pays de l'Etranger proche" et "non-identifiable 17 disparus"

Depuis les bords du Dniestr, fleuve qui effleure la ville, et là où est aménagée la plage centrale, on dispose d'une vue intéressante sur le Siège du Gouvernement eu Soviet Suprême, ainsi que sur la chapelle St-Georges:

Toujours sur l'Avenue du 25 Octobre 1917, on trouve le Palais de la République, version haut de gamme de la "Maison du Peuple", et où des festivités ont lieu dans le cadre de la manifestation officielle en préparation:

Bas-relief qui en rajoute une couche sur la vocation agricole de la région:

Toute néo-soviétique qu'elle se réclame , la RMT est passée à l'économie de marché, à un rythme distinct de celui du reste de la Moldavie néanmoins. Un des grands acteurs de l'économie locale est le groupe Sheriff, contrôlé par les dirigeants historiques de la RMT (qui ont passé la main) et dominant dans la grande distribution, la téléphonie, l'immobilier, mais aussi la distribution de produits pétroliers:

Ce groupe possède également le stade de Tiraspol et son équipe de football:

"20 ans
[que] nous jouons pour vous":

17. Retour à la ville-mystère numéro 2: Bender
Allons donc à présent jeter à nouveau un un œil à la ville-mystère Numéro 2, dénommée Bender. Située tout proche de Tiraspol, elle est accessible en Trolleybus, moderne comme ancien:

Mais il est plus rapide d'y aller en utilisant une des lignes de marshrutka locales, qu'il faut héler à proximité des arrêts de bus (la destination et le parcours sont affichés en bas du pare-brise, mais il faut savoir bien lire dans la Langue de Tolstoï, et rapidement ;-)

Cette ville est située juste de l'autre côté du Dniestr. Donc géographiquement hors de la Transnistrie, mais malgré tout politiquement en RMT (L'inverse est vrai aussi: il existe sur la rive gauche du Dniestr des communes qui ont souhaité rester politiquement en Moldavie, bien que géographiquement situées en Transnistrie). Compliqué hein? ;-)
Cette ville, comme l'indiquent ces inscriptions au-dessus de ce petit supermarché, a été fondée en 1408:

Mais surtout, Bender fut le théâtre le plus violent des combats de la Guerre du Dniestr, vu la localisation très très stratégique de cette ville et de son double pont (routier et ferroviaire) qui la relie à Tiraspol). Nulle surprise à ce qu'un énorme mémorial fût aménagé à l'entrée de la ville côté Tiraspol, juste après les ponts du Dniestr.
"Mémorial
érigé en
l'honneur des combattants tombés
de la ville de Bender,
des villes attaquées
en Mars-Juillet
1992
par les Nationalistes
de Moldavie":

Là aussi, Flamme du Soldat Inconnu:

Tank aux couleurs de la RMT:

Une petite chapelle a ciel ouvert a été aménagé au coeur de ce mémorial…

Ca devient très intéressant à mesure que l'on se rapproche de l'arrière du complexe…

…avec ce buste du Général Aleksander Ivanovich Lebed, alors Commandant de la 14ème Armée Russe lors de la Guerre du Dniestr, et qui en 1996 devint le bras droit de Boris Elstine pendant quelques mois, avec à son actif la fin de la Première Guerre de Tchétchénie:

La devise des parachutistes est également reprise: "Personne, sauf nous":

"Vous avez péri à Bender mais vous n['êtes] pas oubliés
de vous se rappellent non seulement les plaques de granit…"

"remercie le destin, que tu [es] vivant
et vers le bas bas incline-toi devant ces disparus":

A côté, un autre monument raconte fièrement l'histoire de la ville…

…non sans arborer tout aussi fièrement les armoiries de la RMT, non mais ;-)

"8 Octobre 1408
première mention
au sujet de notre ville
dans la charte
du seigneur moldave
Aleksander le Bon":

"1538
Construction de la Forteresse
"Bendery" ":

" Au cours
des guerres russo-turques
la Forteresse de Bender
fut trois fois prise
par les troupes russes:
en 1770, 1789
et 1806":

"1812
Signature
de la Paix de Bucarest
par le Général-feld Maréchal
M.I. Kutusov
Bender [est] membre
de l'Empire Russe
Bender [est] chef-lieu":

"2 Avril 1826
[sont] crées les armoiries
de la ville de Bender":

"Héroïque
défense de la ville
contre les agresseurs roumains
en Janvier-Février 1918":

"La glorieuse page
dans l'histoire de la ville
[est] l'insurrection armée de Bender
contre l'occupation roumaine de la région
27 Mai 1919":

"Lutte
de la ville anti-fasciste clandestine
dans les années de guerre":

"Héroïque
défense de la ville
contre les agresseurs fascistes germano-roumains
en Juin-Juillet 1941":

"Combats pour la libération
de la ville au Printemps 1944
sur les Places d'Armes de Chisinau et Varna.
Libération de la ville
en Août 1944.
Opération Iasi-Chisinau":

"1986 - à la Ville de Bender
est attribué le titre
"ville historique de l'URSS"
parmi 1000 villes
de l'Union Soviétique":

"Courage
et héroïsme de masse
des habitants de la ville de Bender
lors du refoulement
de l'agression armée
de la République de Moldavie
en 1992.
La Tragédie de Bender":

"30 Août 1995
Oukase N° 285
La Ville de Bender
est décorée de l'Ordre de la République
pour le courage et l'héroïsme
manifestés par les habitants
lors de la défense
de la République Moldave de Transnistrie
contre l'agression de la Moldavie":

"1er Octobre 2008
Par l'Association Internationale
"Soldats de la Paix"
à la ville de Bender
[est] attribuée le titre de
"Ville-Soldats de la Paix":

"3 Octobre 2008
Oukase N°641
La ville de Bender est décorée
de l'Ordre de Suvorov 2ème degré
pour la sauvegarde
du patrimoine militaro-historique
et des traditions en liaison
avec les 600 ans avec
le jour de la première référence écrite au sujet de la ville de Bender":

"13 Juin 2012
Par l'Oukase 397
à la ville de Bender
est attribué le grade
"Ville de la Gloire Militaire":

Un peu plus loin, un autre (petit) monument rappelle une autre dimension de la Guerre de Transnistrie.
"Signe commémoratif
installé en l'honneur
des défenderesses
de la Transnistrie
participantes aux événements du blocus des chemins de fer":

Et à mesure que je me rapproche de l'objectif ultime de cette excursion, je tombe sur ce monument ayant cette fois trait à la 1ère Guerre Mondiale:

"Aux soldats, officiers
et généraux des forces
déployées
en Transnistrie
pour la grande puissance
sur les champs de bataille
de la Première Guerre Mondiale
(1914-1918)
[venant] des descendants reconnaissants":

Au-delà, on finit par tomber sur cette usine de camions, largement désaffectée, mais encore gardée
"Mon usine [est] ma fierté":

Superbe fresque, mettant à l'honneur la production de l'usine, sur fond de carte de l'URSS, youpiiiii^^^^

Il faut longer un moment cette usine, sur un chemin abandonné, me voilà dans mon élement^^^^

Au bout du trajet, on arrive à la Forteresse de Bender, celle là-même mentionnée par les monuments décrits ci-dessus:

Vue de celle-ci faite depuis mon 2ème trajet en train dans la région (Tiraspol=>Chisinau), juste avant de franchir le Dniestr:

Depuis la Forteresse, on dispose en effet d'un joli point de vue sur le Dniestr, et vu la localisation éminemment stratégique, l'endroit fut le théâtre de très violents combats au Printemps 1992:

Depuis la plus haute des tours, on jouit d'une très bonne vue sur le pont ferroviaire (et sur le pont routier juste derrière) franchissant le Dniestr. On remarque que la travée de gauche a été peinte aux couleurs de la RMT, mais que celle de droite est aux couleurs de la Fédération de Russie. L'un semble ne pas aller sans l'autre sur ce territoire improbable…

Depuis le sommet de cette même tour, on aperçoit très bien Tiraspol, qui est vraiment très proche (seul le Dniestr semble devoir interrompre le tissu urbain entre les 2 villes):

Impossible d'ignorer le stade Sheriff:

Un peu de campagne sur les collines au Sud de Tiraspol:

Monastère du Nouveau Neamt dans le même secteur:

Plus près de la Forteresse, en fait entre celle-ci et le double pont du Dniestr, impossible de manquer la Cathédrale Aleksander Nevski:

A l'entrée de la Forteresse, il y a une buvette tenue par appelé des forces armées de la RMT (étant donné le caractère stratégique de l'endroit), pas l'affectation la plus épuisante a priori. Surpris par ma visite, il me confiera que ça fait bien 3 mois qu'il n' a pas vu d'étranger (autre que des porteurs de passeport Moldave ou Russe) en RMT.
Retour sur Tiraspol, comme à l'aller en marshrutka, mais à la différence de l'aller, celle-ci n'est pas un service local, mais relie Chisinau à Tiraspol. Censée ne transporter que des passager en trafic "passe-frontière", mais profitant d'un arrêt de descente de voyageurs, je tente ma chance et le chauffeur me laissera monter, sans rien devoir payer…

18. Retour à la ville-mystère numéro 2: Bender
Après toutes ces pérégrinations et cette lecture de mon FR déjà bien long^^^^^^, il faut reprendre des forces. Comme ailleurs dans le Monde Russe, on trouve quelques cantines (stalovoï), où l'on peut faire bombance avec une cuisine simple mais de qualité et copieuse.
Salade Transnistrienne:

Soupe de betteraves (borshch'), encore et toujours. Mais vu qu'il existe plus de types de borshch' au sein du Monde Russe qu'il n'y a de types de fromages en France, peu de risque de se lasser, c'est à chaque fois différent ;-)

Escalope de poulet panée avec ses accompagnements:

Et pour faire descendre le tout, rien de mieux qu'un bon verre de cognac local là aussi^^^^

En extérieur, on peut aussi facilement acheter un verre de kvas tout frais à une babushka:

Question restaurants, Tiraspol n'est pas au dépourvu, mais la plupart sont spécialisés soit en burgers, soit en sushi soit en italianità. Fort bien, mais je ne suis pas venu au fin fond de cet éclat d'obus soviétique, bravant les conseils aux voyageurs du Quai d'Orsay, pour finir dans ce genre d'endroit. Et là, il faut encore marcher pour trouver un restaurant servant une cuisine locale.
Après quelques recherches, le but est atteint, et ça commence avec ce délicieux caviar d'aubergines, accompagné de vin local:

On continue avec ces shashlyki de poulet et leurs accompagnements:

Et en dessert, plus de gâteau Napoleon, mais le gâteau Moskva à la place, très bon mais hélas pas aux couleurs de la Fédération de Russie^^^^

Et là encore, un p'tit cognac local pour clore le tout ;-)

19. Et pour finir…en beauté
En guise de clôture de ce long FR, et pour en récompenser les assidus lecteurs, voici donc "le meilleur du meilleur", à savoir la manifestation officielle qui a justifié mon 2nd séjour en Transnistrie (Voir 3ème trajet en train, au départ de Chisinau).
Cette manifestation, c'est la "Fête Nationale" de cette république sécessionniste, qui tombe le 2 Septembre, et intitulée le "Jour de la République" (Den' Respubliki). C'est en effet le 2 Septembre 1990 que fut proclamée cet Etat, au sein de l'URSS, en réaction à la perspective de plus en plus pressante de l'indépendance de la RSS de Moldavie et de son rattachement à la Roumanie.
La cérémonie officielle commence sur le coup de 10h, sur la Place Suvorov, la plus grande de Tiraspol, et traversée par l'Avenue du 25 Octobre 1917.
Cette fois, la tribune officielle est bien remplie. On reconnaît bien au milieu le Président de la République actuel, Vadim Nikolaevich Kranosel'skiï, en poste depuis 2016. A sa gauche son prédécesseur de 1990 à 2011 Igor Nikolaevich Smirnov (avec la casquette noire).
Là où ça devient très intéressant, c'est tout à droite de la tribune, avec l'Archevêque du Diocèse (orthodoxe) de Tiraspol et Dubasari, Mgr Savva, invité de toutes les grandes cérémonies officielles de l'Etat.
On pourrait voir une contradiction entre sa présence et les armoiries avec étoile rouge, faucille et et marteau. Mais il n'en est rien, car ce territoire a lui aussi connu le même genre de "synthèse post-soviétique" que le reste du Monde Russe: les "Rouges" sont retournés à la religion, se sont faits baptiser et ont fait amende honorable, et les "Noirs" ont pardonné aux "Rouges"et tourné la page. Donc pas de Don Camillo vs. Giuseppe Bottazzi dit Peppone^^^^

Les festivités commencent avec un défilé militaire (sans véhicules), des différents corps d'armées du pays devant la tribune officielle:

Une fanfare militaire accomplit son oeuvre devant ladite tribune:

Le corps d'élite se présente à son tour:

La fanfare revient:

Les plus hauts gradés de chaque corps d'armée sont alignés dans le prolongement de la tribune officielle:

Il y a quelque chose d'autre qui se prépare derrière…

Le corps d'élite revient…

…et passe au pas de l'oie, youpiiii^^^^

…avant de revenir devant la tribune officielle où il va faire son demi-tour final…

… et de repartir définitivement au pas de l'oie:

La fanfare revient brièvement vers la tribune officielle avant de repartir elle aussi:

Les plus hauts gradés de chaque corps d'armée sont toujours bien en rang…

…pour passage en revue par le Président de la RMT:

Voilà qui marque la fin de la phase militaire de la cérémonie, mais pas encore de la cérémonie elle-même, car une phase civile se prépare, avec l'arrivée de divers groupes de jeunes, voire très jeunes:

Chaque sous-groupe se met en file (de chaque côté de la place) et commence a lever et baisser les bras, alors que des airs patriotiques sont diffusés:

D'autres jeunes arrivent et défilent avec les couleurs "nationales" de la Transnistrie:

Ça continue ainsi quelques instants avant qu'une jeune équipe cycliste n'entre en scène, en arborant drapeaux de la Fédération de Russie et de la République Moldave de Transnistrie. On note que ce sont les couleurs de la Fédération de Russie qui sont en tête de peloton, et que celles de la République Moldave de Transnistrie suivent^^^^

Les groupes de danseurs avancent ensuite vers le centre de la place:

Les porteurs des couleurs "nationales" ne sont pas en reste:

Et les jeunes danseurs, en costume traditionnel, commencent des danses tout aussi traditionnelles:

Quelle bien belle image que ce gros plan, s'il n'y en avait qu'une seule à retenir de mon double passage en Transnistrie, ce serait celle-ci, qui pourrait fort bien inspirer de nouvelles aventures de Tintin en Syldavie^^^^

D'autres danses suivent, avec des participants bien plus jeunes, tout en se rapprochant de la tribune officielle…

…avant que ceux-ci ne quittent aussi la scène…

…réinvestie momentanément par les porteurs des couleurs nationales…

…eux-même rattrapés par les cyclistes porte-drapeau ;-)

Place à présent aux sports collectifs, avec diverses mini-équipes venant officier devant la tribune:

En marge de la place, d'autres groupes se préparent, et les porteurs des couleurs nationales agitent celles-ci, même en poste fixe…

…et que l'intervalle entre séquence précédente et séquence suivante est occupé par les cyclistes porte-drapeaux:

La nouvelle séquence est imminente, et est consacrée aux Arts du Cirque, là encore une vieille tradition soviétique:

Les couleurs "nationales" sont toujours fièrement arborées:

La séquence "Cirque" se poursuit encore un peu:

La petite troupe inclut bien évidemment un clown, qui fait lui aussi son office très sérieusement devant la tribune officielle^^^^

La petite troupe finit elle aussi par s'éffacer…

…non sans un rapide intermède interprété par les cyclistes porte-drapeaux:

Place à présent à la danse artistique, avec l'équivalent local des Petits Rats de l'Opéra ;-)

La cérémonie touche à sa fin, et l'ensemble des groupes ayant participé à sa phase civile se dirige vers la tribune officielle afin de saluer ses occupants:

Une très belle fête, patriotique et populaire, dans une très très bonne ambiance, et d' un style que l'on ne voit pas (ou plus beaucoup) sous nos latitudes occidentales. A refaire.
La Moldavie n'est pas une des destinations qui vient immédiatement à l'esprit d'un voyageur occidental, mais elle a comme vous avez pu le voir longuement, pas mal à offrir. Pauvre contrée, mais très riche sur le plan culturel et humain (et culinaire aussi ;-) et très attachante, avec une population tout aussi attachante. Écartelée entre Bucarest/Rome et Moscou, mais c'est ce qui contribue aussi à sa richesse et à son intérêt comme destination à découvrir. Et que les plus aventureux d'entre vous n'hésitent pas à faire une virée en Transnistrie. Si vous restez dans les clous, il ne vous arrivera rien :-)